Nouvelle-Calédonie : Un « retour à la normale » compliqué à Saint-Louis

Nouvelle-Calédonie : Un « retour à la normale » compliqué à Saint-Louis

Ce lundi 31 octobre marque le deuxième jour de statu-quo dans le secteur de Saint-Louis. Les opérations de déblaiement de la route menées par la Mairie de Mont-Doré ont été interrompues suite au vol d’un camion de nettoyage. A ce jour, ce sont plus de 12 000 calédoniens bloqués dans le sud du Pays.

Il faudra encore faire preuve de patience à Saint-Louis. Si la situation est pour l’heure calme, la circulation par la route provinciale 1, seule route d’accès du Sud,  est encore impossible ce lundi soir. En cause, les travaux de déblaiement de la chaussée ont été suspendues après le vol d’un camion de  nettoyage par des jeunes encagoulés. L’opération de désencombrement a été reportée au 1er novembre. Deux jours d’immobilisation qui commencent à peser lourd dans le quotidien des Mont Doriens et des autres habitants en séjour dans le secteur. Selon les autorités calédoniennes, ce sont plus de 12 000 personnes bloquées dans le secteur de Saint-Louis. Exaspérée par la situation, une pétition a été activée afin de mettre en place un moyen de circulation alternatif vers le sud calédonien.

Sur le terrain, la solidarité s’organise avec les moyens du bord. Les personnes bloquées trouvent refuge chez l’habitant ou investissent les gymnases ou les centres d’accueils réquisitionnés par la mairie de Mont-Doré. Mais les premières pénuries commencent à se faire sentir, les magasins aux alentours commencent de manquer de produits de première nécessité, faute de ravitaillement. Invité du journal de Nouvelle-Calédonie, le Haut-Commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, Thierry Lataste a répété suivre le déroulé des évènements de près. Il a rappelé que l’ensemble des services de l’Etat est mobilisé pour rétablir la circulation. Thierry Lataste a également lancé un appel à toute personne ayant une influence sur les jeunes de Saint-Louis pour un retour au calme.

Priorité au dialogue et à la médiation

Côté politique, les différentes autorités (chefferies coutumières, mairie de Mont-Doré, gouvernement) privilégient le dialogue pour apaiser. Plusieurs réunions de crise ont été organisées depuis dimanche. Une discussion longue et « pas facile » ,selon Eric Gay le maire de Mont-Dore. « La décision unanime a été de ne pas passer à un stade supérieur. Les forces de l’ordre ont les moyens de le faire mais ce n’est pour nous pas la solution car cela risque d’engendrer des conséquences encore plus importantes « Pour être concret, cela nous amène à un risque de blocage de cet axe sur un temps assez conséquent afin de laisser cette discussion se faire, et d’essayer d’intervenir sur le terrain de façon active pour faire cesser cela, déclare Éric Gay. On va passer par cette étape, avec l’espoir que dans cette forme de dialogue et d’apaisement les choses se régleront», estime Eric Gay aux Nouvelles Calédoniennes

Saint-Louis, un secteur régulièrement sous tensions

Le secteur de Saint-Louis est régulièrement le théâtre d’affrontements entre certains jeunes de la tribu et les forces de l’ordre. En mars dernier, une opération de récupération de véhicules volés par la gendarmerie a abouti à des caillassages et plusieurs voitures brulées. Le 8 septembre 2015,  la mission  de recherche de Brice Kamodji, un délinquant multirécidiviste évadé du Camp-Est quelques mois auparavant met le feu au poudre. Une série d’événements qui souligne le problème sous-jacent de la délinquance juvénile en Nouvelle-Calédonie. De nombreux jeunes déscolarisés, organisés souvent en groupe sous divers noms comme les « clochards », les « cafards » et les « Falloujah », commettant de nombreux cambriolages et caillassages de voitures sur la RP1, prennent ainsi régulièrement en otage la vie quotidienne des habitants.

Pour l’heure, le statu-quo est de mise mais nombreux s’interrogent sur la résolution de ce conflit, d’autant plus que les premières sessions d’examens débutent ce mercredi.