©Groupe Vindémia
La consultation lancée par l’Autorité de la concurrence suite à l’annonce de la cession de Vindemia, souhaitée par le Groupe Casino au profit du groupe antillais GBH, se termine bientôt. Saisie pour émettre un avis sur cette opération, l’Autorité de la concurrence a invité les personnes concernées à réagir avant le 19 février. Et il est clair que le sujet agite le monde économique réunionnais.
La CPME Réunion entend alerter sur ce qu’elle estime être « un véritable tournant du destin de La Réunion ». Elle a publié une lettre ouverte qu’elle a transmis à l’Autorité de la concurrence. Elle fonde sa position sur un « patriotisme économique assumé ».
Elle estime en effet, qu’au niveau mondial, de nombreuses économies insulaires ont mis en œuvre des stratégies de croissance fondées sur l’exploitation d’avantages économiques, sociaux, culturels et naturels qui peuvent inspirer les Outre-mer et La Réunion en particulier. Ces stratégies, qui identifient et exploitent des actifs économiques singuliers, sont souvent le résultat de la créativité, de la prise de risques et de la résilience des chefs d’entreprise insulaires et invite à envisager la flexibilité qui s’impose dans l’élaboration des politiques publiques en faveur de l’entrepreneuriat insulaire nous explique Eric Leung président de la CPME Reunion joint par Outremers 360.
Selon la CPME Réunion, « les économies insulaires connaissent de fortes contraintes de développement. Elles se caractérisent notamment par un tissu économique peu diversifié, avec une forte proportion de TPE, voire de PME, et un nombre important d’entrepreneurs ayant plusieurs activités ».
Il est vrai que seul un quart des entreprises réunionnaises emploient l’ensemble des salariés du secteur marchand. À La Réunion 12 100 entreprises comptent entre 1 et 9 salariés, 1 700 entre 10 et 249 salariés et 18 ont plus de 250 salariés. Cette fragmentation du tissu entrepreneurial est accentuée par l’insularité de La Réunion . Et la CPME rappelle un Avis de l’Autorité de la concurrence de 2009 qui pose que « l’étroitesse des marchés ultramarins conduit les entreprises locales à concentrer leurs moyens de production et de commercialisation afin d’accroître leur efficacité productive. Toutefois, ce processus de concentration peut également s’effectuer au détriment de l’intensité concurrentielle ».
Pour la CPME Réunion, « l’annonce de la vente de Vindemia a réveillé les menaces que peuvent présenter pour notre territoire des stratégies économiques dénuées d’un vrai ancrage territorial ».
Elle répond à cette menace par une vision assumée pour « un patriotisme économique ». Pour l’organisation patronale réunionnaise, cette vision « anime notre volonté de protéger et de valoriser le bien commun réunionnais en ayant une meilleure approche de l’aménagement équilibré de notre territoire. Elle nous conduit ainsi à nous battre pour préserver les entreprises qui se sont développées autour et pour Vindemia et ses clients. Elle nous fait préférer une solution co-construite, par des entreprises locales garantes d’une concurrence plurielle et responsable, qui redistribuent l’euro sur le territoire réunionnais au profit de ses habitants ».
Ultime clin d’oeil au Président de la République, Emmanuel Macron, la CPME demande de « Choose La Réunion ». C’est-à-dire, à ses yeux, « choisir les entreprises réunionnaises animées par des valeurs responsable et sociétales et donc promouvoir une vraie économie de proximité. C’est faire preuve de solidarité économique, c’est croire en notre destin commun. Au final, c’est montrer qu’on est fier de nos produits, de nos artisans, de nos prestataires et de notre identité réunionnaise basée sur le bien vivre ensemble ».
Pour rappel l’autorité de la concurrence a jusqu’au 19 février pour recevoir les différents avis.
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