Économie bleue en Polynésie: Un potentiel abyssal… [2/5]

Économie bleue en Polynésie: Un potentiel abyssal… [2/5]

©Isabelle Ozan / Dixit

« Je crois au rayonnement maritime de la France. Et il ne peut se faire qu’à partir des Outre-mer », a déclaré la nouvelle ministre des Outre-mer Annick Girardin, lors de la passation de pouvoir qui a eu lieu ce mercredi 17 mai rue Oudinot. Et pour en apporter la preuve, Outremers360 vous propose, en partenariat avec le magazine polynésien Dixit, une immersion en cinq chapitres dans le potentiel de l’Economie Bleue en Polynésie française, qui avec ses 5,5 millions de km² de ZEE, représente près de la moitié de la ZEE française.

Après la pêche hauturière, place aujourd’hui à la perle, un des secteurs clés de l’économie bleue en Polynésie, mais en proie à une baisse des exportations depuis plusieurs années.

Perle : moins de contrôle mais des quotas à venir

En 2015, les perles brutes représentaient plus de 50 % des exportations (7,6 milliards sur un total de 9 milliards de produits perliers). Cependant, les statistiques sur la production du secteur sont largement sous-estimées : pour preuve les 500 millions de chiffre d’affaires déclarés en 2015 par les perliculteurs ! La filière, dominée par des entreprises familiales non soumises à l’obligation de déclarer leur chiffre d’affaires, manque de statistiques fiables sur la production notamment.

En 2015, les exportations de perles brutes ont diminué de 13,5 % en valeur après deux années d’amélioration. Le prix moyen au gramme s’établit à 590 Fcfp (contre 601 Fcfp en 2014). En 2016, malgré une vente aux enchères organisée mi-juillet, les exportations de perles de culture brutes ont diminué de 3 % en valeur et 9 % en volume entre juillet 2016 et juillet 2015.

Une ferme perlière en Polynésie française ©Isabelle Ozan / Dixit

Une ferme perlière en Polynésie française ©Isabelle Ozan / Dixit

Pour assainir la filière, un projet de loi du Pays prévoit une refonte globale. Les professionnels ont travaillé avec le gouvernement pendant plusieurs mois avant de tomber globalement d’accord sur une réforme en profondeur de la filière. L’esprit est, comme pour d’autres secteurs de l’économie polynésienne, de responsabiliser les acteurs privés et d’alléger l’empreinte de l’administration, et de « replacer le producteur au cœur de la filière » selon l’expression de Teva Rohfritsch, ministre de l’Économie bleue. En effet, les producteurs se sentaient pour la plupart pénalisés par les contrôles trop stricts et la classification obsolète de 2005. Ces derniers auront désormais une marge de manœuvre plus grande en termes de stratégie de commercialisation : plus de contrôles de qualité obligatoires à l’export après classification ni de destruction de rebuts.

©Service de la Perliculture

©Service de la Perliculture

En complément de cette libéralisation de la commercialisation, il est cependant envisagé de limiter les quantités produites. Il est ainsi prévu la création d’un Conseil de la perliculture, composé de membres de la profession et du gouvernement, pour fixer un quota de production annuel sur des critères sanitaires et environnementaux, tenant compte de la capacité des lagons.

La Direction des ressources marines et minières (DRMM), sera pour sa part, chargée de compter et peser la production de chaque perliculteur. Le contrôle de qualité à l’export (certification gratuite de la couche de nacre) deviendra facultatif, permettant la mise sur le marché d’un plus grand nombre de perles et la diversification de l’offre. Le nouveau texte, qui souhaite également conforter la professionnalisation du secteur en instaurant des cartes professionnelles, devrait entrer en vigueur au 1er janvier 2017.

Isa Ozan, Dixit Magazine