©Facebook / Mateata Materouru
Le leader indépendantiste polynésien et maire de la commune de Faa’a, Oscar Temaru, a été placé en garde à vue ce jeudi matin (heure locale) à la section de recherche de la gendarmerie nationale à Papeete, dans le cadre de l’enquête préliminaire pour « détournement de fonds publics » dans l’affaire Radio Tefana.
Le leader indépendantiste était entendu avec le président de l’association de la Radio Tefana, Heinui Le Caill, et son prédécesseur Vito Maamaatuaiahutapu, qui fut également représentant indépendantiste à l’Assemblée de la Polynésie française. Durant 12 heures, Oscar Temaru devait s’expliquer sur les conditions de l’exploitation de cette radio, rapportent nos confrères de Radio 1 Tahiti. « Personne ne doit être au-dessus des lois (…), nous les élus, ceux qui mènent le peuple, devons être l’exemple », a déclaré l’édyle de Faa’a avant sa garde à vue, assurant avoir « la conscience tranquille ». Pour les enquêteurs, il « existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner » que le maire de Faa’a a commis un délit dans l’utilisation à des fins politiques de la radio communale, Radio Tefana, précise encore Radio 1 Tahiti.
Des « soupçons de détournement de fonds publics à travers l’utilisation de la subvention annuelle de la mairie de Faa’a », a détaillé Heinui Le Caill à l’issue de sa garde à vue. Des soupçons en raison de l’orientation éditoriale de la Radio Tefana, proche des idées du parti indépendantiste polynésien Tavini Huira’atira. « Dans le statut (de Radio Tefana), on précise que la radio est antinucléaire et défend le droit universel des peuples à l’accession à la souveraineté. Donc ils estiment qu’il y a un lien entre la radio et le Tavini », indique Heinui Le Caill. Selon lui, la ligne éditoriale de la radio relève de principes qui « dépassent le Tavini et Radio Tefana ». Les enquêteurs cherchent à savoir si la subvention publique allouée à Radio Tefana est une façon déguisée de financer un organe de propagande du Tavini Huiraatira.
Durant les 12 heures de garde à vue du leader indépendantiste, ses plus proches partisans et plusieurs cadres du parti s’étaient rassemblés devant les locaux de la gendarmerie nationale à Papeete. « Mettre Oscar Temaru en garde à vue alors qu’il s’était présenté comme témoin volontaire… l’État a bien sûr le droit de le faire, mais attention à ne pas confondre ‘application de la Loi’ et ‘acharnement politique’ », a commenté le député indépendantiste Moetai Brotherson. Les indépendantistes estiment qu’Oscar Temaru paye sa plainte déposée pour crime contre l’Humanité à La Haye, dans l’épineux dossier des essais nucléaires en Polynésie. « C’est la procédure » a déclaré l’intéressé à l’issue de sa garde à vue. « Il n’y a pas de prise illégale d’intérêt » ni « de détournement de fonds publics » insiste-t-il. « Maintenant, c’est le procureur qui décide ».