Henri Brown (à gauche) et Alexandre Lépé ©Province Sud / TR / Suez Outre-mer
Suite et fin de notre série historique sur les SAS Calédoniens, en partenariat avec Suez Outre-mer. Ce dimanche, retour sur le destin hors du commun d’Henri Brown, le Kanak du Bataillon du Ciel appelé aussi les SAS, et sur celui de Marie-Claire Chamming’s, résistante de la première heure, messagère et agent de liaison durant la Seconde Guerre mondiale.
Le père d’Henri Brown, Barinet Brown, est né à Maré puis il vient à Poum travailler avec les baleiniers. Il épouse Annette Nidoish et ils auront cinq filles et quatre garçons dont Henri Brown, né le 10 décembre 1924 sur l’îlot Mwack, en face du village de Poum. Le 2 mars 1943, âgé de 19 ans, Henri s’engage dans les Forces Aériennes de la France Libre et part avec ses camarades Calédoniens sur le croiseur US Helena le 4 mars 1943.
Son fils, Narcisse Brown, se souvient : « Papa nous a raconté leur dur hiver d’entraînement en Ecosse. Il faisait froid et c’était la première fois qu’il voyait la neige tomber ». Le 5 juin 1944, Henri voit ses copains du 4ème SAS prendre leur barda : ce sont les quatre 1ers sticks (groupes) parachutés en Bretagne dans la nuit du 5 au 6 juin. Le 9 juin au matin, c’est au tour d’Henri d’être appelé. Ils sont dix-huit à partir à bord d’un Whitley et essuient les tirs de la flak (canon antiaérien allemand) avant d’être parachutés dans les côtes du Nord en Bretagne. Dès le 10 juin, son camp est attaqué et l’ordre de dispersion leur est donné.
Henri est notamment chargé, comme les autres paras, de donner un entraînement militaire aux maquisards bretons et de les former au maniement des armes. Narcisse : « Les maquisards étaient surpris de voir un noir parmi les paras. Ils n’avaient jamais entendu parler de la Calédonie ». Ils sont reconnaissants à Henri d’être « venu de si loin pour les aider à mettre les boches dehors ».
Après la Bretagne, Henri part en opérations dans la Loire où il sera blessé. Il est rapatrié en Angleterre le 13 septembre 1944 et regagne la Calédonie sur le Sagittaire en 1946. Croix de guerre, Henri est toujours resté modeste quant à son engagement se souvient son fils : « Il disait que ce qu’il avait fait ce n’était pas grand-chose, qu’il avait juste apporté une modeste contribution à un plan plus vaste qui était la défense de son pays. Il fallait juste avoir le courage de le faire, il l’avait fait et c’est tout. Il nous racontait d’ailleurs peu de choses de la guerre, préférant en parler avec ses camarades de combat, en dehors de la maison, tout comme son voyage en France en 1985″. L’album d’Henri ne sera découvert qu’après sa disparition accidentelle en 1989.
Propos recueillis par Didier Poidyaliwane
Marie-Claire Chamming’s : « J’ai choisi la tempête »
Marie Krebs s’engage dans la résistance à Paris à 19 ans. Son père, Louis Krebs, est l’un des chefs de la résistance à Concarneau et maire de Lanriec. Marie rejoint la Bretagne en mai 1944 puis devient agent de liaison des parachutistes. Inlassablement, sur sa bicyclette, elle défie le danger pour transmettre les messages entre les lieutenants Déplante, Marienne et le commandant Bourgoin. Lorsqu’elle rejoint le commandant Bourgoin après la bataille de Saint-Marcel, il s’exclame : « Comment Marie-Claire mais vous n’êtes pas morte ? On vous croyait morte ! ».
Marie a également bien connu le jeune Loïc Bouvard. Le château de Sainte-Geneviève de la famille Bouvard à Ploërmel abrite les parachutistes. Agé de quinze ans en juin 1944, Loïc sert de messager aux parachutistes et d’aide de camp du commandant Puech-Samson. Il s’illustre notamment pendant la sanglante bataille de Saint-Marcel. Plus jeune titulaire de la Croix de guerre, il deviendra député du Morbihan et vice-président de l’Assemblée nationale.
« Il ne faut jamais oublier ces jeunes d’outre-mer venus de si loin et qui disaient : nous sommes français, il faut aller libérer la France car c’est notre Patrie », Marie Chamming’s, mars 2017
« Déplante était l’exemple à suivre. Il a supervisé des milliers d’hommes et organisé des centaines de parachutages. Il était très carré, autoritaire Je me souviens de lui sous un chêne, transmettant ses ordres, habillé d’un short et…de chaussettes rouges ! ». Après la guerre, Henri Déplante revient travailler chez Dassault. Directeur technique, il mène la formidable épopée des avions Dassault, de l’Ouragan jusqu’au Mirage 2000 en passant par les Falcon et le Mercure. (Entretien avec Marie Krebs Chamming’s, mars 2017).
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