Référendum en Nouvelle-Calédonie : Les réactions des élus au sondage Quid Novi

Référendum en Nouvelle-Calédonie : Les réactions des élus au sondage Quid Novi

©Gouv.nc

Suite à la publication des résultats du nouveau sondage réalisé par l’institut QUID NOVI, qui donne le « NON » à l’indépendance gagnant entre 69% et 75% lors du référendum du 4 novembre, notre partenaire La Dépêche de Nouvelle-Calédonie a recueilli des réactions du côté des élus calédoniens. Et chacun d’eux a son interprétation sur ce troisième sondage en amont du référendum.

Si du côté des loyalistes personne n’est surpris du résultat, certains, ceux qui sont en faveur d’un « NON » massif, demandent aux électeurs de ne pas se démobiliser pour autant. D’autres, comme Calédonie Ensemble, sont confortés dans l’idée qu’il faut vraiment préparer l’après. Du côté des indépendantistes, la lecture est différente. Pour eux, l’indépendance ne fait plus peur. Et si la victoire n’est pas pour 2018, elle est pour bientôt sur les bases d’un projet qu’ils souhaitent développer dès le 5 novembre.

Gaël Yanno, président du Congrès : « Faire en sorte de préparer sereinement, dans la paix, un avenir dans la France ».

« La publication de ce sondage est un élément important à deux mois de la date du référendum. J’ai toujours plaidé pour que ce référendum ait lieu et qu’une question claire soit posée aux Calédoniens après 20 ans d’accord de de Nouméa. Je suis heureux de voir que les Calédoniens répondent clairement. Je suis convaincu que dans deux mois ils apporteront cette réponse claire d’un maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la République française. Il est vrai que le pourcentage du « NON » annoncé dans le sondage est élevé. Mais ça ne doit pas nous démobiliser.

En aucun cas on doit considérer que la victoire est acquise et arrêter de faire campagne et de mobiliser les Calédoniens pour voter « NON ». En tout cas, en ce qui me concerne je continuerai à être totalement mobilisé pour expliquer et convaincre que le meilleur choix le 4 novembre c’est le « NON ». Le dernier élément que ce sondage m’inspire c’est qu’il y a tout de même 30 % de personnes qui voteront « OUI ».  Notre objectif à nous, responsables politiques, c’est de maintenir ce vivre ensemble. Le 5 novembre il y aura des personnes très heureuses, j’espère en faire partie, et d’autres très déçues. Mais nous avons tous décidé de vivre ensemble. Les loyalistes, nous avons l’obligation, la responsabilité d’organiser ce vivre ensemble avec ceux qui ont décidé de voter « OUI » et faire en sorte de préparer sereinement, dans la paix, un avenir dans la France ».

Philippe Gomès, député de la 2ème circonscription, Calédonie Ensemble : « Chronique d’un résultat annoncé. C’est pour ça qu’il faut vraiment préparer le jour d’après ».

« Ça ne m’étonne pas. Dans toutes nos rencontres citoyennes on dit que le résultat ce sera 70/30. On n’a pas lu dans le marc de café, il suffit de voir les résultats des élections provinciales, actuellement 60% pour des listes non-indépendantistes et 40% pour des listes indépendantistes. Et entre voter pour une liste indépendantiste et voter pour l’indépendance ce n’est pas la même chose. Parce que quand on vote pour l’indépendance ça veut dire qu’on considère que le pays est capable d’être un état indépendant et beaucoup d’indépendantistes considèrent que le pays n’est pas capable aujourd’hui d’être indépendant. Donc ça ne m’étonne pas que l’on passe de 60% de « NON » à l’indépendance aux provinciales à 70% de « NON » à l’occasion de ce référendum. Chronique d’un résultat annoncé. C’est pour ça que quand on connait le résultat à l’avance, il faut vraiment préparer le jour d’après pour que nous puissions tous continuer à vivre ensemble et en paix. Je n’ai pas besoin d’être rassuré avec ce résultat.

Je fais de la politique depuis 30 ans, j’ai exercé un certain nombre de mandats, je sais très bien que la revendication indépendantiste elle s’est inscrite dans un moment de l’histoire, les années 70, 80, et qu’aujourd’hui on est quasiment en 2020, dans un autre pays, que les accords nous ont permis d’accomplir un chemin considérable en matière de respect d’identité, en matière de développement, en matière de capacité à se gouverner nous-même. Et ce chemin-là, aujourd’hui, il a vidé pour une part la revendication d’indépendance par rapport aux attentes initiales. Donc il n’est pas anormal qu’au moment où on arrive au choix d’indépendance ou pas indépendance 7 Calédoniens sur 10 disent « NON » à l’indépendance. Et dans ces 7 calédoniens sur 10, vous savez, il y a une bonne partie de Calédoniens d’origine kanak aussi ».

Caroline Machoro, groupe UC-FLNKS et Nationaliste : « Le projet du FLNKS est une affaire qui se bonifie dans le temps ».

« C’est le troisième sondage du genre et il y a des évolutions. Ce que je peux dire c’est que premièrement, l’indépendance ne fait plus peur, le gens n’en ont pas peur. La deuxième chose, c’est que la Nouvelle-Calédonie est appelée à devenir indépendante à un moment ou à un autre. D’après le sondage les gens ne disent pas aujourd’hui, mais un jour. Troisièmement, je retiens de ce sondage qu’il y a une très forte régression des indécis qui passent de 15% à 5%. C’est un avantage que les indécis puissent se prononcer aujourd’hui. Tout ça en un seul trimestre. Ce que je constate, qui est peu négatif pour nous, c’est qu’il n’y pas de motivation au niveau des îles Loyauté pour aller voter le 4 novembre, que ce soit pour « OUI » ou pour le « NON ». On peut considérer que la campagne ne fait que commencer aussi et que ce sont des gens qu’il nous faut convaincre. Moi-même, je pars demain à Lifou pour une tournée de réunions sur le terrain. La quatrième chose, c’est qu’au niveau des indépendantistes, notamment du FLNKS, il y a une remise en cause du programme des leaders. Ce que je veux dire, c’est qu’au niveau du FLNKS il y a un projet pour une société à venir, à créer, à construire, qui interviendra dès le lendemain du référendum. Contrairement, du côté des non-indépendantistes, c’est le statu quo, pas de projet, on reste dans le giron de la France.

Le projet du FLNKS est une affaire qui se bonifie dans le temps, au fur et à mesure des remontées des réunions que nous avons sur le terrain où les gens nous font part de leurs doutes et de leurs mécontentements. La cinquième chose c’est que ce pays doit accéder à la pleine souveraineté au risque d’une remise en cause des intérêts des Calédoniens. Je m’explique. Un des gros problèmes que l’on connait, c’est l’immigration avec toutes ces conséquences sur l’emploi, sur les grands équilibres sociaux-économiques. Nous craignons que si nous n’obtenons pas l’indépendance le 4 novembre, les choses perdurent et vont accentuer l’immigration qui arrive de partout, pas seulement de l’Europe, de la France, mais aussi du Pacifique et d’ailleurs ».

Sonia Backès, groupe les Républicains Calédoniens : « Il ne faut pas se démobiliser. C’est important que le « NON » l’emporte largement ».

« Tout d’abord, cela démontre que les arguments que nous avons développé en campagne commencent à porter leurs fruits. On voit notamment qu’aux îles Loyauté des gens qui ont voté indépendantiste aux élections locales s’orientent vers un « NON » au référendum donc c’est un élément positif. Ensuite, il ne faut pas se démobiliser parce qu’on a vu qu’avec l’élection de Donald Trump, avec le Brexit, les instituts de sondages se sont trompés où les électeurs ont réagi en fonction de ces résultats. Donc il ne faut pas se démobiliser parce que c’est vraiment important que les loyalistes et le « NON » l’emporte largement parce que la suite, l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, dépendra de l’écart qu’il y aura entre le « NON » et le « OUI ».

Je le dis aujourd’hui, ce sondage est important, il va dans le bon sens, mais il faut que les Calédoniens restent mobilisés et qu’ils aillent voter le 4 novembre pour le « NON ». Pourquoi il est important de gagner largement le 4 novembre prochain ? C’est clair que plus l’écart en le « NON » et le « OUI » sera important, plus on écartera les perspectives de deuxième et troisième référendum, et plus on stabilisera la situation économique de la Nouvelle-Calédonie. Les Calédoniens ont besoin de visibilité ».