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Dans une interview à Tahiti-infos, la Ministre du Tourisme en Polynésie française, Nicole Bouteau, a indiqué l’ « intérêt » du gouvernement polynésien pour l’ouverture d’une ligne Paris (Orly) – San Francisco – Tahiti-Faa’a assurée par la low-cost long courrier French Blue. En d’autres termes, l’arrivée de French Blue en Polynésie parait de plus en plus crédible.
« La décision sera prise avant la fin de l’année », a indiqué la Ministre du Tourisme en Polynésie, Nicole Bouteau, soulignant une « bonne nouvelle » pour le secteur touristique. Pour rappel, les dirigeants de la compagnie, Marc Rochet et Jean-Paul Dubreuil, étaient en mission « de prospective » et de « présentation » de la compagnie en Polynésie à la mi-octobre. « Les dirigeants sont venus solliciter le Pays pour ouvrir une nouvelle ligne ici. Ils ont aussi rencontré les professionnels du tourisme pour déjà avoir un avis et savoir s’il y a avait un intérêt à l’ouverture de cette ligne, avant même de déposer leur demande », précise Nicole Bouteau.
« Le dossier est à l’heure actuelle en cours d’instruction. Nous étudions avec beaucoup d’intérêt leur demande » a-t-elle également assuré. Preuve supplémentaire de l’intérêt de l’exécutif polynésien face à l’arrivée d’une compagnie telle que French Blue : le développement du tourisme « à plus petit budget ». « Ici, nous avons le produit pension de famille », forme d’hôtellerie plus familiale et accessible, type maison d’hôte. « Aujourd’hui, quand nous regardons les chiffres, nous nous rendons compte qu’elles sont à 30% de taux de remplissage. Pour ce type d’hébergement, pour les touristes à plus petit budget voire même pour les résidents, je pense que l’ouverture d’une ligne low-cost est intéressante », souligne la Ministre.
Corsair et AOM jusque dans les années 2000
Dans les années 90, les voyageurs polynésiens et les touristes bénéficiaient déjà d’une offre aérienne type low-cost avec les compagnies Corsair (Nouvelles Frontières) et AOM. Les prix pouvaient alors descendre en-dessous des 1 000 euros pour un Tahiti-Faa’a – Paris, contre 2 000 euros en moyenne aujourd’hui. En janvier 2002, après que le géant allemand du voyage TUI eut pris le contrôle du capital de Nouvelles Frontières, des restructurations ont été décidées avec la condamnation de la ligne Paris-Tahiti, l’une des moins rentables du réseau Corsair. De son côté, AOM a déposé le bilan en 2003. Depuis, l’axe Hexagone – Polynésie est exclusivement assuré par Air Tahiti Nui et Air France, par Los Angeles.
Air Tahiti Nui face à la concurrence
Se pose alors la question d’une potentielle mise en difficulté d’Air Tahiti Nui, dont l’actionnaire majoritaire est la Collectivité de la Polynésie française, face à l’arrivée d’une low-cost comme French Blue. « Je pense qu’il y a de la place pour ce type de compagnie au fenua », assure la Ministre du Tourisme, toujours dans la perspective de développer une offre touristique plus accessible. « Cela peut aussi permettre de libérer des places sur Air France et sur Air Tahiti Nui », poursuit-elle, « les clients d’un tourisme plus haut de gamme continueront à venir en empruntant ces compagnies. En ce moment, il est difficile de trouver une place sur ces compagnies, les taux de remplissage sont importants ». « Il faut montrer au monde que notre ciel n’est pas fermé, que nous nous préparons à la concurrence », défend Nicole Bouteau.
San Francisco : ville à fort potentiel
Surtout, le gouvernement polynésien semble intéressé par une liaison sur Paris via San Francisco, une ville qui n’a pas encore été explorée dans les liaisons entre Paris et Papeete, sinon par codeshare. « Nous les y avons incitées. Il y a aussi la possibilité de développer ces liaisons via le Canada qui est un marché que nous venons d’ouvrir, avec une représentation implantée depuis janvier dernier », explique Nicole Bouteau. En ouvrant une ligne Paris (Orly) – Tahiti-Faa’a par San Francisco, French Blue pourrait être gagnante sur plusieurs points. D’une part, la demande Paris – San Francisco est considérable parmi les voyageurs hexagonaux, l’offre est cependant limitée avec un prix d’appel à un peu plus de 600 euros. D’autre part, French Blue vise en outre une clientèle plus jeune, plus familiale et professionnelle, plutôt attirée par les destinations telles que San Francisco.
En somme, avec cette potentielle nouvelle ligne, French Blue pourrait à la fois se positionner sur une destination nord-américaine attractive et rendre plus accessible la Polynésie, et inversement, l’Hexagone pour les Polynésiens. Ce qui au final, n’est pas pour déplaire au gouvernement polynésien dont le développement du secteur touristique, après les crises mondiales de 2001 et 2008, est une des priorités absolues. Rappelons que l’arrivée en juin 2017 de French Blue à La Réunion est une réussite commerciale, avec une demande en croissance. La compagnie attend également la livraison de quatre Airbus A350 d’ici 2022, dont un en 2018. Reste à savoir quel pourrait être le prix d’une telle ligne.