©Facebook / Collectif Femmes en Colère
Une centaine de personnes ont défilé lundi dans les rues de Nouméa pour réclamer plus de moyens financiers dans la lutte contre les violences faites aux femmes en Nouvelle-Calédonie, où la situation est particulièrement dramatique.
Le cortège, composé en grande partie de femmes, s’est rendu au siège du gouvernement, au Congrès et au Haut-commissariat de la République (préfecture). Cette marche intervenait après la restitution samedi par les autorités, des conclusions de la déclinaison locale du « Grenelle » contre les violences conjugales. « Nous accueillons les annonces du Grenelle avec satisfaction, cependant nous ne savons pas quel sera l’accompagnement financier », a déploré devant la presse Françoise Caillard, membre du collectif Femmes en colère, après avoir été reçu au gouvernement.
L’exécutif local, qui a fait des violences faites aux femmes une « grande cause » de son mandat (2019-2024), a notamment annoncé la création d’un haut conseil pour l’élimination de ces violences. Il sera chargé de présenter en 2020 un plan d’actions global. « Il faut faire en sorte qu’existe une politique concertée afin que chaque Calédonienne bénéficie d’un même niveau de prise en charge », a déclaré Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement en charge des violences intra-familiales.
Les pires chiffres de France
La prévention en milieu scolaire, la mise en place du « téléphone grave danger », la construction d’un deuxième foyer d’accueil en province Sud, où se trouve Nouméa, ainsi que le lancement d’une étude statistique alors que la dernière enquête approfondie date de 2003, figurent aussi au rang des mesures. En tout, 90 pistes d’amélioration ont été répertoriées, mais aucune enveloppe budgétaire n’a toutefois été annoncée. « C’est bien le bla-bla mais maintenant il faut que les choses se concrétisent », a ainsi réagi Marie Wajoka, maman de Corinne, morte le 9 août dernier à 18 ans, sous les coups de son petit ami.
La Nouvelle-Calédonie (270 000 habitants) enregistre les pires chiffres du territoire français en termes de violences faites aux femmes. Selon un rapport du Conseil économique social et environnemental de 2017, 19 % des Calédoniennes (soit 1 femme sur 5) déclarent avoir été victimes d’agression physique par leur conjoint ou ex-conjoint au cours des 12 derniers mois. Ce taux est de 2,3 % pour la France hexagonale. Plus de 1 200 plaintes pour violences conjugales ont été déposées en 2018, soit autant que dans le département des Yvelines qui compte 1,4 million d’habitants, a indiqué le parquet. Depuis le début de l’année, deux féminicides ont eu lieu en Nouvelle-Calédonie.
Ce lundi matin, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé une quarantaine de mesures en conclusion des trois mois de Grenelle sur les violences conjugales : une plateforme téléphonique accessible 7j/7 et 24h/24 (3919), 1 000 nouvelles solutions d’hébergement en janvier 2020, une possibilité pour les médecins de déroger au secret médical, 81 postes d’intervenants sociaux d’ici 2021, une formation obligatoire pour les enseignants, un texte de loi pour suspendre l’autorité parentale des pères violents, un appel à projet pour la création de deux centre (par département) pour la prise en charge des pères violents ou encore, une enveloppe de 360 millions d’euros contre les violences conjugales.
Avec AFP.