Nouvelle-Calédonie : La réforme du corps électoral doit être maintenue, réclament Les Loyalistes et le Rassemblement-LR

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Nouvelle-Calédonie : La réforme du corps électoral doit être maintenue, réclament Les Loyalistes et le Rassemblement-LR

Le camp des Loyalistes et du Rassemblement-LR, deux mouvances de la droite non indépendantiste en Nouvelle-Calédonie, a appelé mardi à ce que la réforme électorale qui embrase l'archipel depuis une semaine aille à son terme, suspendre le texte controversé à la demande des indépendantistes revenant selon eux à donner raison au « terrorisme ».

Les députés ont adopté la semaine dernière à Paris une réforme constitutionnelle qui vise à élargir le corps électoral aux scrutins provinciaux de la Nouvelle-Calédonie, un enjeu local majeur pour le camp indépendantiste qui craint d'être ainsi marginalisé dans les urnes à l'avenir. Le texte a mis le feu aux poudres depuis lundi dernier, avec des émeutes qui ont déjà fait six morts, dont deux gendarmes.

« Ce texte doit continuer, ce texte doit poursuivre sa route parlementaire. Le Congrès de Versailles (qui doit encore se réunir avant fin juin, ndlr) ne doit être ni suspendu, ni annulé », a exhorté le député Renaissance de Nouvelle-Calédonie, Nicolas Metzdorf, également rapporteur du texte constitutionnel à l'Assemblée nationale, lors d'une conférence de presse rassemblant une partie du camp non indépendantiste à Nouméa.

Les tenants du retrait « donnent raison aux casseurs, aux pilleurs et aux émeutiers. Dans une démocratie, la violence ne se substitue jamais aux urnes », a-t-il déclaré. « Le terrorisme ne doit pas gagner, la violence ne doit pas gagner », a abondé Virginie Ruffenach, la présidente du groupe Rassemblement-LR. « On demande à l'État de rétablir l'ordre républicain », a-t-elle ajouté, estimant que les Calédoniens « vivent dans la terreur » depuis la flambée de violence déclenchée lundi.

Le camp indépendantiste n'a « pas voulu discuter », a également estimé Sonia Backès, ex-secrétaire d'État à la Citoyenneté et principale figure du camp non-indépendantiste en Nouvelle-Calédonie. À rebours, la maire Renaissance de Nouméa, Sonia Lagarde, a, elle, appelé dimanche à ne pas convoquer « maintenant » le Congrès de Versailles. « Je ne suis pas du tout d'accord pour qu'on y aille en force. Je crois qu'il faut de la sagesse et de la raison, et ces deux mots nous imposent aujourd'hui de faire une pause ».

Des discussions locales plutôt qu’une mission de l’Hexagone

Une position également défendue par la présidente de l’Assemblée nationale qui, vendredi soir, autour d’une réunion avec le Premier ministre, a demandé le report de la convocation du Congrès ainsi qu’une mission de dialogue. De la gauche à l'extrême droite en passant par la majorité, les voix se font chaque jour plus nombreuses pour réclamer un report, rendant incertaine l’adoption du texte constitutionnel par les 3/5 du Congrès. 

Les élus de la coalition Les Loyalistes et du Rassemblement-LR ont en outre assuré qu’un « accord est encore possible » dès lors que l’ordre sera rétabli. « Évidemment qu’on se parle (avec les indépendantistes), qu’on construit quelque chose », assure Sonia Backès. « Mais tant que cela se fera sous la menace, les conditions d’un accord ne seront pas réunies ». Le groupe privilégie les discussions au niveau local, plutôt que l’envoi d’une mission du dialogue depuis l’Hexagone.

Pour la présidente de la province Sud, les « actions de la CCAT nous rendent aujourd’hui encore plus dépendantes de la France qu’avant car la Nouvelle-Calédonie est absolument incapable de se relever de cette crise ». « L’urgence est désormais de savoir comment payer les salariés à la fin du mois, de voir avec Bercy pour débloquer un fonds qui servira aux entreprises à pouvoir payer leurs charges et de voir comment faire, avec les assurances, pour que les victimes puissent être indemnisées. »

Enfin, alors que le haut-commissaire, le Premier ministre et le président de la République ont constaté des améliorations sur le terrain, l’élue non indépendantiste nuance ce discours : « Il faut arrêter de dire que, jour après jour, la situation se calme. Il faut encore sauver des gens de quartiers où la population est totalement prise en otage et où certaines familles ne peuvent même pas se ravitailler. Dans ces secteurs, il y a encore des tirs et des incendies. »

Avec Les Nouvelles Calédoniennes et AFP