Nouvelle-Calédonie : Le Père Rock APIKAOUA à l’honneur pour ses 30 ans de prêtrise

Nouvelle-Calédonie : Le Père Rock APIKAOUA à l’honneur pour ses 30 ans de prêtrise

Ordonné prêtre à Vao le 18 décembre 1987, Rock Apikaoua est jusqu’à ce jour le seul prêtre originaire de l’ile des Pins.Ces 3 décennies de vocation religieuse ont été fêtés chez lui durant 4 jours (de vendredi à lundi).

Arrivé vendredi, le Père Apikaoua a été accueilli par le Grand Chef Hilarion Vendegou. Tout au long des festivités, des repas et des coutumes ont été offerts et des projections de films consacrés au Père Apikaoua ont été proposées. Une grand messe a été célébrée à Saint-Maurice, suivie d’une plantation d’arbres et de la présentation de 3 sculptures.

Un sacerdoce politique

Originaire de l’île des Pins, Rock Apikaoua, né en 1955 à Yaté, est revenu à 5 ans vivre à l’Ile des Pins. Après un service militaire et un CAP en maçonnerie, Rock Apikaoua découvre sa vocation religieuse à l’âge de 22 ans. Il entame sa formation religieuse à la mission de Saint-Louis au Mont-Dore, en 1977. Il sera d’abord séminariste à Suva aux Fidji (1978 à 1985) puis ordonné diacre le 15 décembre 1985. Enfin, il est ordonné prêtre le 18 décembre 1987 dans son île natale, devenant le premier prêtre Kunié (nom des Mélanésiens originaires de l’île des Pins). Il exerce alors son ministère à Thio de 1985 à 1987, village minier de la côte Est alors au cœur des « Événements », affrontements violents entre partisans et opposants à l’indépendance de l’archipel.

Dix ans après son ordination, l’archevêque de Nouméa Michel-Marie Calvet le nomme vicaire général du diocèse en 1997.Devenu le deuxième personnage de l’Église catholique en Nouvelle-Calédonie, il est l’un des acteurs majeurs de l’apaisement des tensions entre ethnies liées à l’histoire politique et sociale de l’archipel. Il est  l’initiateur et l’organisateur, entre 1998 et 2004, avec le pasteur Jean Wete et à la demande de la famille Wéa d’Ouvéa, du comité de réconciliation entre les clans  Tjibaou et  Yeiwéné d’une part, les deux dirigeants indépendantistes assassinés à Ouvéa le 4 mai 1989, celui de leur assassin Djubelly Wéa et celui du garde du corps qui a abattu ce dernier, Daniel Fisdiepas. Cela aboutit à une série de cérémonies coutumières de pardon et de réconciliation au cours de l’année 2004 à Tiendanite (tribu des Tjibaou) et Tenem (celle des Fisdiepas) à Hienghène, à Maré (terre des Yeiwéné) et à Gossanah (tribu des Wéa) à Ouvea.

Le Père Rock, comme chacun le nomme en Nouvelle-Calédonie,  est  l’une des figures morales qui compte dans le pays. Le week-end dernier, 700 personnes sont venues chez lui honorer ses 30 ans de prêtrise.

Par Charles Baudry