Blanchiment des coraux : L’épisode se poursuit en Nouvelle-Calédonie

Blanchiment des coraux : L’épisode se poursuit en Nouvelle-Calédonie

©IRD

L’épisode massif de blanchiment qui frappe depuis février les coraux de Nouvelle-Calédonie se poursuit, mais devrait progressivement s’estomper avec la baisse des températures, espèrent les scientifiques.

« Il fait encore très chaud mais on peut penser que le phénomène va ralentir avec l’arrivée de la saison fraîche », a déclaré mardi à l’AFP Claude Payri, directrice de recherche à l’IRD (Institut de recherche pour le développement). Les récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie, dont plusieurs sites sont inscrits au Patrimoine mondial de l’Humanité, sont touchés par un épisode de blanchiment d’une ampleur sans précédent. Les scientifiques l’imputent à « une anomalie météorologique », qui s’est traduite pendant plusieurs semaines consécutives par une absence de vent, des températures très élevées et un fort rayonnement des UV, faute de nuages. « En février, on a noté une hausse des températures de plus de 2 degrés au-dessus de la moyenne des mois les plus chauds, ce qui constitue un record sur les trente dernières années », a déclaré Mme Payri, qui a fait lundi une conférence sur ce thème au Congrès de l’archipel. En plus du réchauffement climatique, cette hausse des températures a été accentuée par une historique saison El Nino qui s’affaiblit à peine. Rappelons que de nombreux Etats insulaires ont signé et ratifié l’Accord de Paris qui affiche l’ambition de limiter le réchauffement à 1,5°.

Pour mieux comprendre ce blanchiment observé un peu partout sur le vaste récif calédonien – 23.000 km2 en tout -, l’IRD a mis en place mi-février un suivi régulier de sept espèces majeures de corail sur quatre sites, équipés d’enregistreurs de températures et de salinité. Les scientifiques ont observé trois scénarios différents: une récupération du corail depuis février, sa mortalité et une poursuite du phénomène de blanchiment. « On est en train d’étudier les données et il n’est pas possible de dire à l’heure actuelle lequel de ces scénarios est le plus fréquent. Les observations vont durer au moins 18 mois », a expliqué Claude Payri.

Affaiblie par la crise du nickel, l'économie calédonienne cherche à développer d'autres leviers de développement, dont le tourisme. La santé de ses lagons lui est par conséquent primordiale ©Dosante / NCTPS

Affaiblie par la crise du nickel, l’économie calédonienne cherche à développer d’autres leviers de développement, dont le tourisme. La santé de ses lagons lui est par conséquent primordiale ©Dosante / NCTPS

Des blanchiments massifs de coraux ont été observés dans de nombreux autres endroits du globe, comme en Australie où les scientifiques ont récemment estimé que 93% de la Grande barrière était affectée. En Polynésie française, le Centre de recherches insulaires et Observatoire de l’Environnement (Criobe) constate et étudie également ce phénomène de blanchiment. Létitia Hedouin, chercheuse au Criobe, expliquait en janvier dernier, « le corail vit en symbiose avec une algue, le zooxanthelles. Et ces algues sont essentielles à la survie du corail parce qu’elles lui apportent 95% de son énergie. Lorsqu’il y a un réchauffement climatique, ces algues vont être « expulsées » et le corail va se retrouver sans énergie. Si ce réchauffement continue, au bout d’un moment, c’est comme ci le corail était affamé : il n’a plus de nourriture et (…) risque de mourir ».

Avec AFP.