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Alors qu’il n’en finit pas de glisser dans les sondages, le candidat socialiste à la Présidentielle Benoît Hamon a fait le plein de ferveur populaire à La Réunion, une semaine après une visite en demi-teinte d’Emmanuel Macron.
Point d’orgue de cette visite éclair d’une douzaine d’heures, un meeting à Saint-Joseph, sous la halle François-Mitterrand, qui a réuni dans une atmosphère surchauffée environ 2.000 personnes (3.000 selon les organisateurs), cinq ans jour pour jour après un meeting de François Hollande dans cette ville. La Réunion avait d’ailleurs largement voté en faveur de François Hollande lors de la Présidentielle de 2012. La semaine dernière, Emmanuel Macron avait réuni environ 1.500 personnes à Saint-Denis, dans un stade loin d’afficher complet. «Ma force, elle est la vôtre (…) et sans la vôtre, je ne serais pas grand-chose», a déclaré à la tribune Benoît Hamon, relativisant comme à l’accoutumée les mauvais sondages dont il est crédité, et où Jean-Luc Mélenchon creuse l’écart.
Dans un discours largement consacré à la pédagogie de son projet, notamment à sa mesure phare, le revenu universel d’existence, Benoît Hamon a aussi réglé ses comptes avec Emmanuel Macron et ses soutiens, dont l’ex-Premier ministre Manuel Valls, qui a annoncé mercredi son vote pour le candidat d’En Marche! le 23 avril. «Il y a beaucoup de candidats qui cherchent à faire président. Et peut-être qu’ils arrivent à faire croire qu’ils seraient de bons présidents juste parce qu’ils prennent bien la pause, qu’ils vont couper la canne, alors qu’ils (…) n’ont jamais eu à baisser le dos, et que de surcroît (…) (ils) demandent la suppression du compte pénibilité», a ironisé le socialiste, visant l’ex-ministre de l’Economie, qui a mimé ce geste lors de sa visite le week-end dernier.
Fustigeant une «créature de ce quinquennat», dont la démarche réunit «des gens qui ont échoué à droite, des gens qui ont échoué à gauche», l’ancien ministre de l’Éducation a dénoncé l’«injustice» d’un projet qui prévoit de ne pas renouveler 120.000 postes de fonctionnaires, tout en supprimant l’Impôt sur la fortune (ISF), sauf pour le patrimoine immobilier. «Ce qui me choque le plus, ce n’est pas tant qu’Emmanuel Macron pense cela – il l’a toujours pensé -, c’est que des socialistes puissent aller là pour défendre cela, (…) celui qui propose de remettre en cause toutes les conquêtes sociales de la gauche», a-t-il insisté. «Ceux qui vont vers lui aujourd’hui ne cherchent qu’une chose, non pas servir l’intérêt général, mais garder un tout petit peu encore le bout de pouvoir qu’ils avaient», a-t-il ajouté.
Interrogé par la presse à l’issue de son meeting sur la rencontre entre M. Macron et le président LR de la région PACA Christian Estrosi, le candidat socialiste a de nouveau lâché ses coups. «Moi je fais une campagne honnête, dans une campagne marquée par la malhonnêteté, intellectuelle notamment, parce qu’on ne fait pas une politique d’Estrosi à Delanoë, ou alors c’est la politique du grand n’importe quoi. Je trouve incroyable cette situation. Moi, j’essaie d’être honnête depuis le début, et je vous fais le pari que l’honnêteté, ça paiera», a-t-il ajouté.
Premier à prendre la parole, dans un discours ponctué de «hip hip hip Hamon», le premier secrétaire fédéral du PS à La Réunion Philippe Le Constant a rappelé que Benoît Hamon avait dans l’île le soutien de sept partis ou mouvements politiques et de quatre parlementaires (Patrick Lebreton, Philippe Naillet, Jean-Jacques Vlody, Huguette Bello). Philippe Le Constant a vivement critiqué ceux qui «trahi(ssent) (leurs) électeurs» au nom de «petits calculs». «On ne combat pas le Front national en trahissant un vote», a tonné ce député devant un auditoire enthousiaste. Samedi matin, Benoît Hamon avait eu un avant-goût de ce soutien à l’aéroport de Saint-Denis-de-La-Réunion, chaleureusement accueilli par environ 200 personnes criant des : «Hamon, président !». Des images comme pour faire oublier la relative discrétion de son arrivée en Guadeloupe, il y a trois semaines.
Avec AFP.