Pollution au chlordécone aux Antilles: « On ne pouvait pas dire en 1981 qu’on ne savait pas »

Pollution au chlordécone aux Antilles: « On ne pouvait pas dire en 1981 qu’on ne savait pas »

© Préfecture de Martinique

« On ne pouvait pas dire en 1981 qu’on ne savait pas », a affirmé mardi, en ouverture du colloque scientifique sur le chlordécone en Martinique le professeur Luc Multigner de l’Inserm, auteur de plusieurs études sur la pollution de ce pesticide cancérogène aux Antilles.

Le colloque scientifique international sur le chlordécone s’est ouvert mardi matin à Schoelcher en Martinique. Pendant deux jours une quarantaine d’experts vont partager leur savoir sur ce pesticide qui, selon les spécialistes, a pollué la Martinique et la Guadeloupe pour les 600 prochaines années.

Luc Multigner, qui a réalisé plusieurs études sur cette pollution en Guadeloupe, a ouvert ce colloque avec un retour sur l’histoire de ce pesticide utilisé aux Antilles jusqu’en 1993 pour lutter contre les charançons dans les bananeraies, et notamment ses impacts sur l’environnement et la population aux Etats-Unis dénoncés en 1975.
Luc Multigner a souligné l’étendue des connaissances scientifiques sur le sujet à l’époque, prouvant que le danger de la molécule pour l’environnement et la santé a été très tôt avéré. Les Etats-Unis ont interdit le produit dès 1977.

Agir pour réduire l’exposition

Durant son discours d’une demie-heure, devant une salle comble, il a présenté les enjeux du colloque : « qui, quand, comment, pourquoi ? Il faudra apporter des réponses », a-t-il insisté. « On ne peut pas agir sur le danger, c’est la propriété intrinsèque de la molécule, donc on va agir pour réduire l’exposition (…) grâce aux connaissances, on peut agir », a-t-il expliqué.

« J’ai échangé avec des élèves en Martinique, ils m’ont dit :on a 20 ans, on est au lycée agricole et on entend parler du chlordécone pour la première fois maintenant », a ajouté le professeur Multigner. « Ca veut dire que toute une génération passe toute sa scolarité sans savoir ! », s’est-il indigné.
« Il faut communiquer et éduquer les plus jeunes et leur apprendre à vivre avec une situation qui va durer des décennies. C’est à nous de nous adapter à eux, pas l’inverse », a-t-il insisté.

Avec AFP