Economie: La crise vénézuélienne éclabousse Cuba

Economie: La crise vénézuélienne éclabousse Cuba

©Stringer / AFP

Bien que coupée du reste du monde, la crise au Venezuela a des incidences directes sur son principal partenaire économique, Cuba. Au 31 juillet 2016, l’économie cubaine se trouve au bord de la récession et Raul Castro reconnait pour la première fois les conséquences de crise vénézuélienne sur l’île.

Cuba enregistre « une baisse de la fourniture de combustible négociée avec le Venezuela, en dépit de la ferme volonté du président Nicolas Maduro », a déclaré Raul Castro, chef de l’Etat cubain, devant l’Assemblée nationale. « Cela a créé des tensions supplémentaires sur le fonctionnement de l’économie cubaine », poursuit-il. Raul Castro rejette néanmoins « les spéculations sur un effondrement imminent » reconnaissant tout de même une baisse de croissance « 1 %, soit la moitié de ce que nous avions prévu » pour 2016.

Depuis les années 90 et la chute de l'Union soviétique, Cuba et le Venezuela s'était économiquement rapprochés ©Enrique de la Osa / Reuters

Depuis les années 90 et la chute de l’Union soviétique, Cuba et le Venezuela s’était économiquement rapprochés ©Enrique de la Osa / Reuters

Depuis la chute de l’Union soviétique en 1990, Cuba dépend du Venezuela pour ses besoins en pétrole, explique Le Monde. Le Venezuela fournissait 105 000 barils de pétrole par jour que Cuba « troquait » par des services de santé. Mais depuis la crise économique qui frappe durement le Venezuela, le nombre de barils fourni est de 55 000 par jour, à peine suffisant pour les besoin de l’île. Cadeau d’Hugo Chavez à son ancien mentor Fidel Castro, la raffinerie de Cienfuegos est aujourd’hui au point mort. Au Venezuela, les salaires des médecins cubains ont diminué. On prévoit également une baisse de 20% des échanges entre Cuba et le Venezuela en 2016, mais ces pronostics pourraient s’assombrir au regard de la situation chaotique du Venezuela: chute de 8 % du produit intérieur brut (PIB), hyperinflation de 700 %, taux de pénuries de 80 %, surendettement et crise de liquidités, détaille le journaliste Paulo A. Paranagua.

La raffinerie Cienfuegos, offerte par Huga Chavez à son mentor Fidel Castro ©DR

La raffinerie Cienfuegos, offerte par Huga Chavez à son mentor Fidel Castro ©DR

De son côté, l’économiste Pavel Vidal Alejandro estime que la crise du Venezuela devrait se traduire par une croissance cubaine à 0% en 2016, voir même négative, et une récession de 2,9% en 2017. Il s’agirait alors de la première baisse du PIB cubain depuis la « période spéciale », euphémisme officiel pour désigner la crise économique cubaine entre la chute de l’URSS et le rapprochement avec le Venezuela. Pour le chercheur au Centre d’études de l’économie cubaine de l’université de La Havane et professeur invité à l’Université Javeriana à Cali (Colombie), c’est surtout l’absence d’alternative à la dépendance commerciale et financière à l’égard de Caracas qui entraîne la vulnérabilité de Cuba. Et alors même que Cuba cherchait à s’appuyer sur le Brésil, la récession qui frappe ce dernier et le tournant politique local compromettent cette option.

Malgré l'ouverture diplomatique avec les Etats-Unis, Cuba met du temps à réformer son modèle économique ©DR

Malgré l’ouverture diplomatique avec les Etats-Unis, Cuba met du temps à réformer son modèle économique ©DR

Pourtant, le rétablissement récent des relations avec les Etats-Unis et la restructuration de la dette cubaine avec le Club de Paris auraient pu présager un rebond économique de l’île. Cependant, ces grands changements n’ont pas été accompagnés par une refonte interne pouvant attirer les investissements étrangers. « Il y a un grand intérêt international pour Cuba, mais la bureaucratie reste immobile et la préférence pour des changements graduels laisse passer d’importantes opportunités », note M. Vidal. Ouverture diplomatique mais pas économique en somme.