Entretien amical et privé entre potentiels candidats à la Présidentielle de 2017 ©DR
En déplacement à Paris dans le cadre, entre autres, de sa candidature à l’élection présidentielle 2017, le leader souverainiste Oscar Temaru a rencontré le Président de la République à l’issue de son séjour.
Oscar Temaru, leader souverainiste et ancien Président de la Polynésie française, avait annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 2017 en janvier dernier. En déplacement dans la Capitale, essentiellement à la recherche de parrainage, Oscar Temaru a rencontré François Hollande à l’Elysée, juste avant son retour en Polynésie française. Rencontre avant tout « amicale », il ne livrera pas les détails de cet entretien, « on a beaucoup parlé de politique. Je lui ai rappelé que De Gaulle a été pour les Africains l’homme de la décolonisation et pour nous, De Gaulle c’est l’homme de la néo-colonisation puisque c’est lui qui a décidé d’utiliser nos atolls pour les essais nucléaires pendant une trentaine d’années. Aujourd’hui, les conséquences sont dramatiques. Il l’a très bien compris. Je lui ai aussi dit que les Etats autour de nous ont 100 fois moins d’atouts que nous et que nous sommes tout à fait en mesure d’être un Etat souverain ».
Quant à sa candidature, « on en a parlé. Je n’ai pas changé d’un iota. C’est l’objet de notre discussion depuis 15 ans que l’on s’est rencontré. Il l’a très bien compris. Maintenant, c’est à nous de faire le boulot. Ce que je souhaite, je lui ai dit, c’est que l’on gagne ces élections à Tahiti au premier tour et qu’il soit réélu président de la République pour que l’on puisse mieux discuter avec lui ». Oscar Temaru et son parti avaient déjà soutenu François Hollande en 2012 et ne cache donc pas réitérer son soutien pour 2017, si toutefois le Président de la République est candidat à sa succession, d’autant qu’une possible victoire de la droite compliquerait son « combat ». « Je lui ai dit qu’il était très populaire sur le plan international et je ne comprends pas pourquoi les Français ne l’apprécient pas. C’est énorme, ce qu’il a fait. Sans parler des problèmes de sécurité qu’il y a ici en France. Je ne sais pas ce que veulent les Français… ».
« On est toujours aussi prudent qu’au départ mais toujours aussi déterminé qu’au début »
Côté parrainage, son conseiller spécial Moetai Brotherson a fait le compte à l’issue d’un séjour plutôt fructueux en Corse et aussi en Bretagne, « on est parti avec 217 promesses de parrainage, plus 30 de la Guadeloupe et on en a déjà récolté 28 suite à notre visite en Corse, sur nos formulaires ». Ce qui fait un total de 275 promesses. Oscar Temaru n’en démord pas, « il faut ratisser large, à droite et à gauche ». Il confie d’ailleurs qu’un élu Les Républicains de Corse à fait savoir son soutien. Néanmoins, la route est encore longue pour réunir les 500 parrainages, « on est toujours aussi prudent qu’au départ mais toujours aussi déterminé qu’au début. Le plus dur, ce sera la répartition des parrainages sur 30 départements. C’est un vrai challenge. On peut imaginer une situation où on arrive à avoir les 500 signatures mais sans la diversité géographique nécessaire », confie Moetai Brotherson. Oscar Temaru doit encore se rendre aux Antilles où il affirme avoir déjà quelques soutiens.
Pour l’heure, le prochain rendez-vous est fixé à New York en Octobre, au siège des Nations Unies pour le Comité de décolonisation. Pour la première fois, Oscar Temaru ne sera pas le seul à faire entendre sa voix. L’autonomiste Edouard Fritch, actuel Président de la Polynésie française, y sera également tout comme l’Association 193, qui milite pour la reconnaissance des conséquences des essais nucléaires, et l’Eglise protestante polynésienne, qui a annoncé porter plainte pour « crime contre l’Humanité » toujours dans le cadre des essais. Mais si chacun y va pour défendre son point de vue, Oscar Temaru ne cache pas son souhait de réunir sa voix à celle de l’autonomiste Edouard Fritch, « lorsque nous avons reçu la dernière résolution adoptée par le comité de décolonisation, fin juin, nous sommes allés le voir. Je lui ai dit que j’aimerais bien que nous soyons ensemble face à tous ces problèmes. Ce serait l’idéal. Nous sommes allés voir Gaston Flosse aussi. Mais lui ne souhaite pas qu’on aille à New York. Il veut que l’on aille tous à Paris. Il m’a même dit : tu vois ton fils Edouard, tu dis à Edouard de ne pas aller à New York et qu’on aille tous ensemble à Paris. Je lui ai dit : ce n’est pas mon fils, c’est ton fils ! Mais il m’a répondu : il ne m’écoute plus et je sais qu’il t’écoute… », confie-t-il sourire aux lèvres. La hantise du leader souverainiste serait qu’Edouard Fritch parle au nom de l’Etat, « il sera cornaqué par l’ambassadeur de France à New York. Cela risque d’être ça. Ce serait dommage ». Lors de ce prochain Comité de décolonisation, Oscar Temaru développera d’autres sujets en plus des essais nucléaires et de la souveraineté polynésienne sur les ressources maritimes. Il sera notamment question d’éducation et de culture.