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Mayotte était toujours sous tension mardi, avec une grande manifestation à Mamoudzou contre l’insécurité et l’immigration irrégulière, alors que le gouvernement tente de trouver une issue au conflit, notamment en contournant le droit du sol.
Une délégation du collectif des citoyens, de l’intersyndicale et des élus est arrivée à la préfecture à Dzaoudzi à 16h30 (14h30 en métropole) pour rencontrer la ministre des Outre-mer Annick Girardin, au lendemain de premières annonces gouvernementales, dont l’esquisse d’un statut extraterritorial pour la maternité de l’île. Avant d’entrer dans la préfecture, Fatihou Ibrahim, porte-parole du collectif des citoyens, a prévenu que la ministre allait « nous servir de boîte aux lettres ».
« On va lui remettre un courrier » pour demander un gouvernement de « nous envoyer un véritable interlocuteur qui sera capable d’engager le gouvernement sur trois points: le rattrapage de Mayotte, qui nous est dû, le développement de Mayotte, qui nous est dû, et l’insécurité, sur laquelle nous n’allons pas négocier, parce qu’on ne peut pas avoir de liberté sans avoir de sécurité », a-t-il détaillé. L’intersyndicale et le collectif initiateurs du mouvement avaient refusé de la rencontrer lundi à son arrivée dans l’île, pour la rentrée des classes, dénonçant une « mascarade » et un manque de volonté du gouvernement « de mener de véritables négociations sur (leurs) revendications ».
Mardi matin, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte, contre l’insécurité et l’immigration clandestine en provenance des Comores, à 70 km de là, mais aussi pour réclamer davantage d’actions de l’Etat. « On est là pour crier notre colère. A partir d’aujourd’hui, nous allons défier le gouvernement », a lancé en début de manifestation un porte-parole du collectif. « Non à la conférence, oui aux actions », pouvait-on lire sur certaines banderoles en référence à la conférence sur l’avenir de Mayotte proposée par la ministre la semaine dernière.
« Je suis là pour la sécurité principalement, et pour tous les problèmes sociaux », a expliqué Lisa, enseignante de 26 ans, énumérant le manque d’écoles et de lits à l’hôpital. « Que les clandestins retournent à Anjouan ou en métropole ! », hurlait une autre manifestante, qui a refusé de donner son nom. Dans le même temps, entre 200 à 300 manifestants ont investi le conseil départemental pour dénoncer la « trahison » de certains élus qui avaient accepté la veille de discuter avec la ministre, à Dzaoudzi. Le porte-parole du collectif des citoyens a qualifié l’événement d' »absolument regrettable ». Annick Girardin « a toute la légitimité et toute latitude pour intervenir », a défendu le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. Lundi, la ministre a ouvert le chantier, qui fait débat, d’un possible statut d’extraterritorialité pour l’hôpital, dont la maternité est la première de France avec quelque 10 000 naissances chaque année.
Législative partielle à risque
L’objectif est d’enrayer la multiplication de naissances d’enfants de mères venues des Comores voisines et en situation irrégulière, ce qui est perçu comme un abus du droit du sol. « En 2015, plus d’un adulte sur deux vivant à Mayotte n’y est pas né », et les natifs des Comores « représentent 42% de la population du département », selon l’Insee. Avec ce statut, la maternité serait « en quelque sorte une maternité internationale », mais le droit du sol ne serait pas remis en cause, explique le député En Marche Aurélien Taché dans La Croix: « au lieu d’obtenir automatiquement la nationalité française », les enfants de femmes comoriennes qui y naîtraient « pourraient être déclarés comme Comoriens au registre de l’état civil ».
L’ancienne ministre des Outre-mer et députée de la Réunion (Nouvelle gauche) Ericka Bareigts s’est étonnée que « personne ne parle d’investissements aux Comores » et a appelé à un « dialogue diplomatique » entre la France et les Comores. Dans ce climat, l’élection législative partielle du 18 mars (deuxième tour le 25) est maintenue malgré les risques. Les manifestants ont annoncé la couleur: « Chacun va imprimer un bulletin ‘sécurité du département’ et le mettre dans l’urne », a assuré l’un d’eux.
Avec AFP.