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Chaque année, ils sont quelques 10 000 jeunes à tenter l’expérience du volontariat international en entreprise (VIE), un programme de mobilité simple et sécurisé porté par Business France. Diplômée de l’école des Mines, Stéphanie Perugien en a fait l’expérience au sein du Groupe Total en République du Congo (RC).
Outremers360 : Comment avez-vous entendu parler pour la première fois du VIE?
Stéphanie Perugien : Je suis de formation Ingénieur Généraliste diplômée de l’Ecole des Mines de Douai. A la sortie d’école, je voulais absolument quitter la métropole pour acquérir de l’expérience professionnelle car partir à l’étranger était et est toujours l’un de mes objectifs. Alors je suis allée sur Internet pour postuler sur des plateformes de recrutement et me connecter à des groupes d’expatriés. En appliquant des filtres web, je suis tombée sur la plateforme civiweb, qui présentait les VIE. J’ai donc postulé sur la plateforme de recrutement du Groupe Total et ai intégré mon V.I.E à la République du Congo en trois semaines ! À peine le temps de faire mon visa, mes vaccins et mes valises que j’étais déjà dans l’avion.
À savoir, ce n’était pas la première fois que je partais travailler à l’étranger. Juste avant, j’étais en Australie pour plusieurs mois, au sein du Groupe Suez dans la branche Suez Australia & New Zealand, à Sydney et Melbourne où j’étais Asset Manager. Je travaillais dans une usine de potabilisation de l’eau et dans les usines de stockage de déchets non dangereux et inertes à Sydney et dans une usine de dessalement d’eau de mer à Melbourne. J’intervenais surtout au niveau de la gestion des actifs de l’entreprise pour favoriser l’obtention des bénéfices tout en assurant un équilibre entre les coûts, les risques et les performances liés aux actifs.
Pouvez-vous nous raconter cette expérience ?
J’étais ingénieur chef de projets industriels sur tous les dépôts pétroliers de la Zone Est de la République du Congo. J’étais à la fois maître d’ouvrage et maître d’oeuvre, de la conception à la réalisation des projets en passant par le suivi technique sur le chantier.
Pour citer mes plus gros chantiers, j’ai eu la chance de gérer la construction de réservoirs d’hydrocarbures (tuyauteries associées) ou encore la conception d’un appontement pétrolier.
Qu’est-ce que cette expérience vous a apporté ?
J’en retire une expérience très riche tant sur le plan professionnel que personnel. À l’époque, j’avais 26 ans lorsque j’ai intégré mon V.I.E. Avec le recul, pour moi, il est évident que ce type de postes transverses à hautes responsabilités et à nos jeunes âges n’est clairement pas proposé en France.
Sur place, cela n’a pas toujours été évident car du fait de mon jeune âge et également du fait d’être une femme, mon autorité a été remise en question, du moins au début. Mes collègues, à 100% des hommes âgés de plus de 45/50 ans, m’ont permis d’acquérir une expérience professionnelle en accéléré! Les débuts ont été difficiles mais après cela s’est très bien passé. À tel point qu’ils ne voulaient plus me laisser repartir avant la fin de ma mission. Mais malheureusement, étant V.I.E, donc ni CDI ni en CDD, j’ai dû écourter lorsqu’une offre de CDI au siège m’a été proposée. J’ai donc intégré le département construction maintenance de Total Marketing France fin 2018. Depuis, je suis responsable maintenance et sécurité sur plus d’une centaine de stations-services sur 6 départements français. Pour tout vous dire, je pense qu’il m’aurait été difficile d’avoir ce poste sans le VIE!
Que retenez-vous de cette expérience en tant que VIE ?
La mobilité professionnelle est très importante!! Elle devient une valeur ajoutée sur le C.V et nous permet d’évoluer plus rapidement dans notre carrière.
Pour moi, ce V.I.E a été un véritable tremplin professionnel.
Aussi, il faut savoir que sur un poste comme le mien actuellement, il y a beaucoup d’anciens VIE. Cela montre, selon moi, que le VIE est considéré comme une vraie workforce et un vivier de talents pour l’export.
Que diriez-vous aux jeunes ultramarins diplômés qui hésitent encore à tenter l’expérience ?
Sur la zone Afrique Moyen-Orient, on a une vraie valeur ajoutée, nous, les jeunes ultramarins. Instruisez-vous, allez-y, c’est à la portée de tout le monde. J’ai pu rencontrer un directeur d’entreprise originaire de la Martinique. Il a fait succès là-bas. Il y a une vraie diaspora antillaise à la République du Congo. Je pouvais déguster du colombo les samedis et dimanche (rires), vous ne serez pas dépaysés ! Le style de vie est similaire à celui que l’on retrouve sur nos territoires ultramarins. La température est à peu près identique idem pour les paysages. Et, les salaires sont très attractifs.
Quels sont vos prochains projets professionnels ?
Partir à nouveau ! J’ai déjà postulé pour la République du Congo, à Pointe Noire, sur des bases industrielles. Cela fait déjà deux ans et demi que je suis en poste en Métropole, j’ai vraiment envie de repartir. On m’a proposé de revenir en Martinique, mais je ne suis pas encore prête professionnellement parlant à revenir. Il me faut acquérir encore plus d’expériences. Aux Antilles, il est difficile pour nous jeunes ultramarins de revenir à la sortie d’école car souvent confrontés à notre manque d’expériences professionnelles. Pour ma part, j’ai essayé et n’ayant pas trouvé, je suis repartie en métropole pour trouver du travail.
Propos recueillis par Amélie Rigollet
Pour en savoir plus sur le VIE et découvrir d’autres témoignages de jeunes ultramarins, vous pouvez cliquer sur ce lien : Témoignages d’d’anciens V.I.E ultramarins d’origine ou de cœur ou consulter le site de Business France