Mayotte: l’Etat veut maîtriser les flux migratoires pour faire retomber la pression

Mayotte: l’Etat veut maîtriser les flux migratoires pour faire retomber la pression

Au cours de ces six dernières semaines, 750 étrangers en situation irrégulière à Mayotte ont été placés en centre de rétention administrative en vue d’être reconduits à la frontière, au cours des six dernières semaines, a annoncé le préfet de Mayotte. Un chiffre en baisse par rapport à la même période en 2015. 

Frédéric Veau a fait le point avec les maires de l’île sur la situation après les opérations d’expulsion d’étrangers organisées dans plusieurs communes par des collectifs d’habitants depuis janvier, a précisé mercredi un communiqué. « Au cours des six dernières semaines, 92 opérations (de contrôle, ndlr) ont été réalisées et 750 étrangers en situation irrégulière ont été amenés au centre de rétention administrative en vue d’être reconduits à la frontière« , a indiqué Frédéric Veau, qui depuis son arrivée a annoncé sa volonté d’accentuer la lutte contre l’immigration clandestine. Depuis début 2016, il y eu 6 000 reconduites à la frontière contre 18 763 à la même période en 2015. Par ailleurs, la situation des « expulsés » qui campent depuis maintenant un mois sur la place de la République à Mamoudzou (chef lieu), est « examinée dans le cadre des lois et des règlements en vigueur« , et dans ce cadre, « aucun départ vers La Réunion ou la métropole n’est possible, pas plus qu’un relogement« , affirme le communiqué.

Les collectifs villageois sont allés jusqu'à brûler les maisons d'immigrés comoriens ©Habarizacomores.com

Les collectifs villageois sont allés jusqu’à brûler les maisons d’immigrés comoriens ©Habarizacomores.com

Concernant les demandes de titres de séjour, il a été convenu que chaque maire désignera « un référent chargé de travailler (…) sur l’authenticité des certificats d’hébergement fournis« . Le préfet a également proposé la réalisation d' »un inventaire » des situations d’urbanisme illégal, avec une mention particulière apportée aux zones à risques naturels. Pour les procédures d’expulsions, les maires disposeront « d’une fiche leur permettant de connaître précisément les actions qu’ils pourront engager au titre de leurs pouvoirs de police et celles relevant d’une décision judiciaire« .

La Place de la République, dans la capitale Mamoudzou, où beaucoup d'immigrés comoriens ont trouvé refuge après la destruction de leurs foyers ©MayotNews

La Place de la République, dans la capitale Mamoudzou, où beaucoup d’immigrés comoriens ont trouvé refuge après la destruction de leurs foyers ©MayotNews

Si aucune nouvelle opération d’expulsions n’a été organisée par des collectifs d’habitants depuis le 5 juin, « 80 adultes » et « plus de 200 enfants » trouveraient encore refuge sur la place de la République chaque nuit, selon le président de l’antenne locale de La ligue des droits de l’Homme. Les différents collectifs qui leur viennent en aide continuent de dénoncer le « statu quo » des services de l’Etat et demandent à être reçus par le Préfet afin de « débloquer la situation« . Médecins du Monde a, une nouvelle fois, tiré la sonette d’alarme quant aux 300 personnes chassées de leurs logements et qui vivent encore sur la Place de la République dans des conditions déplorables, « les infections respiratoires, les fièvres, les rhumes et les diarrhées se multiplient, surtout chez les enfants« . L’ONG met en garde contre « une crise sanitaire sans précedent« . Le 101e département français subit une forte pression migratoire venant des îles voisines des Comores, à 70 km de ses côtes.

Avec AFP.