Joël Destom: « Le Comité économique social européen, un espace de dialogue civil permanent»

Joël Destom: « Le Comité économique social européen, un espace de dialogue civil permanent»

© Outremers 360

Les nouveaux membres du Comité économique et social européen ont été reçus le 6 octobre 2020. 24 français pour 326 représentants de la société civile des 27 pays de l’Union européenne. Joël Destom fait partie de cette délégation française. Ce dirigeant d’AG2R LA MONDIALE et de la MIAG est le seul représentant ultramarin. Outremers360 l’a rencontré après sa première journée de travail à Bruxelles.

Outremers 360: Il y a quelques semaines, nous évoquions, au conditionnel et en exclusivité, votre nomination en qualité de membre du Comité économique et social européen. La décision du Conseil de l’Union, publiée au Journal Officiel de l’Union Européenne le 5 octobre confirme cette nomination. Vous êtes l’un des 24 français. Qui a décidé de cela et quelle est votre mission ?

Joël Destom : J’ai fait mes premiers pas dans une institution qui gagne à être connue. Disons simplement que le rôle du Comité est de rendre des avis exprimant les intérêts de la société civile organisée sur la plupart des grands sujets européens. La France, comme chaque pays de l’union européenne, propose des membres qui constituent une délégation. Je crois que la liste proposée est l’une des dernières décisions prises par le gouvernement d’Edouard Philippe.

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Outremers 360: Quels sont vos atouts pour représenter la France ?

Joël Destom : Les membres du Comité sont répartis en trois groupes, employeurs, organisations syndicales et diversité (avec les associations, les fondations, les mutuelles, les ONG, etc.). Je suis membre du groupe « Diversité Europe » et ai déjà l’habitude de travailler avec toutes les familles représentées dans l’institution. Je perçois la nécessité d’être en capacité de contribuer à une forte culture du consensus, de traiter beaucoup de sujets protéiformes, ayant tous un impact sur le quotidien des gens. Je crois que mon activité professionnelle m’a largement préparé à cela. Et puis, j’ai le « logiciel outre-mer », comme le dit si bien Raphaël Confiant … « je n’habite pas une seule identité » !

Outremers 360 : Quels seront vos sujets de prédilection pendant cette mandature ?

Joël Destom : Pour l’instant, je ne connais pas encore le champ des possibles et suis soucieux d’apprendre. Je serai particulièrement sensible à tous les sujets en lien avec les notions (au sens large) de liberté, de protection, de sécurité et citoyenneté. J’aurai également à cœur d’identifier les points d’appui pour les organisations de la société civile qui jouent un rôle essentiel, accru en période de crise. Je rechercherai aussi tous les liens possibles entre les enjeux européens et les territoires ultramarins. Débattre, formuler des avis et des propositions impose le respect des différences.

«La crise sanitaire, économique, avec des drames sociaux à l’horizon, place tous les pays de l’Union devant une réalité partagée. Je crois que le Comité peut être un espace de dialogue civil permanent pour l’émergence de propositions concrètes.»

Point important, mon engagement est nourri par un quotidien professionnel dédié à la protection sociale (prévoyance, santé, retraite, grand âge, autonomie). Je suis bien placé pour apprécier à quel point la crise sanitaire, économique, avec des drames sociaux à l’horizon, place tous les pays de l’Union devant une réalité partagée. Je crois que le Comité peut être un espace de dialogue civil permanent pour l’émergence de propositions concrètes.

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Outremers 360: Quel regard portez-vous sur les relations entre l’Union européenne et les Outre-mer ?

Joël Destom : Il est impossible de répondre à une telle question en quelques mots. Quel que soit le bassin océanique, il y a une « distance avec l’Europe » amplifiée pour des raisons historiques et identitaires qu’il ne faut surtout pas nier. Seuls 3 pays sur 27 (France, Espagne et Portugal) ont un réel intérêt à alimenter le « réflexe outre-mer ». Dans un contexte tel que celui que nous vivons, cela m’interpelle.

L’alignement entre les questions statutaires, les politiques dédiées et les ambitions, le développement économique et social est-il partagé ? Les raisons stratégiques de présence de l’Union dans le monde sont-elles suffisantes pour nourrir un lien ? Malgré le financement de chantiers emblématiques (Nouvelle Route du Lttoral à La Réunion, haut débit en Guyane, transport en site propre en Martinique, Memorial Act en Guadeloupe), la citoyenneté européenne est-elle pleinement vécue en outre-mer ?

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Dans moins de 24 mois, la France assurera la présidence de l’Union Européenne et nous devons mesurer de façon juste l’importance de ces relations. Je vois clairement les enjeux qui se présentent à tous. L’occasion encore une fois, de mieux faire comprendre cette notion d’Europe et plus que tout de faire partager ses expertises. Pour reprendre les mots de Clément Beaune, Secrétaire d’Etat aux affaires Européennes : «L’Europe s’est redécouverte dans la crise de la Covid-19 : non pas comme un État, mais une véritable puissance.» 

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Le contexte sanitaire et social, la relance économique, les défis environnementaux, l’enjeu de la transition numérique … sont des sujets jugés importants et prioritaires pour l’agenda européen. Ils sont essentiels pour l’avenir des territoires ultramarins.

En résumé, nous avons des chantiers immenses….qui me préoccupent en tant que citoyen, en tant qu’acteur engagé.
J’ai le sentiment d’être à l’intersection de valeurs et de patrimoines culturels multiples. Et, cette première journée avec des femmes et des hommes venant de toute l’Europe crée de l’envie et donne de l’espoir!

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EXCLU. Le guadeloupéen Joël Destom nommé au Comité économique et social européen à Bruxelles

Propos recueillis par Marie Christine Ponamalé