Football Leaks: Les recruteurs du PSG accusés de « fichage ethnique »

Football Leaks: Les recruteurs du PSG accusés de « fichage ethnique »

© AFP

« Français », « Maghrébin », « Antillais », « Africain »… De 2013 au printemps 2018, la cellule de recrutement du PSG a mentionné des critères ethniques dans ses fiches d’évaluation de jeunes joueurs, révèle Mediapart ce jeudi 8 novembre dans le cadre de son enquête Football Leaks, une information confirmée par une source proche du club.

Jusqu’au printemps 2018, une case « origine » figurait dans les formulaires destinés à superviser les recrues potentielles. Pour « Français, il aurait fallu écrire Blanc. D’autant que tous les joueurs qu’on recommandait étaient Français. Le PSG ne voulait pas qu’on recrute des joueurs nés en Afrique, car on n’est jamais sûr de leur date de naissance », raconte à Mediapart Serge Fournier, présenté comme le recruteur du PSG pour la région Normandie.

Mediapart publie un compte rendu d’une réunion interne décrite comme « houleuse » en mars 2014 en citant des déclarations attribuées à l’un des responsables de la cellule de recrutement de l’époque Marc Westerloppe, mais que ce dernier conteste « Il y a un problème sur l’orientation du club, il faut un équilibre sur la mixité, trop d’Antillais et d’Africains sur Paris. » Cette déclaration aurait suscité un vif « émoi » chez les autres participants à cette réunion, conduisant la direction à convoquer Marc Westerloppe à un entretien préalable à une sanction le 27 juin 2014. Mais il n’aurait pas été sanctionné.

Interrogé par Mediapart, le PSG a missionné l’ancien député PS et président de SOS racisme Malek Boutih pour réagir à ces révélations. Selon Malek Boutih, au sujet du fichage ethnique, « il y a un problème réel. Il n’y a pas eu de volonté d’omerta. (La direction) n’était pas au courant de l’existence de ces formulaires ». Concernant Marc Westerloppe, « personne n’a apporté le moindre élément, personne n’a confirmé les propos tenus », assure Malek Boutih.

Pour le foot français, cette affaire réveille « l’affaire des quotas », quand avait émergé l’idée d’imposer des quotas de binationaux chez les jeunes, lors d’une réunion de la Direction technique nationale (DTN) fin 2010.

« Une initiative personnelle » selon le PSG

Le PSG « confirme que des formulaires avec des contenus illégaux ont été utilisés entre 2013 et 2018 par la cellule de recrutement du centre de formation, dédiée aux territoires hors Ile-de-France », dénonçant dans un communiqué une « initiative personnelle du responsable de ce département. « Dès qu’il en a été informé au début du mois d’octobre dernier, le PSG a lancé une enquête interne pour comprendre comment de telles pratiques ont pu exister et décider des mesures qui s’imposent ».

« La Direction générale du club n’avait jamais eu connaissance d’un système de fichage ethnique au sein d’un département recrutement, ni eu en sa possession un tel formulaire », affirme le club. « Au vu des informations qui y sont mentionnées, ces formulaires trahissent l’esprit et les valeurs du Paris SG. »

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Le président du Stade Rennais Olivier Létang, qui était directeur sportif au moment de l’affaire, s’est par ailleurs dit « profondément choqué et blessé » des accusations de fichages ethniques dans un texte transmis à l’AFP. « Dans le cadre de mes responsabilités au PSG, les objectifs fixés concernant le recrutement pour le centre de formation n’ont jamais varié : s’attacher les meilleurs jeunes joueurs dans le but de les faire évoluer à terme avec l’équipe professionnelle », écrit-il. « Cela a été ma seule motivation au PSG comme cela a toujours été le cas dans les clubs ou j’ai œuvré. »

Roxana Maracineanu « consternée »

La ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a exprimé sa « consternation » jeudi après la révélation de pratiques de fichage ethnique dans le recrutement du Paris SG et a demandé à la Fédération française de football (FFF) et à la Ligue (LFP) « d’examiner ce dossier ». « Si ces faits de discrimination sont avérés, ils sont passibles de sanctions disciplinaires voire pénales. On ne peut pas tolérer que des personnes soient identifiées, recrutées selon leur couleur de peau ou leur origine », a affirmé la ministre.

Avec AFP