©La Dépêche de Nouvelle-Calédonie
Jeudi 31 mai dernier, Sonia Backès (Les Républicains calédoniens), Pierre Frogier (Le Rassemblement-LR) et Thierry Santa (Le Rassemblement-LR), quittaient une seconde fois le groupe « Sur le Chemin de l’Avenir », voulu par le Premier ministre pour préparer l’après référendum en Nouvelle-Calédonie, prévu le 4 novembre 2018. Dans un communiqué, Thierry Santa explique son départ.
« Je ne participerai à aucune négociation de nouvelle solution avant que les Calédoniens ne décident de leur avenir lors du référendum du 4 novembre prochain. Or, les membres de ce groupe ont décidé de s’engager en rédigeant et signant les conclusions de leurs travaux », indique Thierry Santa, président du Congrès de Nouvelle-Calédonie et membre du Conseil politique du Rassemblement-LR. « Ainsi, compte tenu des sujets évoqués (processus de décolonisation, organisation institutionnelle, citoyenneté, rééquilibrage), il s’agit, en réalité, de travailler sur un nouvel accord », estime-t-il.
L’élu loyaliste fustige ensuite les positions défendues par les indépendantistes qui, selon lui, « remettent désormais en cause la solution de l’ONU qui prévoit que la Nouvelle-Calédonie sera retirée de la liste des pays à décoloniser dès lors que les populations intéressées auront librement choisi un statut ». Il y a pour l’ONU, uniquement quatre sorties possibles de cette liste : l’intégration dans la République française au titre d’un département ou d’une collectivité, l’Etat associé, l’Etat souverain ou le statut quo négocié. Or, la question actée le 27 mars dernier pour le référendum du 4 novembre ne permettra pas aux Calédoniens de se positionner sur une de ces quatre sorties possibles de la liste onusienne.
Autre reproche, « les indépendantistes refusent de discuter d’une évolution du gel du corps électoral » et « refusent de revenir sur la clé de répartition des ressources fiscales entre les provinces qui, aujourd’hui, est très défavorable à la province Sud ». Thierry Santa tacle également la droite centriste de Calédonie Ensemble : « La complaisance de Calédonie Ensemble et de Gaël Yanno face à des exigences indépendantistes absolument inacceptables font de ce groupe de négociation un objet politique dangereux ». « Les discussions concernant la représentation au congrès, la répartition des compétences entre les provinces et la Nouvelle-Calédonie et le mode de fonctionnement du gouvernement tournent au dialogue de sourds », ajoute-t-il. « Dialogue de sourds » également dénoncé par les indépendantistes.
« Il est de mon devoir de me retirer de ces négociations qui ne correspondent ni à mes valeurs républicaines, ni à ma vision d’une Nouvelle-Calédonie en paix et prospère », se défend Thierry Santa. « Il est de mon devoir de m’engager à convaincre les Calédoniens de voter massivement « NON » à l’indépendance le 4 novembre 2018 ». Pour Pierre-Christophe Pantz, docteur en géopolitique, « la droite la plus radicale joue un jeu dangereux. A force de provocations et de refus de discuter, ils vont contribuer à durcir les positions des indépendantistes t à tendre encore la situation ». Reste à savoir si les élus du Rassemblement-LR et des Républicains calédoniens accepteront de réintégrer le groupe à la prochaine réunion qui doit avoir lieu à Paris, en présence du Premier ministre. Edouard Philippe avait par ailleurs réussi, le 27 mars dernier, à remettre l’ensemble de l’échiquier politique calédonien sur la table des négociations après les premières tensions apparues au sein du groupe fin février dernier.