Salon Agriculture 2019: Les filières Ananas victoria et letchis de La Réunion

Salon Agriculture 2019: Les filières Ananas victoria et letchis de La Réunion

Après dix jours, le salon international de l’agriculture ferme ses portes ce dimanche 3 mars à Paris. A cette occasion, coup de projecteur sur deux fruits tropicaux qui font le succès de l’île. En effet, si la canne représente la culture « pivot » incontournable de l’agriculture réunionnaise, l’ananas Victoria et le letchi ont également réussi à se faire une place sur les marchés nationaux et internationaux. Focus sur ces deux filières.

Les fruits et légumes couvrent environ 11 600 ha à la Réunion, et produisent une valeur de 150 millions d’euros, soit 44 % de la valeur agricole totale. Quelques productions sont commercialisées vers l’Union européenne continentale comme l’ananas Victoria et le letchi.
A La Réunion, l’ananas Victoria est le fruit roi devant la banane sur les tables des Réunionnais. De petite taille, elle possède beaucoup d’atouts: la variété Victoria est considérée comme la meilleure du monde avec son goût particulièrement fruité et sucré.

© Outremers360

© Outremers360

Ananas Victoria et letchis, l’excellence réunionnaise

Introduite sur l’île de la La Réunion en 1668, l’ananas constitue un enjeu majeur de l’agriculture réunionnaise. C’est le fruit le plus important sur l’île en termes de tonnage. Elle bénéficie depuis 2006 d’un Label rouge et est devenu le premier fruit à obtenir cette prestigieuse labéllisation dans un département d’outre-mer.
A terme, la filière envisage un doublement de la production sur le marché de l’export, de 1540 en 2014 à 3000 tonnes en 2020. Mais, ce développement des exportations de fruits réunionnais est aujourd’hui handicapé par la concurrence d’ananas tropicaux provenant des pays de la zone (Afrique du Sud, Maurice, Madagascar) et par le coût du fret.
Pour faire face à cette concurrence, le Département de La Réunion a récemment décidé de relancer la filière. Répondant à la sollicitation des acteurs de la filière, la collectivité a décidé la mise en place de 200 à 250 ha supplémentaires d’ici 3 ans pour cultiver ce fruit.
Dix ans après son Label Rouge et pour continuer à marquer sa différence, la démarche de la production d’ananas Bio a été lancée. Une demande qui concerne à la fois le marché local frais/transformé, la restauration collective et le marché export. Un besoin estimé à plus de 800 tonnes, soit 8% de la production en ananas du Département.

Capture d’écran 2019-03-03 à 20.23.16 Capture d’écran 2019-03-03 à 20.23.29

Il y a un fruit qui ne pâlit pas de la notoriété de l’Ananas victoria. Il s’agit du letchi. Introduit à La Réunion en 1764 par Joseph François Charpentier de Cossigny de Palma, le letchi est très prisé lors des fêtes de fin d’année sur les tables réunionnais et de l’hexagone. Comme l’ananas victoria, le letchi de La Réunion a obtenu en décembre 2012 le prestigieux label rouge, démontrant la grande qualité des productions réunionnaises.
La filière letchis à la Réunion représente une production annuelle évaluée en moyenne à plus de 8 300 tonnes, d’après le Département de La Réunion. Elle est réalisée par prés de 480 agriculteurs producteurs sur une surface totale de 763 hectares. Cette production alimente essentiellement le marché local (consommation directe et transformation) et 1000 tonnes se destinent à l’export vers le marché national. Le chiffre d’affaire annuel de ce produit agricole, pour l’ensemble des exploitations, avoisine les 9,3 M€, soit un chiffre d’affaire moyen de 16 000 € par an par exploitation. Mais en raison des événements climatiques, la production a chuté ces deux dernières années après une année record en 2016.

Il peut y avoir plus d'une dizaine de letchis par grappe. L'arbre du letchi peut atteindre 15 à 20 mètres et possède un feuillage dense ©DR

Il peut y avoir plus d’une dizaine de letchis par grappe. L’arbre du letchi peut atteindre 15 à 20 mètres et possède un feuillage dense ©DR

L’impératif du « haut-de- gamme »

Pour Yannick Soupapoullé, chef de projet à l’Arifel, le succès de l’ananas victoria et le letchis réunionnais s’explique par le positionnement « haut de gamme » de ces deux produits sur les différents marchés. « On doit se positionner sur le haut de gamme pour se différencier et concurrencer d’autres produits importés par avion ».
En plus la concurrence des autres pays producteurs de fruits, la filière fruitière à La Réunion doit se conformer à de nouvelles règles phytosanitaires européennes. A l’instar de nouvelle disposition communautaire qui impose aux exportateurs de La Réunion de faire contrôler leurs cargaisons de letchis avant qu’ils ne prennent l’avion en direction de l’Hexagone. Une mesure qui constitue un frein pour l’exportation du letchi particulièrement. Cela va freiner le flux logistique sachant que durant le mois de décembre, 43% de nos volumes sont exportés vers la France. Il y a une grande incompréhension de la part des professionnels. Cela fait 20 ans que la réglementation autorise l’exportation du letchi vers le marché français et européen. Jusqu’à présent, nous n’avons connu aucune problématique d’ordre phytosanitaire. Nous ne comprenons pas la mise en oeuvre de cette réglementation supplémentaire, beaucoup plus contraignante », précise Yannick Soupapoullé.

Le fruit de la passion et la mangue José, bientôt à l’exportation

En dépit de ces contraintes, l’inter-profession souhaite poursuivre le développement de ces deux filières en 2019 et ambitionne même de lancer de nouveaux fruits réunionnais sur les différents marchés. « Outre l’ananas et le letchi, La Réunion souhaite développer le fruit de la passion et la mangue José. On essaie d’œuvrer avec nos clients pour faire découvrir ces produits aux consommateurs hexagonaux en menant diverses actions dans les magasins. Pour l’année 2019, nous prévoyons d’exporter 3700 -3800 tonnes de fruits. Il y a une ambition collective d’exporter 5000 tonnes vers la France ou l’Union Européenne ».