Penser la Ville tropicale de demain

Penser la Ville tropicale de demain

La grande agglomération de Papeete, sur l’île de Tahiti, où se concentre la majorité de la population polynésienne et les infrastructures importantes. Elle s’étend de la commune de Mahina à celle de Punaauia, avec la capitale Papeete en son centre ©Duanrevig.com

Le 8 juin, au Sénat, aura lieu le premier colloque sur la Ville tropicale en métamorphose. Une journée durant laquelle experts, scientifiques, juristes, élus régionaux ou municipaux se succèderont afin de donner un sens à la ville tropicale, essentiellement insulaire, qui sera le foyer des populations urbaines de demain. Ce Colloque prend place dans un calendrier  très fourni, entre les 2 COP 21 et 22 et à quelques semaines de la Conférence Habitat III prévue à Quito (Equateur) à l’automne.

En amont de l’évènement, Outremers360 vous propose une immersion dans la ville type de la ceinture équatoriale : comment ses spécificités, ses enjeux, ses défis et ses problématiques peuvent s’inscrire dans le grand débat sur la croissance raisonnée dont l’urgence à été encore soulignée par la COP 21.

L’engagement des Outre-mer à été particulièrement remarqué lors de la COP 21 organisée en Décembre 2015 à Paris. En force, les îles du Pacifique, de l’Océan Indien et des Caraïbes plaidaient leur cause, leur fragilité face aux changements climatiques symbolisée par la montée des eaux et le problème émergent des réfugiés climatiques. Au coeur ou en lisière de ces îles fragiles, des villes, des territoires urbains sont directement concernés. Les Collectivités d’outre-mer comme la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française ont été actives en amont et pendant cette COP 21. Avec leurs voisines du Pacifique, notamment Fidji qui a été la première signataire de l’Accord, elles ont fait entendre leur voix et pesé sur l’action gouvernementale française pour gagner la bataille symbolique des 1,5°C. Depuis, une quinzaine de pays, dont une majorité écrasante d’Etats insulaires, ont ratifié l’Accord de Paris sur le climat. La France, pays hôte, doit finaliser son processus de ratification par un vote de la chambre haute, prévu avant l’été 2016. Cette COP 21 a également souligné le besoin de coopération régionale des Départements et Collectivités d’outre-mer. Longtemps laissés au ban des relations entre les pays de leurs régions respectives, les DOM-COM prennent petit à petit en main leur destin diplomatique et se rapprochent de territoires qui partagent les mêmes problématiques.

« A Quito, on devra prendre en compte les nouveaux défis liés à la biodiversité et au développement durable dans des environnements urbains constituant de plus en plus le cadre de vie pour des millions d’habitants »

Prochaine étape ? La Conférence Habitat III d’abord. Depuis 1976, date d’Habitat I à Vancouver, une prise de conscience nouvelle tente d’associer l’urbanisation rapide à la nécessité d’un habitat humain et durable. Habitat II, 20 ans après, reconnaissait la ville comme moteur de croissance et l’urbanisation comme outil de lutte contre la pauvreté. On soulignait aussi à Istanbul le rôle nouveau des autorités locales dans la lutte pour la qualité du cadre de vie urbain. A Quito, on devra prendre en compte les nouveaux défis liés à la biodiversité et au développement durable dans des environnements urbains constituant de plus en plus le cadre de vie  pour des millions d’habitants. C’est donc à une gouvernance nouvelle que la Conférence de Quito, co-présidé par la France, appellera en octobre prochain sous la houlette de l’Assemblée générale des Nations Unies et les Outre-mer français veulent y faire de nouveau entendre leur voix. La COP 22 suivra de quelques mois. On annonce d’ores et déjà que l’océan sera « au coeur des débats ». 22 Etats se sont d’ailleurs rassemblés sous le groupe « Because the Oceans », « c’est le signe que nous sommes sur le point d’entrer dans une nouvelle ère pour l’action climatique, qui prendra désormais en compte la partie bleue de la planète représentant 75% de la surface terrestre. L’océan absorbe 25% des émissions de CO2 et 90% de la chaleur associée au changement climatique. Cette reconnaissance était attendue depuis très longtemps », rapporte Dominique Martin-Ferrari, d’Outremers Métamorphoses.

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En amont, il faudra activer les ratifications de l’Accord de Paris. Les 175 Etats signataires ont un an, depuis le 22 avril dernier, pour y apporter leur ratification. Il en faut au minimum 55 pour l’Accord soit effectif. Les Outre-mer et leurs voisins insulaires attendent beaucoup de cet Accord. Leur première bataille a été celle de la sensibilisation. Le paradoxe de leur fragilité au changement climatique face à leur faible impact sur l’environnement a été mis en lumière. Il leurs reste dorénavant la bataille de l’application. Si les 55 ratifications nécessaire à la mise en œuvre de l’Accord n’est pas atteint, tous les efforts de sensibilisation et d’actions diplomatiques auront été vains.