Après ses cinq ans d’existence, le MACTe veut se forger une nouvelle identité institutionnelle, patrimoniale et mémorielle

Après ses cinq ans d’existence, le MACTe veut se forger une nouvelle identité institutionnelle, patrimoniale et mémorielle

Le MACTe qui se veut le plus ambitieux lieu d’expressions et de mémoire dédié à la traite et à l’esclavage, célèbre ses cinq ans d’existence. Un anniversaire qui vit au rythme d’un programme aussi riche que divers en cinq actes baptisé « MACTe an nou », avec l’ambition affichée de permettre aux Guadeloupéens de se réapproprier cet outil culturel d’envergure envié à l’international.

Inauguré en mai 2015 par l’ancien président de la République François Hollande et ouvert au public en juillet de la même année, le Mémorial ACTe est considéré comme le plus important lieu d’expressions et de mémoire dédié à la Traite, l’Esclavage et à ses Abolitions. C’est en tout cas l’une de ses ambitions affichées avec aussi la volonté de contribuer à la construction d’une essence solidaire et commune, à travers une collection d’œuvres artistiques contemporaines.

En cette année 2020, le MACTe fête ses cinq ans d’existence. Un cinquième anniversaire perturbé par la crise sanitaire liée au Covid-19 qui a motivé la fermeture du centre pendant plus de trois mois. Cependant, cet « annus horibilis » n’a pas empêché ce haut lieu dédié à la mémoire collective de l’esclavage et de la traite négrière de se régénérer et de tenter de trouver un nouveau souffle en se forgeant une nouvelle identité institutionnelle, patrimoniale et mémorielle.

Permettre aux guadeloupéens de se réapproprier cet outil culturel

Une nouvelle identité que le MACTe souhaite définir avec son public car son ambition affichée est de répondre à l’exigence des Guadeloupéens et de leur permettre de « se réapproprier cet outil culturel d’envergure envié à l’international et qui place la Guadeloupe sur la carte du monde des musées », selon l’expression usitée par la direction.

Réouvert en juillet dernier gratuitement, le MACTe a débuté ce 5ème anniversaire en s’attachant à mettre en place un programme aussi riche qu’éclectique en cinq actes autour de sa nouvelle identité baptisé « MACTe an nou – MACTe en nous » en proposant aux visiteurs cinq samedis de célébration.

Ainsi, depuis le 11 juillet, les visiteurs ont pu s’initier au « Jaden an nou » lors de l’acte 1, se délecter des sons de « Kréatif Ka » et s’ébrouer au « Garden Block Party » synonyme de l’acte 2, s’identifier au monde de l’écrivaine Simone Schwarz-Bart dans « Visible et invisible » pour l’acte 3, se « Mofwazé », comme une manière de changer de peau pour en revêtir une autre, de transcender les interdits et de faire œuvre d’alchimie au cours de l’acte 4. Enfin, le 5ème acte qui se déroulera le week-end du 7 août dédié au Design caribéen, sera l’occasion de donner la parole aux créateurs.

« Peindre un récit qui nous ressemble »

Une mise en bouche qui traduit cette nouvelle identité du MACTe qui veut sortir de sa « chrysalide » et se renouveler en faisant appel à tous les porteurs de cette mémoire de la traite, de l’Esclavage et de leurs abolitions. Désormais, le MACTe souhaite qu’aux côtés des Guadeloupéens, artistes, auteurs, philosophes, acteurs et conteurs puissent participer à la déconstruction de l’exposition permanente telle qu’elle était élaborée traditionnellement pour la « remodeler à notre image et peindre un récit qui nous ressemble ». En somme, « faire œuvre de démiurge collectivement », pour reprendre l’expression de Laurella Rincon, la responsable de communication du MACTe.

Un nouveau cycle avec Philippe Thomarel

Un nouveau cycle qui va donc se décliner en cartes blanches confiées à des artistes contemporains qui, à la fois, « investiront l’espace de l’exposition permanente » et feront dialoguer leurs installations avec des œuvres afin « d’en réinterpréter le discours ». Ce nouveau cycle a débuté avec l’artiste-peintre Philippe Thomarel. Cet artiste qui manifeste une violence contenue, maîtrisée, d’une sensorialité juste et intelligente « magnifie la société guadeloupéenne et l’inscrit dans l’univers de l’exposition ».

Bref, le MACTe se réinvente et se transforme pour faire de cet espace non seulement un haut lieu d’expressions et de mémoire, mais également un lieu vivant, évolutif d’échanges et de rencontres ancré au coeur de la réalité guadeloupéenne et plus largement caribéenne.

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