©État-major des Armées
Annoncé mercredi soir depuis Mulhouse par le président de la République, le déploiement de deux porte-hélicoptères aux Antilles-Guyane et dans l’Océan Indien ont d’abord suscité l’espoir avant la « déception et l’incompréhension », selon les termes du député de Mayotte Mansour Kamardine.
« Des renforts qui permettront d’accroitre notre capacité à prendre en charge les patients atteints du virus », avait salué la ministre des Outre-mer à l’issue de la prise de parole du président de la République. Ces deux porte-hélicoptères sont notamment vantés pour être des hôpitaux embarqués, équipés d’au moins 69 lits médicalisés, de deux blocs opératoires et d’une salle de radiologie chacun. De quoi soulager les services de réanimation des hôpitaux des départements et régions d’Outre-mer, souvent limités. L’hôpital de Mayotte, par exemple, compte 16 lits en réanimation.
Mais à y regarder de plus près, les deux porte-hélicoptères, du moins celui qui va arriver dans l’Océan Indien, ne viendraient pas, pour l’heure, assurer la prise en charge des patients atteints du virus. En effet, « ce navire militaire n’a pas vocation à disposer d’équipes médicales ou de matériels à bord. Mobile dans la zone, il va surtout permettre d’acheminer du matériel médical et de rapatrier les Français isolés à l’étranger », peut-on lire sur le site du Journal de Mayotte, mais aussi sur Mayotte La 1ère ou encore RTL Réunion.
Pour le député de Mayotte Mansour Kamardine, c’est « la déception et l’incompréhension ». « Cet espoir que les 400 000 habitants de Mayotte ne soient pas abandonnés à leur sort et à un système de soin sous-dimensionné a été douché froidement », commente-t-il. « Mayotte a besoin d’un renforcement de capacités hospitalières alors que le Mistral ne serait pas armé médicalement notamment en équipes médicales ». Le Mistral « serait cantonné à une mission logistique, de transport et de stockage. Il ne serait pas armé médicalement », insiste-t-il.
Dans un communiqué, les Forces armées dans la zone sud de l’Océan Indien (FAZSOI) ont davantage précisé les contours de cette mission. « La planification concernant les détails de l’éventuel emploi de cette capacité est en cours. Elle sera établie avec les Préfets de La Réunion et de Mayotte », dit-on. En d’autres termes, la mission précise du Mistral sera définie avec les préfets qui devront exprimés les besoins pour chacune des deux îles de l’Océan Indien. « Il ne faut pas qu’on se trompe sur cette mission, car il sera ensuite difficile de la reconfigurer », a fait savoir le préfet de La Réunion.
Covid-19 en Outre-mer : Le porte-hélicoptère Mistral arrivera début avril dans l’Océan Indien
Et en attendant l’arrivée des navires -le porte-hélicoptère Mistral et la frégate Guépratte- prévue début avril, « les FAZSOI fournissent un appui logistique en répondant aux demandes de concours exprimées par la Préfecture dans le cadre du dispositif interministériel » et « peuvent notamment répondre aux sollicitations en fournissant du matériel (…), mais également dans les domaines du transport et du stockage ». Pour l’heure, on ne parle donc pas d’une mise à contribution de l’hôpital embarqué du Mistral au profit des hôpitaux de La Réunion et surtout de Mayotte. Sauf si les préfets en font la demande.
« Le Mistral mouillerait au large de La Réunion qui compte 4 fois plus de lits de réanimation par habitant que Mayotte », ajoute encore Mansour Kamardine. « Je demande que la mission du Mistral soit revue de fond en comble avec un armement médical du navire et son mouillage à Mayotte qui est 4 fois moins bien équipé par habitant que de La Réunion et l’envoi de la frégate légère Guépratte à mi-distance entre Mayotte et l’île comorienne d’Anjouan afin de prévenir le très fort risque migratoire induit par le développement de l’épidémie de coronavirus dans l’union des Comores ».
« La crise est évolutive, très particulière. On ne peut pas définir le lieu de déploiement du Mistral prévue pour la fin de semaine prochaine », a néanmoins précisé le préfet de La Réunion dans son point sur l’épidémie.