Les syndicats et les autorités polynésiennes lors d’une précédente rencontre le 12 août dernier ©Présidence de la Polynésie
Cinq centrales syndicales de Polynésie française ont signé, vendredi dernier, un préavis de grève générale protestant contre la gestion du Covid-19 par les autorités locales, État et Pays. Une rencontre est prévue ce mercredi avec le gouvernement polynésien.
Si aucune entente ne ressort de ce rendez-vous, la grève générale pourrait être effective ce jeudi. L’intersyndicale – CSTP-FO, CSIP, O Oe To Oe Rima, Otahi et la Fédération de la manutention portuaire – estime que la sécurité sanitaire est « sacrifiée », et « compromet les objectifs de croissance et de justice sociale ».
Les syndicats demandent un renforcement des contrôles à l’aéroport de Tahiti-Faa’a (vérification des documents médicaux, dépistage obligatoire, caméra thermique), suivi d’une quatorzaine stricte, en centre dédié, pour tout arrivant quel que soit son statut professionnel ou son lieu de résidence, rapportent nos confères de Radio 1 Tahiti.
Toutefois, le Conseil constitutionnel avait déjà rejeté l’imposition d’une quatorzaine hors du domicile, à la suite de recours devant le tribunal administratif de Papeete qui avaient obligé le gouvernement polynésien à autoriser les requérants à effectuer leurs quatorzaines à domicile. Selon un médecin interrogé par Radio 1 Tahiti, à présent que le virus circule activement parmi la population, ces mesures sont estimées peu efficaces. D’après le dernier bilan du Ministère de la Santé, on compte 465 cas positifs depuis la mi-juillet. Dix personnes sont hospitalisées dont deux en réanimation.
Les syndicats demandent également l’obligation du port du masque « dans tous les lieux hors du domicile ». Pour l’heure, le Haut-commissariat de la République (équivalent du préfet) a pris un arrêté le rendant obligatoire dans les commerces et les espaces publics fermés, mais aussi dans les espaces publics ouverts, zones urbaines à fortes affluences et écoles le tout, à partir de 11 ans.
« Désapprobation totale » des patrons
Les syndicats demandent d’ailleurs un contrôle des températures à l’entrée des établissements scolaires, des classes de 15 élèves, plusieurs services dans les cantines et la gratuité des masques pour les élèves. En outre, les syndicats souhaitent une fermeture totale de l’établissement scolaire dès lors que deux classes sont touchées. Pour l’heure, le gouvernement a fait le choix de cibler la fermeture à la seule classe concernée par un cas de covid.
Enfin, les syndicats demandent la prise en charge par le gouvernement et l’État des salaires des personnes placées en isolement, ainsi que la mise en place d’une caisse de chômage en Polynésie. Le 12 août dernier, une rencontre avait déjà eu lieu entre le gouvernement local et les syndicats, infructueuse. À noter l’absence d’un autre syndicat influent, A Tia I Mua, dans ce préavis de grève signé lundi.
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Du côté des patrons, Medef et CPME ont exprimé leur « désapprobation totale », quant à ce préavis de grève générale déposé par les syndicats, après une rencontre vendredi dernier, rapporte Tahiti-infos. « C’était un échange sur le fond et la forme. Sur la forme, il n’y a pas à discuter, mais sur le fond tout se discute », a expliqué le Medef de Polynésie, qui salue « une démarche intelligente » des syndicats qui ont souhaité avoir l’avis des organisations patronales. La rencontre prévue mercredi entre le gouvernement et l’intersyndicale sera cruciale quant à la suite de ce préavis.