Reçue par Marie Gévenoux, Huguette Bello demande un travail sur la formation des prix avant une réforme de l’octroi de mer

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Reçue par Marie Gévenoux, Huguette Bello demande un travail sur la formation des prix avant une réforme de l’octroi de mer

La présidente de la Région Réunion, Huguette Bello, a été reçue ce lundi par la ministre déléguée chargée des Outre-mer, Marie Guévenoux. Parmi les sujets prioritaires de l’île, la présidente a longuement évoqué l’octroi de mer et sa réforme en préparation. La ministre pourrait se rendre sur l’île courant avril.

« Nous avons des retards importants et c'est pour cela que nous avons sensibilisé la ministre des Outre-mer aux problèmes qui affectent La Réunion » a confié la présidente de la Région la plus peuplée d’Outre-mer, à l’issue de cet entretien. Parmi ces problèmes qui affectent l’île de l’océan Indien : la vie chère et l’inflation.  

« Les gens n'en peuvent plus », constate la présidente qui veut « savoir pourquoi et comment on forme les prix » avant de réformer l’octroi de mer qui, selon elle et les élus de La Réunion, n’a pas de conséquence sur la vie chère. « À La Réunion, nous n'avons pas d'octroi de mer sur les produits de première nécessité mais ces produits sont quand même extrêmement chers, extrêmement élevés ».

A ce sujet, le ton avait été donné dès jeudi dernier, à l’issue d’une réunion avec le président du Département, Cyrille Melchior, le président de l’Association des maires et les acteurs économiques de l’île. Dans un communiqué commun, élus et monde économique soulignaient que les produits de première nécessité « sont frappés par une TVA allant jusqu’à 8,5%. C’est par exemple le cas du savon de Marseille qui est taxé à 8,5% par la TVA malgré un taux de l’octroi de mer à 0% ».

« Affirmer que l’octroi de mer serait la cause de la vie chère est inexact et largement caricatural » ont-ils insisté, critiquant vivement un rapport de la Cour des comptes critique à l’égard de l’octroi de mer. « Avant tout projet de réforme, il semble essentiel de faire toute la transparence sur la formation des prix et de trouver les sources qui entraînent un écart de prix moyen de 37% entre l’Hexagone et La Réunion ». Marie Guévenoux « nous a dit que la réforme ne se ferait pas sans qu'il y ait un débat, ce qui nous rassure un peu » estime la présidente. Débat qui devrait être organisé par le préfet.

Surtout, une réforme de l’octroi de mer peut mettre à mal les finances des collectivités locales. Et les propos de Gérald Darmanin depuis la Martinique, où il affirmait que la réforme n'impactera pas les collectivités, n’ont pas convaincu Huguette Bello. « J'aimerais bien savoir comment ça n’impacterait pas notre autonomie fiscale, le budget des régions, le consommateur, les collectivités, le producteur. Comment on va protéger le producteur si cet octroi de mer nous est enlevé ? » s’est-elle interrogée. « Il faut qu'ils nous expliquent ».

« L'octroi de mer, ça donne aux régions leur autonomie fiscale » a insisté la présidente, « on a l'impression qu'on veut dépouiller les régions de leurs prérogatives, de leur autonomie fiscale ».

Quid d’une « TVA régionale » ?

Dans ses recommandations, la Cour des comptes évoque l’instauration d’une « TVA régionale » pour remplacer l’octroi de mer. « Une taxe additionnelle » ont dénoncé élus et monde économique réunionnais, « dire que la réforme vise à enrayer la cherté de la vie sur nos territoires est donc une imposture ». « Le taux envisagé pour La Réunion passerait de 8,5% à 16,4%, il grimperait jusqu’à 20% pour la Guadeloupe et passerait de 0 à 15% pour Mayotte ! Ces hausses auraient nécessairement des impacts sur les prix sans les garanties qu’offre l’octroi de mer pour l’économie locale grâce à son caractère souple et modulable sur la pression fiscale ». 

Dans leur communiqué, Huguette Bello, Cyrille Melchior ou encore Serge Hoarau rappellent aussi que « fonction originelle et essentielle de l'octroi de mer » est « la protection de la production locale ». « En bénéficiant d’un taux différencié, les entreprises locales peuvent rivaliser avec les produits importés sur le territoire. Remettre en cause ce fonctionnement c’est mettre en danger l’ensemble des emplois industriels et agricoles de La Réunion », ont-ils insisté. Un non-sens pour eux : « Alors que la France engage des politiques de fond pour assurer sa souveraineté alimentaire et réindustrialiser son territoire, il est demandé à La Réunion de faire l’exacte inverse ».

Naturellement, la présidente a évoqué d’autres prioritaires comme le logement, qui manque à près de 44 000 personnes sur l’île ; l’emploi, « il y a moins de 50% de Réunionnais qui sont en emploi et 20% qui sont demandeurs d'emplois, qui connaissent le chômage, qui déstabilise complètement une personne » ; l’autonomie énergétique ; la souveraineté alimentaire ; la pêche ; de la coopération régionale ou encore la santé.