Depuis le 5 janvier, l’épidémie de la dengue a été déclarée sur le Caillou.
Après l’annonce du décès d’un nourrisson de 6 mois hier, la dengue a fait une nouvelle victime. Il s’agit d’ une septuagénaire originaire de Poindimié. Elle était hospitalisée depuis jeudi dernier au centre hospitalier de Koutio. La patiente souffrait également de pathologies lourdes. On dénombre ainsi 10 décès depuis le début de l’épidémie le 5 janvier dernier. Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a renouvellé son appel à la vigilance à l’ensemble de la population calédonienne, rappelant qu’elle doit impérativement se protéger contre les moustiques et détruire les gîtes larvaires qui se trouvent à l’intérieur comme à l’extérieur des habitations.
Des pesticides décriés réutilisés
Face à la propagation virulente de la dengue (plus de 3800 cas déclarés), la lutte anti-vectorielle s’organise. Le service d’Inspection et de Prévention des Risques Environnementaux et Sanitaires (SIPRES) procède notamment à des sessions d’épandages d’insecticides. Dans un communiqué, la ville de Nouméa a précisé qu’il s’agissait d’une opération « indispensable ». «Compte tenu du risque épidémique, l’utilisation d’insecticides (deltamethrine, malathion) sont indispensables », souligne-t-elle.
Or ces deux insecticides sont contestés sur le territoire, en raison de leur dangerosité. Le malathion est un insecticide et un neurotoxique. Un composé dit « organophosphoré » dont l’utilisation est interdite en Europe depuis 2007 et en France depuis 2008. Pourtant,une dérogation a également été accordée pour Tahiti et la Nouvelle-Calédonie. À Nouméa, l’usage du malathion suscite de nombreuses réactions d’hostilité au sein de la population. En 2015, La DASS avait annoncé la saisie de l’OMS sur le maintien ou non des pulvérisations de malathion. «Nous allons saisir l’OMS pour connaître ses recommandations après cette étude classant le malathion en cancérogène problable», précisait Jean-Paul Grangeon médecin-inspecteur de la Dass. Une association environnementale en Nouvelle-Calédonie avait également déposé un recours pour interdire le malathion à Nouméa.
Depuis peu, la Mairie de Nouméa étudie la possibilité de remplacer les épandages de deltaméthrine, devenue moins efficace, au profit de pulvérisations de larvicides biologiques. La municipalité a investi 40 millions de francs pacifique dans un programme innovant d’éradication des moustiques, reposant sur l’introduction d’une bactérie la wolbachia. En partenariat avec l’université Monash de Melbourne en Australie, la ville de Nouméa espère se débarrasser de ce virus d’ici deux ans.