Polynésiens bloqués en France : Un retour « au cas par cas » pour le Haut-commissariat

Polynésiens bloqués en France : Un retour « au cas par cas » pour le Haut-commissariat

« La priorité, c’est le fret médical et pharmaceutique », a déclaré le secrétaire général du Haut-commissariat ©Facebook / Haut-commissariat de la République en Polynésie

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas pour les Polynésiens bloqués dans l’Hexagone depuis le début de la crise sanitaire. Alors que le ministre polynésien de la Santé avait annoncé leur retour à partir de mai, le secrétaire général du Haut-commissariat met plutôt l’accent sur le fret médical et un retour « au cas par cas ». 

Des rectifications qui concernent principalement les résidents polynésiens bloqués dans l’Hexagone pour des raisons familiales, touristiques ou professionnelles. Tandis que les évacués sanitaires en fin de soin à Paris devraient petit à petit rentrer en Polynésie, à condition d’être négatif au Covid-19. Un premier vol de rapatriement de 25 d’entre eux et leurs accompagnants a d’ailleurs atterri à Tahiti-Faa’a le 22 avril au soir. Également à bord de ce deuxième vol de continuité territoriale, « 120 m³ de fret médical, sanitaire et pharmaceutique », a indiqué le secrétaire général du Haut-commissariat Éric Requet.

« Pour nous, la priorité sur les vols de continuité territoriale, c’est le fret médical et pharmaceutique », a insisté Éric Requet. En temps normal, la Polynésie recevait 1 200 tonnes de fret aérien par mois. Les vols de continuité territoriale, d’une capacité de 25 tonnes chacun sans les passagers, et à raison de trois vols par mois, ont du mal à absorber le flux, même en se concentrant sur les urgences, précise Radio 1 Tahiti. Pour Éric Requet, outre le matériel d’urgence, il faut également assurer l’approvisionnement médical pour les personnes atteintes de maladies chroniques.

« On peut prendre en considération les résidents qui sont en métropole mais ça va être au cas par cas », a-t-il poursuivi. « Si on arrive à dégager des places, on pourrait envisager le retour des résidents ». Pour les étudiants, « il n’y a pas d’urgence absolue » selon le secrétaire général du représentant de l’État, qui souligne que « les bourses tombent en mai » et qu’ils sont pris en charge « par les Crous ». Reste que tous les étudiants polynésiens dans l’Hexagone ne sont pas boursiers et ne disposent pas de logement universitaire.

« Rien n’empêche d’organiser des vols dédiés pour les rapatrier », a-t-il toutefois déclaré, « encore faut-il que les capacités d’accueil et de suivi de la veille sanitaire puissent absorber ces personnes qui rentreraient ». Outre les étudiants et les résidents bloqués dans l’Hexagone, se posera la question du renouvellement des fonctionnaires d’État dans quelques mois. On parle ici de « plusieurs centaines à quelques milliers » d’enseignants, gendarmes et militaires. Si le représentant de l’État évoque des vols supplémentaires à ceux de la continuité territoriale, restera la question de l’hébergement sur place pour la période de confinement.

Pour rappel, le ministre local de la Santé Jacques Raynal avait annoncé, la semaine dernière, le début des rapatriements (hors évasanés) à partir de mai, et à raison de 100 à 110 passagers par vol. Un discours donc totalement différent du secrétaire général du Haut-commissaire. Le représentant de la Polynésie au CESE, Christian Vernaudon, s’est dit choqué par le refus réitéré des autorités locales de rapatrier les résidents. « Il n’y a aucun autre pays au monde qui dit je ne rapatrie pas mes nationaux, certainement pas la France qui a rapatrié 150 000 personnes. Thierry Santa en Nouvelle-Calédonie l’a fait ».

La semaine dernière, la ministre des Outre-mer a annoncé un recensement des étudiants ultramarins avec planification de leur retour pour ceux qui le souhaitent, puisque les cours universitaires ne reprendront pas avant septembre. Annick Girardin s’était également prononcée favorable au rapatriement « le plus tôt possible » des Polynésiens bloqués en France, tout en reconnaissant que la décision finale appartenait aux autorités locales : représentant de l’État et gouvernement de la Collectivité.