Résistances et marronnage au cœur des évènements du Temps des mémoires 2024 porté par la Fondation pour la Mémoire de l'Esclavage

Résistances et marronnage au cœur des évènements du Temps des mémoires 2024 porté par la Fondation pour la Mémoire de l'Esclavage

Temps fort annuel de la mémoire de l’esclavage en France, le temps des mémoires porté par la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage (FME) est placé cette année sous le signe des résistances et du marronnage. Dans ce cadre, partout en France hexagonale et en Outre-mer, du 27 avril jusqu’à décembre 2024, commémorations, expositions et évènements évoqueront ce passé douloureux de l’histoire de France et montreront l’empreinte qu’il aura laissée sur la société française, sa culture et ses valeurs. 

L’année 2024 du Temps des mémoires s’annonce « riche, forte et bien remplie », promet Aïssata Seck. La directrice de la FME ne saurait si bien dire, elle qui a dessiné les contours du programme de ce grand-rendez-vous annuel avec l’histoire de l’esclavage. Forte du succès obtenu par l’exposition « Oser la Liberté » qui s’est tenue au Panthéon et qui a réuni plus de 220 000 visiteurs, la FME veut faire de ce Temps de mémoire 2024 un temps fort et long pour se « souvenir du crime contre l’Humanité qu’a été l’esclavage, honorer les personnes mises en esclavage et célébrer leurs combats et celui de toutes celles et de tous ceux qui les ont rejointes au nom des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité ». Le temps des mémoires invite également à se rassembler contre son empreinte contemporaine exprimée aujourd’hui dans le racisme, les discriminations et toutes les formes modernes d’esclavage. 

Cette année, le Temps des mémoires est placé sous le signe des résistances à l’esclavage et du marronnage, cette autre forme de résistance des esclaves. Car évoquer les résistances « c’est évoquer le combat de toujours pour la liberté et l’égalité de tous les êtres humains ». Un combat plus moderne que jamais à l’heure où partout dans le monde la bête de l’intolérance, des discriminations ou du racisme, est de plus en plus féconde et avance désormais à visage découvert. 

Plus de 100 évènements inscrits dans le cadre du Temps des mémoires 2024 

Un thème qui sera décliné et mis en avant dans tous les évènements et commémorations à commencer par celles du 10 mai -Journée nationale des mémoires de l’esclavage, des traites et de leurs abolitions- dont la cérémonie sera présidée cette année par le premier ministre Gabriel Attal, ou de la Journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage colonial du 23 mai, avec une cérémonie au ministère des Outre-mer en présence de la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux. 

A cette occasion, les prix du concours scolaire de la Flamme de l’Egalité seront remis aux lauréats nationaux de la session 2022-2023. Par ailleurs, lors de cette journée, un point sur l’avancement du Mémorial aux victimes de l’esclavage sera présenté. Pour ce projet, 3 artistes ont été sélectionnés. Ces trois projets feront l’objet d’un examen par une nouvelle commission qui se réunira en juin et qui déterminera le projet retenu. Le choix final sera dévoilé en septembre.

Au total, ce sont plus 100 évènements inscrits dans ce cadre dans l’hexagone et en Outre-mer avec 56 projets soutenus par la FME suite à l’appel à projets destiné aux associations. Et cela débute dès le 27 avril par des manifestations prévues à l’Hôtel de la Marine en partenariat avec le Centre des Monuments nationaux où le public est invité à participer à un week-end exceptionnel à l’occasion du 226ème anniversaire de la signature du décret d’abolition définitive de l’esclavage, le 27 avril 1848.

Soutien à la toutes les commémorations

 Au programme de ces deux jours, : exposition de la Fondation « #CestNotreHistoire - Esclavages et abolitions : Une histoire de France » présentée sous la galerie extérieure de l’Hôtel de la Marine, conférence sur les tapisseries avec l’historienne de l’art Nancy Ba et contes « Conqu’êtes ou le chant de l’oreille des mers » avec le conteur guadeloupéen Yao. Le Bal Kréyol initialement prévu est reporté à juin en raison des conditions météorologiques.

Ce temps des mémoires se poursuivra le 11 mai avec notamment la 3ème édition du festival « Esclavage et Cinéma » organisé en partenariat avec le Musée du Quai Branly-Jacques Chirac. Un festival qui mettra à l’honneur des films où la résistance est le mot d’ordre des esclaves. Toujours concernant le 7ème art, la FME est également partenaire du festival « L’histoire à venir » qui se tiendra à Toulouse du 22 au 26 mai et dont le thème est cette année « Au Nom de la Loi ». Ce festival tente d’ouvrir un dialogue avec la philosophie, l’économie, le droit, les arts et les sciences afin de comprendre de quoi la loi est le nom.

Par ailleurs, la FME réitère son soutien aux commémorations de l’abolition de l’esclavage de Martinique (22 mai), de Guadeloupe (27 mai) et de la Guyane (10 juin), territoire où se déplacera une délégation de la Fondation à l’occasion de cette commémoration. Toujours au mois de juin sera attribué le prix Jean-Pierre Sainton, prix de thèse annuel de la Fondation, baptisé du nom de cet historien guadeloupéen, membre du Conseil scientifique de la FME, disparu en 2023.

Après une pause Jeux Olympiques et paralympiques cet été, la FME reprend le fil des évènements marquant ce Temps des mémoires 2024. Ces évènements trouveront une résonance particulière cet automne avec l’exposition à partir du 9 septembre de « Résistance contre l’esclavage » où 31 figures de résistances seront exposées dans certaines gares de France, dont Lyon –Part Dieu, Marseille Saint-Charles, Paris Gare de Lyon et Toulouse Matabiau. Une façon, rappelle Aïssata Seck, de « concerner tous les Français par cette question de l’esclavage dans toutes les régions, et pas seulement par les villes concernées par l’histoire de l’esclavage ».

Hommage vibrant à Haïti

 Les deux autres évènements soutenus par la FME concernent la sortie du film le 25 septembre de « Ni Chaînes, Ni Maîtres » de Simon Montairou, une fiction sur le marronnage à l’Île Maurice au 18ème siècle et l’exposition « Visages d’Ancêtres » au Château Royal de Blois à partir du 21 septembre jusqu’au 24 novembre 2024. Cette exposition restitue l’expérience d’un groupe d’Africains victimes dans les années 1840, en les incarnant avec un degré de détail inouï pour une période aussi éloignée.

Enfin si la FME envisage de rendre un hommage spécifique à l’autrice guadeloupéenne Maryse Condé, première présidente du Comité pour l’histoire et la mémoire de l’esclavage, ancêtre de la FME, récemment disparue (une réflexion est en cours à ce sujet avec les membres du Conseil scientifique), elle marque d’ores et déjà sa solidarité avec le peuple haïtien et appelle la France à « marquer en 2025 le bicentenaire de l’indemnité de 1825 » et à « s’engager dans une démarche de réparation ». 

Manière de rendre hommage à ce pays qui, dans l’histoire du monde, a incarné au mieux la résistance à l’esclavage et qui a porté les idéaux universels proclamés par la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen. « Ce que l’humanité et la fraternité nous poussent à faire, la mémoire de ce passé commun nous le commande », s’émeut Jean-Marc Ayrault, le président de la FME. 

E.B

Temps des mémoires 2024

 https://memoire-esclavage.org/evenements/evenements2024