Comme beaucoup d’élus, Ferdy Louisy, maire de Goyave (Guadeloupe), Secrétaire général des Éco-maires et président des Parcs Nationaux de France, est venu directement du Sommet mondial des dirigeants locaux et régionaux, à Bogota, au sommet Habitat III à Quito. Que vient faire le maire d’une commune de 8079 habitants dans une assemblée où les grandes mégalopoles tiennent la vedette ? En toute franchise, il dit venir à la fois partager « l’expérience d’une petite commune rurale à énergie positive, possédant par ailleurs un réel savoir dans la résilience» et venir chercher chez ses alter-ego étrangers, de préférences insulaires voire caribéens, « des exemples de règlementation qu’il pourrait opposer aux règlements métropolitains qui ne prennent pas en compte la spécificité d’un territoire ultramarin ». C’est vrai pour les règles de construction ou encore le calcul de la dotation de l’Etat à la commune, calculée sur le modèle du foyer familial défini par l’INSEE (2,1 enfants), alors que sa commune doit assumer la scolarisation des immigrés clandestins venus d’autres îles des Caraïbes (Haïtiens, Dominicains…).

 

Ferdy Louisy est aussi venu à l’inauguration de l’exposition  Bâtir en bois: du carbet indien à l’habitation, de l’habitation au logement social organisée par le Think Tank Métamorphoses Outremer à l’Alliance Française de Quito. L’exposition, commentée par sa conceptrice, Dominique Martin-Ferrari, popularise le travail des architectes guyanais. Dans les pas de l’ambassadeur de France en Equateur, Jean-Baptiste Chauvin, de Gautier Mignot, directeur général adjoint de la mondialisation, de la culture, de l’enseignement et du développement international au ministère des Affaires étrangères, de Serge Maller, directeur des lieux, des représentants de l’EPAG et de ceux de l’IRD,  et de Catherine Decaux du Comité 21. L’élu guadeloupéen s’intéresse particulièrement au travail sur l’habitat populaire bioclimatique mis au point en Guyane, alliant savoirs ancestraux et techniques de pointe. Des réalisations qui ont valu à leurs architectes -Franck Brasselet, Frederic Pujol, Laurent Chamoux, P. Tritsch – d’être distingués par des prix professionnels.

Faisant largement appel au bois, ces constructions obligent à s’interroger sur la faiblesse de la filière bois en Guyane qui peine à fournir le marché local. Bois toujours dans la structure des bâtiments conçus par Pascal Gontier à Nanterre et à Pessac et par Jean-Paul Viguier à Bordeaux, dont les maquettes et plans ont fait le voyage jusqu’à l’Alliance française.

Le reste de l’exposition retrace l’histoire de la prise de conscience mondiale du rôle des villes via les sommets Habitat, illustrée par des photographies de Paol Gorneg.  La qualité de l’exposition, et celle de ses visiteurs, sa facilité d’accès et la beauté du bâtiment dessiné par l’architecte l’affirment comme un des lieux incontournables d’Habitat III.

 

 

Gilles Luneau