En avril dernier, une scission au coeur de la Grande chefferie d’Uvea à Wallis a conduit à l’intronisation de deux rois, une situation à la fois inédite et problématique. Hier, le Préfet a choisi de reconnaître l’intronisation du Lavelua (roi) Patalione Kanimoa, donnant ainsi raison à la nouvelle Grande chefferie.
Mercredi 1er juin, le Préfet de Wallis et Futuna Marcel Renouf a signé les délibérations déposées en avril dernier par la nouvelle Grande chefferie du royaume d’Uvea à Wallis, dont l’une notifiait l’intronisation du Lavelua (roi) Patalione Kanimoa. Ces délibérations devraient être publiées dans les heures ou les jours à venir et c’est donc à la nouvelle Grande chefferie que le Préfet a donné raison. L’intronisation de Tominiko Halagahu effectuée par l’autre chefferie, installée depuis plusieurs années et dont le choix a suscité la division, n’est pas reconnue. À la fois inédite et problématique, l’intronisation en avril dernier de deux rois issus de deux chefferies en proie à la division met à mal la position d’un représentant de l’Etat sensé ne pas s’immiscer « dans les affaires coutumières ». Quoiqu’il en soit, le Préfet explique son choix d’un point de vue juridique, « lundi, des responsables coutumiers ont été convoqués devant le Juge d’Instruction » explique-t-il. « Vous avez des responsables coutumiers qui en novembre-décembre ont bloqué le fonctionnement de l’aéroport de Wallis Hihifo. Aujourd’hui, vous avez des membres d’une grande chefferie qui se trouve dans une situation où la Justice a qualifié les faits et les met en examen ». En effet, Tominiko Halagahu paie son action dans le blocage de l’aéroport de Hihifo. Mis en examen pour « entrave à la circulation aérienne et à la liberté du travail », il réclamait l’embauche de villageois de Hihifo en contrepartie du fait que l’aéroport soit installé sur du foncier coutumier.
Mikaele Kulimoetoke, Président de l’Assemblée territoriale de Wallis et Futuna, n’a pas apprécié la délibération prise par le Préfet. Sur le plateau de Wallis et Futuna 1ère, il fustige les « contradictions » du Préfet, « Je ne pense pas que c’était le moment de prendre un tel acte avec précipitation étant donnée la situation actuelle (…), il n’y avait aucune urgence de précipiter les choses ». Pour Mikaele Kulimoetoke, la recherche de dialogue et de consensus aurait été préférable, « avec l’Assemblée territoriale je me suis accordé de me rendre voir les deux chefferies. Et leur demander de se retrouver « à la coutumière », de manière à échanger et à trouver un terrain d’entente définitif ». Il conclut, « maintenant, l’action de Monsieur le préfet court-circuite la recherche de la paix sociale. Il a dit à plusieurs reprises qu’il n’allait pas s’immiscer dans les affaires coutumières. Je suis tenté de douter de la parole de l’Etat ». De leurs côtés, les deux chefferies ne se sont pas encore exprimées sur la décision du Préfet.