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Alors que l’accord a été signé il y a une semaine pour lever les barrages qui paralysaient la Guyane, trois grèves portées par l’Union des travailleurs guyanais (UTG) perturbent encore le centre hospitalier Andrée Rosemon de Cayenne (CHAR), le Groupement pétrolier d’avitaillement de Rochambeau (GPar) et les services d’EDF.
A EDF, des grévistes ont pris le contrôle depuis jeudi 28 avril des deux sites stratégiques qui pilotent l’alimentation électrique du territoire et ont provoqué des coupures de courant. « Le mouvement social s’est durci », nous confirme le porte-parole d’EDF, Philippe Lahary, soulignant « ne pas reconnaître dans ces initiatives et ces coupures de courant volontaires, l’esprit de service public qui anime la plupart des salariés d’EDF, dont 85% ne sont pas grévistes ». Plusieurs milliers de clients sont à nouveau privés de courant aujourd’hui à Kourou, Saint-Laurent du Maroni et Cayenne.
« Le départ du directeur d’EDF » comme préalable à la reprise des discussions
EDF a porté plainte contre ces occupations de site et a obtenu vendredi 29 avril dans l’après-midi une décision favorable du Tribunal de Grande instance de Cayenne. Dans son ordonnance, le président du TGI considère que le droit de grève « ne doit pas s’exercer selon des modalités qui causent des troubles manifestement illicites tel que l’atteinte à la liberté du travail, l’atteinte à la libre circulation des personnes et des biens, ou encore empêcher EDF d’assurer la sécurité de ses installations et la continuité de la production, du transport et de la distribution, missions de service public ». Le juge a notamment condamné le syndicat à un paiement maximum de 10 000 € par jour et par site occupé et à une astreinte de 200 € par infraction constatée et par personne à partir de la signification de sa décision.
« L’exécution de ce jugement permettra de garantir à nouveau la sécurité des personnes et des biens, grâce à la maîtrise du système électrique. Elle permettra également aux salariés non-grévistes de retrouver leurs droits fondamentaux » a précisé Philippe Lahary, qui en appelle « à la responsabilité des grévistes ». Ces derniers exigent « le départ du directeur d’EDF » comme préalable à la reprise des discussions. « Cette demande nous est présentée comme un préalable pour sortir du conflit. Elle n’a aucun fondement et est inacceptable pour EDF », explique le porte-parole d’EDF. « Notre directeur fait l’objet d’accusations mensongères de la part de quelques personnes contre lesquelles il ne s’interdit pas de porter plainte ».
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L’UTG Eclairage réclame aussi le paiement des jours de grève au motif que « le cahier de revendications 2017 reprend presque intégralement celui de 2015 », comme l’a déclaré à la presse Davy Rimane, son secrétaire général. « Nous contestons cette affirmation : 90% des revendications qui nous ont été présentées sont sans lien avec le protocole de fin de conflit d’octobre 2015. Les 10% qui concernent le passé portent sur des points dont la mise en œuvre est programmée dans l’entreprise » assure Philippe Lahary. « Nous mettons tout en œuvre pour établir des modalités de négociations partagées avec l’UTG Eclairage. Nous espérons une réunion prochaine, la plus rapide possible, pour converger sur l’emploi, seul point des revendications présentées sur lequel il reste encore à trouver un accord ».
Vers un blocage du port ?
Un autre conflit se poursuivait toujours au centre hospitalier Andrée-Rosemon (Char) de Cayenne, où une petite partie du personnel est en grève depuis quasiment un mois, pour réclamer des effectifs et du matériel supplémentaires, ainsi que de meilleures conditions de travail.
Les syndicats UTG et CDTG-CFDT de la plate-forme de Dégrad-des-Cannes (Somarig, Grand Port maritime, dockers, Ciment guyanais) envisagent de bloquer le Grand Port maritime, mardi, si les patrons du Char de Cayenne, d’EDF Guyane et du Groupement pétrolier d’avitaillement de Rochambeau (GPar) ne négocient pas au plus vite avec les salariés en colère. S’il n’y a pas de négociations, « le port n’a pas d’autre optique que de rentrer dans une mouvance par solidarité », a indiqué sur Guyane 1ere, Steeve Stanislas, du syndicat UTG.