©Marc Le Chelard / AFP
Notre partenaire La Dépêche de Nouvelle-Calédonie publie en exclusivité les résultats du nouveau sondage réalisé par l’institut QUID NOVI (franchise de TNS-KANTAR) sur 2 677 personnes, concernant la consultation référendaire sur l’indépendance du territoire qui aura lieu le 4 novembre. Parmi les électeurs inscrits, 69% à 75% des personnes interrogées déclarent vouloir voter “NON” à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Éclairages.
L’étude – la troisième du genre depuis un an – a été menée via des Calédoniens inscrits sur l’ensemble des trois listes électorales et donc sur le corps électoral concerné par la question, c’est-à-dire la liste spéciale pour le scrutin référendaire (LESC). C’est ainsi 2 677 personnes qui ont été interrogées au cours de trois vagues successives selon la méthode des quotas entre juin et août 2018. Très instructif quant au positionnement des personnes interrogées, ce sondage révèle la façon dont les Calédoniens abordent cette échéance importante pour l’avenir de leur territoire. Il apparait ainsi que la participation devrait être très forte, 86% des inscrits déclarent vouloir aller voter ce jour-là, mais disparate selon les âges et les lieux d’habitation.
S’agissant des pronostics de résultats, chez les partisans du “NON” à l’indépendance, ils passent de 58% à 69%. Un chiffre sans grande surprise puisqu’il correspond grosso modo aux résultats des partis non-indépendantistes durant les élections locales de ces trente dernières années. Dans le même temps, la proportion de personnes déclarant vouloir voter “OUI” à l’indépendance augmente elle aussi, passant de 15% à 20%. Conséquence : la part des indécis se réduit significativement passant de 15% à 5% en un seul trimestre. Preuve que la campagne, organisée par les différents mouvements politiques, a un impact même si celui-ci semble pour l’heure légèrement à l’avantage des partisans du “NON”.
Taux de participation élevé mais disparate
A la question « Avez-vous l’intention d’aller voter pour le référendum du 4 novembre prochain ? », 86% des personnes interrogées répondent oui. Un score qui serait synonyme de réussite pour ce scrutin et qui le rapprocherait des autres référendums d’indépendance ayant eu lieu dans l’histoire récente. Ainsi au Québec, 93.52% des électeurs avaient participé au 1er référendum sur l’indépendance de la province canadienne. En Ecosse, ils avaient été 84.59% des inscrits à se déplacer pour voter au sujet de l’indépendance du pays vis-à-vis du Royaume-Uni.
S’agissant de la Nouvelle-Calédonie, des disparités existent cependant concernant l’abstention. Contrairement aux 85% des habitants du Grand Nouméa qui précisent qu’ils iront bien voter lors du référendum, un habitant sur quatre aux Iles Loyauté (24%) déclare ne pas vouloir se rendre dans son bureau de vote le 4 novembre prochain. De plus, si les personnes de + de 60 ans déclarent qu’elles iront voter à plus de 91%, chez les jeunes âgés entre 18 à 24 ans la participation serait pour l’heure comprise entre seulement 74% à 77%. Concernant l’abstention, l’institut Quid Novi explique en outre que « l’appel du parti travailliste ne semble pas avoir d’écho pour le moment » dans le camp indépendantiste. Par ailleurs, le nombre de procuration ne devrait pas dépasser les 3%.
Des nuances chez les partisans du « NON »
Il apparaît que, sur le cumul des trois vagues, 11% des personnes interrogées déclarent être arrivées après novembre 1998 et ne sont donc pas concernées par les élections relevant des corps électoraux spéciaux. Parmi les personnes inscrites sur la LESC et sûres d’aller voter (2086 sur les 2677 interrogés), les sondés ont été interrogés sur leur choix quant au scrutin du 4 novembre prochain. Sur la base d’une ventilation entre les trois vagues du sondage et de la baisse du nombre d’indécis qui devrait continuer à s’accentuer, l’institut Quid Novi estime au final que 69 à 75% des électeurs sont susceptibles de voter « NON » lors de la consultation.
Les écarts observés sont en fait directement liés à l’indécision d’une partie de l’électorat qui prend semblerait-il beaucoup de temps pour faire son choix. De plus, on constate que le vote indépendantiste pourrait être majoritaire uniquement dans le Nord Est de la Grande Terre. Dans les Iles Loyauté, l’institut QUID NOVI estime que « tout dépendra de la campagne qui sera menée mais il y a une probabilité non nulle que le vote indépendantiste ne soit pas majoritaire à date ». Dans toutes les autres zones, le refus de l’indépendance devrait être majoritaire. En tribu néanmoins, parmi ceux qui sont certains d’aller voter, 33% voteraient « NON », 50% « Oui », 11% ne savent pas encore et 6% ne répondent pas.
10% des électeurs indépendantistes par convaincus par les projets de leurs leaders
Plus dans le détail, à partir de la deuxième vague de mesure, les sondeurs ont souhaité connaitre les convictions profondes des électeurs inscrits sur la LESC. La question qui a été posée en complément est donc la suivante : « Sur le fond, quelle est votre position ? Vous diriez que…
- Vous êtes opposé à l’indépendance, vous pensez que ce n’est pas viable pour la Nouvelle Calédonie
- Vous pensez que l’on peut être un pays indépendant mais aujourd’hui nous ne sommes pas prêts
- Vous pensez que l’on peut être pays indépendant mais le projet actuel des leaders indépendantistes ne vous convient pas
- Vous pensez que l’on peut être indépendant dès 2018
- Vous ne savez pas
- Vous ne souhaitez pas répondre
« Il s’avère que derrière le « OUI » tout comme derrière le « NON », il existe quelques nuances. En effet, 36% sont « opposés à l’idée même d’indépendance car ils pensent que ce n’est pas viable ». Mais ils sont aussi 36% à déclarer que « l’indépendance : pourquoi pas un jour, mais nous ne sommes pas prêts ». Parmi ces calédoniens qui pensent que l’on peut être un pays indépendant un jour mais que nous ne sommes pas prêts, 69% voteront « NON », 13% ne savent pas encore, 5% ne souhaitent pas répondre et 13% voteront « OUI ». Est-ce là le vieux clivage entre les loyalistes et les autonomistes opposés à l’indépendance ? Possible. Reste que parmi les partisans du « OUI », 10% des électeurs calédoniens se disent « indépendantistes mais pas convaincus par le projet de leur leaders ». Un chiffre inquiétant pour les leaders du FLNKS. Ils sont du reste seulement 9% parmi les sondés à affirmer que « la Nouvelle-Calédonie peut accéder à l’indépendance dès 2018 ».
De manière plus précise, la proportion de personnes inscrites sur la LESC et opposées à l’idée d’indépendance croît avec l’âge (30% des moins de 30 ans, 38% des plus de 30 ans). 43% des moins de 30 ans pensent que la Nouvelle-Calédonie peut être un pays indépendant un jour mais que nous ne sommes pas prêts. De leur côté, 45% des personnes appartenant aux catégories socioprofessionnelles de type cadre, profession libérale ou intermédiaire pensent que l’indépendance n’est pas viable. Ils sont plus de 60% chez les européens (qu’ils soient nés ou non en Nouvelle Calédonie).