Polynésie : La Cour de révision examinera le procès Pouvanaa A Oopa le 5 juillet

Polynésie : La Cour de révision examinera le procès Pouvanaa A Oopa le 5 juillet

©Outremers360

La Cour de révision examinera le 5 juillet le cas du défunt parlementaire autonomiste Pouvanaa A Oopa, figure emblématique de l’histoire de la Polynésie, condamné en 1959 après avoir été accusé d’avoir voulu incendier Papeete, a-t-on appris mardi de source judiciaire.

La Cour de révision et de réexamen, composée de magistrats de la Cour de cassation, avait été saisie en décembre par sa commission d’instruction, ce qui pourrait aboutir l’annulation de cette condamnation. Pouvanaa A Oopa, de son vrai nom Pouvanaa Tetuaapua a Oopa, est mort il y a quarante et un ans, en 1977, date à laquelle la Polynésie accède à son premier statut d’autonomie de gestion. Dans un communiqué, le Président de la Polynésie Edouard Fritch a dit sa « satisfaction » et souhaite que « la Justice puisse réhabiliter l’honneur de Pouvanaa a Oopa ».

Père de l’autonomie et du nationalisme polynésien, Pouvanaa a Oopa, appelé aussi « le Metua », avait défendu le « non » au maintien au sein de la République française en 1958, ce qui lui avait valu son premier échec électoral. En raison de ses positions et son influence importante sur « son peuple », qui pouvaient mettre à mal l’installation des essais français dans le Pacifique, il avait été condamné à huit ans de prison et à l’exil fin 1959. Une condamnation pour avoir présumément demandé à ses partisans d’incendier Papeete le soir même du scrutin de 1958, sans que ces accusations aient été prouvées. Déchu de son mandat de député en mai 1960, il était rentré à Tahiti en novembre 1968 après avoir bénéficié d’une grâce, puis avait été amnistié l’année suivante et élu sénateur en 1971. Il fut alors parmi les premiers opposants aux essais nucléaires français.

Lors de sa visite en Polynésie en février 2016, l'ancien Président de la République a débuté son séjour en se recueillant sur la tombe de celui qui est encore considéré comme le père, le metua, de la Nation polynésienne ©Tahiti-infos

Lors de sa visite en Polynésie en février 2016, l’ancien Président de la République a débuté son séjour en se recueillant sur la tombe de celui qui est encore considéré comme le père, le metua, de la Nation polynésienne ©Tahiti-infos

L’ancien exilé avait tenté en vain de faire réviser son procès de 1959. En 1995, la Cour de cassation avait rejeté un recours déposé par ses descendants. Mais en 2014, le ministère de la Justice, assuré alors par Christiane Taubira, avait annoncé le lancement d’un processus de révision, acceptant de saisir la commission d’instruction comme le lui demandait l’Assemblée de Polynésie. L’affaire Pouvanaa a Oopa a notamment permis de modifier les règles du processus de révision, allongeant la liste des descendants apte à saisir une demande, jusqu’ici limitée à la première génération et au Garde des Sceaux. Pour l’affaire Pouvanaa a Oopa, la commission d’instruction se basait notamment sur des travaux de l’historien Jean-Marc Regnault, autorisé à consulter des archives auparavant classées secret-défense.

L'arrestation de Pouvanaa a Oopa, au lendemain même du référendum de 1958 ©Tuatau Production

L’arrestation de Pouvanaa a Oopa, au lendemain même du référendum de 1958 ©Tuatau Production

« Historiquement, on a la preuve que le gouvernement de De Gaulle a voulu éliminer Pouvanaa de la vie politique, ce qui a écarté le principal obstacle aux essais nucléaires en Polynésie », affirmait le chercheur en 2016. « La Cour de révision, si elle considère que les éléments nouveaux sont fondés, annule la condamnation », a expliqué une source judiciaire en décembre. L’annulation peut, ou non, être suivie d’un renvoi devant une juridiction appelée à rejuger l’affaire – un cas de figure peu probable dans ce dossier ancien. La Cour peut aussi rejeter la requête ou encore ordonner un supplément d’information. Sandro Stephenson, arrière-petit-fils du Metua, confiait à Outremers360 que le dossier n’était « jamais allé aussi loin ». Pouvanaa a Oopa « faisait confiance en la Justice », poursuivait-il, « je n’ai pas le droit, moi, de ne pas faire confiance ». Depuis 1945, seules six personnes ayant lancé une procédure de révision ont vu leur demande aboutir à une annulation de la condamnation.

Avec AFP.