Cérémonie d’hommage aux deux militaires français tués en Guyane, le 2 juillet 2012 ©Jérôme Valette / AFP
Le procès des orpailleurs brésiliens, soupçonnés d’avoir tué en 2012 deux militaires français lors d’une opération de l’armée et de la gendarmerie contre les chantiers aurifères illégaux en Guyane, s’ouvre ce lundi 10 octobre en Martinique devant la cour d’assises spéciale.
Jusqu’au 20 octobre, quatre hommes seront jugés devant cette cour composée uniquement de magistrats professionnels, pour le meurtre en bande organisée des deux militaires. Lors de ce jugement, seulement deux des quatre hommes seront présents en Martinique. Les deux autres, dont le chef présumé du gang qui avait ouvert le feu avec des armes de guerre sur les militaires, restent détenus au Brésil, où ils ont été condamnés à la perpétuité pour d’autres faits, ce pays n’extradant pas ses ressortissants.
Le 27 juin 2012, l’adjudant Stéphane Moralia, 28 ans, et le caporal-chef Sébastien Pissot, 33 ans, appartenant au 9e Régiment d’infanterie de marine (Rima), participaient à une opération de lutte contre l’orpaillage illégal à Dorlin (sud-ouest de la Guyane), sur la commune de Maripasoula, commune la plus étendue de France. Victimes d’une embuscade, Sébastien Pissot est tué sur le coup et Stéphane Moralia grièvement touché. Il décèdera quelques heures plus tard. Trois autres gendarmes ont aussi été blessés lors de l’accrochage. L’enquête a été confiée aux juges de la Juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS) de Fort-de-France (Martinique), chargée de la criminalité organisée. Après une traque de plusieurs jours menée par les gendarmes au coeur de la forêt guyanaise, plusieurs personnes seront finalement interpellées en Guyane et au Brésil.
A la tête du gang lourdement armé, Ferreira Manoel Moura alias Manoelzinho, un Brésilien de 25 ans. Sa bande est suspectée de faire régner la terreur sur le secteur de Dorlin où il a pris le contrôle d’un site d’orpaillage par la violence en tuant des rivaux aux mêmes méthodes. Il est arrêté avec un de ses lieutenants le 27 juillet 2012 à Macapá (Brésil), où il reconnaît les meurtres des militaires français. Il a à son actif plusieurs condamnations pour homicides, notamment au Brésil où il a été condamné en janvier pour les meurtres de cinq orpailleurs sur un site illégal guyanais. La cour d’assises de Cayenne l’a condamné en mars, par défaut, à 20 ans de réclusion pour la mort de deux ressortissants brésiliens en Guyane.
« On veut quoi de ces deux semaines ? Qu’il n’y ait pas de sacrifice oublié. Et surtout que les peines de prison qui vont être prononcées soient effectives pour ceux qui sont au Brésil », ont expliqué les parents de Stéphane Moralia, dans un entretien au journal La Dépêche. Les familles des deux militaires assisteront au procès. Cinq gendarmes impliqués dans l’attaque devraient témoigner.
Avec AFP.