Livre Paris : « La Zouk Machine », un recueil sociétal autour de la musique antillaise au Pavillon des Outre-mer

Livre Paris : « La Zouk Machine », un recueil sociétal autour de la musique antillaise au Pavillon des Outre-mer

À quelques semaines du salon Livre Paris, la rédaction s’est entretenue avec K.G. Lesroses, auteure de « La Zouk Machine », recueil de nouvelles publié aux éditions L’Harmattan. Née à Paris de parents originaires de la Guadeloupe, l’écrivaine de 32 ans a publié ce premier ouvrage en septembre 2019. Il sera à l’honneur sur le Pavillon des Outre-mer.  

« La Zouk Machine » est votre première publication, pourquoi et comment en êtes-vous venue à l’écriture ? 

J’ai toujours désiré écrire, c’est pourquoi je me suis d’abord engagée dans des études littéraires. Finalement, mon parcours en sciences politiques m’a permis de voyager, d’étudier et de travailler dans plusieurs territoires des Caraïbes et de l’océan Indien, et c’est au cours de ces voyages que le besoin d’écrire s’est imposé. D’ailleurs, cette idée de recueil a germé en Jamaïque, et les premières nouvelles ont vu le jour quelques années plus tard, en Haïti.

Pourquoi ce titre, « La Zouk Machine » ? 

Chaque nouvelle s’inspire d’une chanson de zouk et lui rend hommage. Avec ce recueil, je ne propose pas que des histoires au lecteur, mais aussi toute une playlist. Il s’agissait de faire référence au célèbre groupe Zouk Machine, mais aussi d’évoquer une sorte de boîte à musique, un jukebox.

Pourquoi avoir mis à l’honneur le zouk tout au long de ce recueil ? 

Le zouk est une musique populaire originaire des Antilles françaises, qui a été créée par les musiciens de Kassav, et qui est appréciée aujourd’hui sur tous les continents. Cette musique a bercé mon enfance, accompagné toutes les réunions de familles, les premières soirées en boîte… Pourtant, je l’ai souvent entendue moquée, voire dénigrée, et j’ai réalisé que je n’en avais moi-même pas perçu toute la portée.

Le zouk questionne un certain nombre de faits de société qui m’interrogent depuis longtemps, que j’ai eu l’occasion d’observer et d’étudier. Je pense en particulier aux possibilités et impossibilités de l’amour (dans le couple, la fratrie, l’amitié…) dans des contextes où la monoparentalité et la pluri-paternité ont challengé « l’idéal » de la famille nucléaire avant l’heure… assignant des rôles à chacun dont il est parfois difficile de se défaire (quand on le souhaite, évidemment).

La « dissonance » entre les rythmes entrainants du zouk et les dures réalités décrites par certaines chansons me paraît extrêmement riche de sens, et a été la source d’inspiration de chacune des nouvelles de « La Zouk Machine ».

Sans en révéler la teneur, vos histoires ne se terminent pas toujours bien. Pourquoi ? 

Je suis fascinée par la manière dont la violence et l’amour cohabitent à l’échelle collective et individuelle, alors qu’a priori ils nous paraissent foncièrement contradictoires… A ce sujet, je me suis beaucoup inspirée des scénettes du « Théâtre de Clara Gazul » de Prosper Mérimée, mais aussi de faits divers qui m’ont particulièrement touchée, de mes expériences et de celles de mon entourage. Je m’intéresse à la violence dans sa capacité à se transmettre d’une personne à l’autre, de générations en générations… et dans sa faculté à se stocker en se nourrissant de gestes, de mots et même d’un simple regard, jusqu’à trouver le moyen d’exploser. Néanmoins, ces nouvelles parlent avant tout d’amour, de désir d’amour, des tentatives de l’amour des autres et de soi, dans des contextes où ce n’est pas toujours évident.

La Zouk Machine Visuel

Votre recueil traite notamment de la condition féminine dans certains territoires d’Outre-mer… 

Effectivement, comparés aux autres départements français, les territoires d’Outre-mer ont détenu, et détiennent encore quelques tristes records en matière de violences, et les estimations concernant les violences faites aux filles et aux femmes sont particulièrement alarmantes. Dans ce recueil, j’interroge modestement les facteurs de cette violence, la manière dont elle naît, se manifeste et se transmet. Il ne s’agit évidemment pas de réduire quelque territoire que ce soit à ces faits divers, ni de leur en décerner l’exclusivité. Il suffit de suivre les actualités nationales et internationales pour en être convaincu.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ? 

Pour ce qui concerne ce premier ouvrage, on peut me souhaiter encore davantage de retours positifs et des lecteurs d’horizons très différents. J’apprécie particulièrement que certains aient spontanément perçus la portée universelle de ces histoires, mais aussi que des Antillais aient reconnu la Guadeloupe ou la Martinique, tandis que des lecteurs haïtiens, eux, aient situés ces histoires en Haïti. J’espère recevoir des commentaires similaires de personnes d’autres territoires. Pour ce qui me concerne, on peut me souhaiter qu’il ne s’agisse que du premier, peut-être d’une longue série qui sait…

 

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La littérature des outre-mer bien présente à la 40ème édition du Livre Paris