© Antoine Karam Facebook
Après quatre mois de travaux et d’auditions par visioconférence, la mission sénatoriale sur le trafic de drogue en Guyane a rendu ses conclusions ce mardi 15 septembre. Le rapport préconise «d’apporter une réponse plus globale et ambitieuse» sur le plan répressif mais aussi préventif dans la lutte contre le trafic de drogue.
« Il s’agit d’un véritable fléau pour les jeunes de Guyane, qui en sont les premières victimes » déplore le rapporteur de cette mission, le Sénateur de Guyane Antoine Karam lors de la conférence de presse. Selon les estimations, le trafic de cocaïne par voie aérienne entre la Guyane et l’Hexagone a fortement augmenté et représente aujourd’hui entre 15 et 20% des entrées sur le territoire national. De plus, sur un territoire marqué par un fort taux de chômage chez les jeunes Guyanais, le trafic de drogue représente un marché lucratif. « Le transport de la cocaïne, en provenance du Suriname voisin, peut en effet rapporter de 2 000 à 10 000 euros par voyage, en terme de gains» souligne le rapport.
Selon les membres de cette mission, il y a « urgence à apporter une réponse plus ambitieuse » face à un trafic de drogue qui ne cesse de progresser. Ils jugent jusqu’ici « insuffisante » la réponse de l’Etat face à ces trafics. « Si d’importants efforts [ont] été réalisés depuis la mise en œuvre du plan interministériel de lutte contre le phénomène des « mules » du 27 mars 2019, notamment sur le volet répressif, une réponse plus globale et ambitieuse doit être apportée », ont souligné les sénateurs de cette mission.
Trois recommandations principales
Pour enrayer ce trafic, la mission sénatoriale préconise de travailler sur trois axes. D’abord renforcer la politique répressive, en intensifiant les contrôles et les saisies pour diminuer la rentabilité du trafic et décourager les trafiquants. Par ailleurs, la mission plaide pour la réalisation ponctuelle de contrôles,approfondis dits « à 100% » à l’arrivée des vols en provenance de Guyane, à l’image de ceux pratiqués par les Pays-Bas sur les vols venant de pays à risques.
La mission demande la mise en place d’une politique de prévention ambitieuse, pilotée par l’Etat et dotée de financements adéquats. La mission propose notamment de confier explicitement au Préfet, en étroite association avec la Collectivité territoriale de Guyane, une mission d’impulsion de la politique de prévention et de coordination des initiatives locales, qui fait aujourd’hui défaut. Le rapport préconise par exemple, d’acquérir une meilleure connaissance du profil des passeurs et du contexte de l’entrée dans le trafic, impliquer davantage les publics visés – par la participation de passeurs repentis -, mais aussi les représentants des forces de sécurité, dans les actions proposées, étendre le champ de cette prévention à l’entourage familial et aux plus jeunes, pour contrer le recrutement précoce.
Enfin comme troixième axe de lutte contre le trafic de drogue, la mission sénatoriale insiste sur l’amélioration de la coopération internationale, en renforçant notamment l’implication de la France dans la coopération régionale en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants dans la zone Caraïbes et en intensifiant sa coopération bilatérale avec les pays voisins, particulièrement avec le Suriname. « Le volet international est tout aussi important que le volet pénal et social pour lutter contre les trafics de drogue».
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