Mayotte: la justice demande l’interdiction d’une manifestation pour expulser des « étrangers »

Mayotte: la justice demande l’interdiction d’une manifestation pour expulser des « étrangers »

© Journal de  Mayotte

Le Tribunal administratif de Mayotte a enjoint le maire d’une commune du sud de l’île d’interdire une manifestation prévue dimanche pour expulser des « étrangers » de leur domicile, a indiqué la Préfecture de Mayotte.

Saisi par trois associations – la Cimade, le Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI) et le Secours Catholique , le Tribunal administratif de Mayotte a ordonné samedi dans une ordonnance au maire de la commune de Kani-Kéli (sud de l’île) « d’interdire la manifestation organisée par le collectif » et a enjoint le préfet de Mayotte à « mobiliser les forces de police et de gendarmerie nécessaires pour éviter que cette manifestation se déroule et garantir la sécurité des personnes et des biens ». Un tract du « Collectif du village de Kani-Kéli » avait appelé pour dimanche à « une manifestation et expulsion pacifique de toute personne en situation irrégulière dans notre village (toutes les nationalités) ».Ce collectif a indiqué également avoir établi « une liste de toutes personnes qui louent leur maison sans contrat de location et qui ont donné leur terrain pour construire des bangas (habitations de fortune, ndlr) à des clandestins » et demandé »à ces personnes concernées de faire partir les clandestins de leurs maisons par eux-mêmes avant le dimanche 5 juin ».

Le 101e département français subit une forte pression migratoire venant des îles voisines des Comores, à 70 km de ses côtes. Depuis plusieurs semaines, la population locale, exaspérée, n’hésite plus à expulser de leur logement ces personnes, qu’elle accuse de tous les maux (délinquance, etc.). Certains ont dû s’installer sur la place centrale de Mamoudzou (chef-lieu) dans des conditions insalubres.Des centaines de familles comoriennes ont été ainsi « décasées ». Contrôlées ensuite par les forces de l’ordre, une partie d’entre elles ont été reconduites à la frontière. Ce samedi, la traditionnelle course de pneus de Mayotte a été interrompue samedi par la mairie de Mamoudzou en raison d’actes de violence. Des témoins ont fait état de jeunes cagoulés ayant caillassé la foule avec de grosses pierres et ayant jeté sur la voie publique des morceaux de verre. Les forces de l’ordre sont intervenues pour rétablir le calme. « C’est la 33e édition et la première fois que la course de pneus est annulée pour des problèmes de sécurité », ont regretté les organisateurs de l’événement. Selon un premier bilan de la préfecture, 11 personnes ont été blessées, dont 6 ont été conduites à l’hôpital, et deux personnes auraient été interpellées.

 

Avec AFP