Pollution au Chlordécone : Les premières recommandations de la commission d’enquête parlementaire

Pollution au Chlordécone : Les premières recommandations de la commission d’enquête parlementaire

Après six mois d’auditions, les premières conclusions du rapport de la commission d’enquête sur l’utilisation du chlordécone seront présentées ce mardi 26 novembre par la rapporteure, la députée Justine Bénin (Guadeloupe). Le rapport dresse notamment 38 propositions dont la création d’un fonds d’indemnisation pour les victimes et les filières agricoles et met en avant la responsabilité de l’Etat.

La commission d’enquête parlementaire, présidée par le député PS de Martinique Serge Letchimy, était notamment chargée de mieux comprendre comment le chlordécone, un insecticide dangereux, perturbateur endocrinien et cancérogène probable, a pu être autorisé entre 1972 et 1983 dans les bananeraies des Antilles.«Les Guadeloupéens et Martiniquais attendent la vérité. Ils exigent des réponses claires sur ce qu’ils vivent depuis des années comme un drame écologique, sanitaire et économique», explique Justine Bénin, qui veut que ce rapport leur apporte «des perspectives de développement et de solutions pour sortir de cette pollution».

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La députée Justine Bénin qui a présenté les grandes lignes de ce rapport au journal Le Monde, met en avant la responsabilité de l’Etat. «Indéniablement, l’État est le premier responsable», pour avoir autorisé la vente de ce produit, a expliqué Justine Benin , mais «ces responsabilités sont partagées avec les acteurs économiques. Les industriels d’abord, mais aussi les groupements de planteurs et certains élus, qui ont défendu jusqu’au bout l’usage du chlordécone, qu’ils considéraient à tort comme un produit miracle sans possibilité d’alternative.». Lors de son audition devant la commission d’enquête, Annick Girardin avait reconnu « une responsabilité certaine». En 2018, Emmanuel Macron avait assuré que l’Etat devait prendre sa part de responsabilité dans cette pollution.

Près d’une quarantaine de mesures qui vont du renforcement de la prévention à des mesures de réparation de préjudices sont annoncés. En matière de réparation pour les malades, la création d’un fonds d’indemnisation des victimes des produits phytopharmaceutiques, inscrite dans le projet de loi de finances de la Sécurité sociale pour 2020 récemment adopté en première lecture par l’Assemblée nationale, apporte une première réponse.

Le rapport recommande aussi de faire de la recherche sur le chlordécone une priorité, notamment dans le domaine de la santé, où des questions demeurent sur le caractère cancérogène du produit, mais aussi sur les solutions pour dépolluer les sols, pour l’instant inexistantes.

Près de 40 ans après, 95% des Guadeloupéens et 92% des Martiniquais sont aujourd’hui, selon Santé Publique France, contaminés par le produit, qui a aussi des incidences sur le développement des enfants exposés pendant la grossesse, avec une hausse des risques de prématurité notamment. Une pollution source d’angoisse pour la population, car le chlordécone se retrouve aussi dans l’eau, certains légumes, viandes et poissons, entraînant des interdictions de cultiver certains produits et des interdictions de pêche, aux conséquences économiques importantes. Après les insuffisances constatées des Plans Chlordécone successifs mis en place par l’État depuis 2008, toutes ces recommandations devront s’inscrire dans le quatrième Plan prévu en 2020.

 

Avec AFP