Ericka Bareigts a qualifié de « grave erreur d’analyse économique », le souhait des Républicains de mettre fin progressivement à la sur-rémunération des fonctionnaires en Outre-mer. Elle a ainsi apporté la position du gouvernement sur ce sujet.
Dans un contexte de crise économique et de réduction des dépenses publiques,le principe de « sur-rémunération des fonctionnaires ultramarins » jugé trop onéreux est régulièrement mis en cause. Comme Outremers 360 l’a annoncé précédemment, le parti Les Républicains a récemment préconisé une suppression progressive des sur-rémunérations dans son projet économique pour 2017. À terme, le parti espère une économie de 400 millions d’économies. Une mesure à laquelle s’oppose le Gouvernement. La fin progressive de la majoration du traitement des fonctionnaires correspond à « méconnaître les missions qu’assurent l’Etat et sa fonction publique dans tous les territoires ». Pour la Secrétaire d’Etat chargée de l’Égalité Réelle Ericka Bareigts, il s’agit d’une « grave erreur d’analyse économique » précisant même « l’austérité aveugle ne fait pas partie de son programme politique ». Elle évoque une mesure à la fois « démobilisatrice » et « contreproductive pour des économies locales fragiles ». Opter pour une suppression de cette mesure n’est pas la bonne solution.« Elle nuirait à l’attractivité de certaines collectivités où les besoins en services publics sont immenses », ajoute-t-elle. Mis en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les compléments de rémunération visaient à renforcer les effectifs de cadres ultramarins en rendant la fonction publique plus attractive sur ces territoires. Il s’agissait également de prendre en compte l’éloignement par rapport à l’Hexagone et de compenser la cherté de la vie outre-mer. Des décennies plus tard, ce principe de « sur- rémunérations des fonctionnaires des Outre-mer » conserve encore tout son sens pour le gouvernement. « La majoration de traitement des fonctionnaires est essentielle pour la consommation dans les DOM, soutenant les carnets de commande des entreprises ultra-marines et encourageant les productions locales », poursuit Ericka Bareigts.
Envisager une réflexion sur cette thématique dans 10 ans
Si le gouvernement n’est pas favorable aujourd’hui à une suppression du dispositif, il n’écarte pas l’idée de revoir ces modalités et de proposer une réflexion sur ce dispositif. Le rapport Lurel, remis mi mars dernier, suggère comme pistes de réflexion, de ramener à 20 % le taux de sur-rémunération dans les DOM au lieu des 40% actuels et de réduire de moitié ce taux pour les COM (passant ainsi de 108% à 54% pour la Polynésie par exemple). Une réflexion qui pourrait être engagée après deux plans quinquennaux de convergence, soit dans 10 ans. Pour l’heure, il ne s’agit qu’une recommandation parmi les 35 que composent ce rapport. Il faudra attendre l’examen de la loi-cadre issue de ce rapport durant cet été pour savoir si elle a été retenue par les parlementaires.