Image de synthèse du projet de ferme aquacole sur l’atoll de Hao ©DR
« Je crois au rayonnement maritime de la France. Et il ne peut se faire qu’à partir des Outre-mer », a déclaré la nouvelle ministre des Outre-mer Annick Girardin, lors de la passation de pouvoir qui a eu lieu ce mercredi 17 mai rue Oudinot. Et pour en apporter la preuve, Outremers360 vous propose, en exclusivité, le dossier spécial du magazine polynésien Dixit: une immersion en cinq chapitres dans le potentiel de l’Economie Bleue en Polynésie française, qui avec ses 5,5 millions de km² de ZEE, représente près de la moitié de la ZEE française.
Après la pêche hauturière et la filière perlière, place aujourd’hui à l’aquaculture: un secteur émergent et en devenir en Polynésie française, avec deux grands projets phares: la zone biomarine de Faratea, sur la Presqu’île de Tahiti, et la ferme aquacole sur l’atoll de Hao, dans l’archipel des Tuamotu.
Le secteur est toujours sous-développé au vu de la demande locale et internationale. La production de crevettes a augmenté de 5 % en 2015 (93 tonnes), couvrant cependant à peine un tiers de la consommation locale. Le développement de projets dans l’aquaculture, souvent pénalisés par le foncier, prend désormais une tournure différente avec la mise à disposition de terrains exploitables sur la zone biomarine de Faratea à La Presqu’île de Tahiti.
Le Pays souhaite travailler en étroite collaboration avec les porteurs de projets qu’il a sollicités en septembre 2016 pour définir les infrastructures et équipements à mettre en place. L’idée est de réellement écouter les experts du domaine, les aquaculteurs depuis plusieurs décennies, pour proposer des projets porteurs, en tenant compte des risques inhérents (virus pour la crevette par exemple). L’objectif est de contribuer à diminuer les charges d’exploitation des aquaculteurs, mais également de disposer d’un site pilote et de recherche/développement.
Objectif: 50 000 tonnes de poissons exportés vers la Chine
Le projet de l’atoll de Hao représente pour sa part la véritable opportunité de développer l’aquaculture à très grande échelle, avec des investisseurs chinois et la ferme aquacole de Tahiti Nui Ocean Foods du groupe Tian Rui, spécialisée dans l’élevage de poisson à très grande vitesse. Avec des prévisions d’exportation de 50 000 tonnes par an vers la Chine pour un investissement total de 80 milliards de Fcfp, ce projet colossal représente un enjeu de taille pour le développement de la filière aquacole et l’emploi. Dix jeunes futurs techniciens aquacoles étaient en Chine jusqu’en mars 2017 pour se former aux techniques aquacoles et revenir occuper des postes d’encadrement à Hao.
À terme, près de 500 emplois seront créés sur Hao. En septembre 2016, Teva Rohfritsch, ministre de l’Économie bleue, était en déplacement en Chine pour faire le point sur le projet. Si les autorisations ont mis du temps à être délivrées par les services du Pays, faute d’informations suffisamment précises, Tahiti Nui Ocean Foods (TNOF) dispose dorénavant de tous les permis nécessaires au démarrage des travaux. La phase de construction de la ferme aquacole peut ainsi démarrer en 2017 avec la création de 400 emplois localement.
Parallèlement, au premier trimestre 2017, à l’issue de la formation de la première promotion d’étudiants polynésiens, sera préparée la phase d’exploitation de la ferme, avec un programme de sélection et de capture des géniteurs de mérous aux Tuamotu. Cependant des inquiétudes demeurent quant aux conséquences sur l’environnement d’un tel projet… à suivre ce jeudi 25 mai.
Isa Ozan, Dixit Magazine