Polynésie française: Le ministre polynésien de la Culture en mission à Paris

Polynésie française: Le ministre polynésien de la Culture en mission à Paris

©Délégation de la Polynésie française

Le ministre polynésien de la Culture Heremoana Maamaatuaiahutapu est en mission de cinq jours à Paris. Venu défendre plusieurs dossiers auprès des Ministères de la Culture et des Outre-mer, il a reçu la rédaction d’Outremers360 à la Délégation de la Polynésie française à Paris. Au programme de son séjour: la convention culture, le futur centre culturel polynésien ou encore la candidature du Marae Taputapuatea au patrimoine mondial de l’Humanité.

UNESCO: 

C’est acté. Le site culturel du Marae Taputapuatea sur l’île de Raiatea figurera parmi les candidats de la prochaine session de l’UNESCO en juillet 2017 à Cracovie. « On ne peut pas augurer de l’inscription ou pas mais le projet est bouclé et il nous reste que les ajustements », assure le ministre de la Culture. « S’il est labellisé, on le saura dès la fin de la session« , qui durera trois jours. « Ensuite, un certain nombre d’aménagements devront être réalisés, le Comité de gestion est déjà mis en place. La principale faiblesse de notre dossier reste les structures d’accueil touristique car un label de l’UNESCO représente 35% de visites touristiques en plus ». Pour exemple, l’atoll de Fakarava, classé Réserve de la biosphère par l’UNESCO, a vu son afflux touristique passer de 2 000 touristes en 2002 à 17 000 en 2015. « Ca veut dire qu’il faudra mettre en place des formations de guides touristiques pour faire visiter le site, un parcours à mettre en place pour éviter que les gens aillent partout et des structures hôtelières. On penche plutôt vers des pensions de familles pour que cela reste un développement endogène. L’idée d’un Hôtel 3 ou 4 étoiles est aussi envisageable mais tout dépendra de l’attrait touristique de Raiatea ».

Le Marae Taputapuatea, sur l'île de Raiatea, candidat au Patrimoine mondial de l'Humanité ©Pierre Lesage

Le Marae Taputapuatea, sur l’île de Raiatea, candidat au Patrimoine mondial de l’Humanité ©Pierre Lesage

Pour les îles Marquises, elles aussi candidates au Patrimoine mondial de l’Humanité, « il faut continuer à en parler pour bien montrer notre volonté commune, à la fois le pays (gouvernement de la Polynésie française, ndlr) et l’Etat, de poursuivre les travaux. De notre côté, nous avons rédigé un projet de rapport préliminaire, attendu depuis 2012. Ce rapport doit être validé par les maires marquisiens, amendé, retravaillé et une fois qu’il sera validé, nous le transmettrons aux Ministère de l’Ecologie et la Culture, et là nous lancerons officiellement le dossier des Marquises ».

Renouvellement de la Convention Culture: Signature en janvier 2017

La première Convention culture entre la Polynésie française et l’Etat a été établie en 1994, via une loi. Elle n’a pas été renouvelée depuis 2004, date à laquelle celle-ci prenait fin. « La ministre de la Culture s’est engagée pour que cette convention soit prête avant la fin de l’année pour une signature en janvier 2017. Il y a déjà eu la mission d’un inspecteur général de la culture, Michel Lagrange, qui doit remettre son rapport sous peu et à partir de celui-ci, des discussions seront engagées avec le Ministère de la Culture pour établir ce projet de convention. Il y aurait un accompagnement à la fois financier et aussi technique ». Cette convention prendra notamment en compte le renouvellement de la pédagogie du Conservatoire artistique de la Polynésie française, à travers une mission d’inspection, la création du futur centre culturel polynésien et l’évolution du Musée de Tahiti et ses îles.

Heremoana Maamaatuaiahutapu a rencontré la ministre de la Culture Audrey Azoulay ce lundi 24 octobre ©Délégation de la Polynésie française

Heremoana Maamaatuaiahutapu a rencontré la ministre de la Culture Audrey Azoulay ce lundi 24 octobre ©Délégation de la Polynésie française

Futur Centre culturel: « Nous avons déjà lancé l’appel d’offres pour les architectes »

Ce futur Centre culturel sera financé à la fois par le gouvernement de la Polynésie française et l’Etat. « Ce qu’on sait déjà, c’est qu’on aura deux pôles; un pôle médiathèque et un pôle spectacles », précise le ministre. Le pôle médiathèque pendra place dans l’ancien hôpital Vaiami, dans le centre ville de Papeete, et le pôle spectacles se situera sur l’actuelle Maison de la Culture. « On a actuellement en Polynésie un cabinet de programmistes qui a été choisi et qui est chargé de recueillir toutes les informations pour écrire le programme du Centre culturel. Ces informations serviront par la suite aux architectes pour définir le programme architectural : surface, besoins de parking, nombre de salles,… Nous avons déjà lancé l’appel d’offres pour les architectes. Nous comptons démarrer les travaux fin 2017 et au plus tard début 2018. Il s’agit juste de savoir qui serait intéressé pour dessiner le Centre ».

Musée du Street Art: « Je regrette qu’aucun artiste local n’ait été invité »

C’est une polémique qui a fait surface en marge du festival Ono’u: un festival durant lequel graffeurs polynésiens et internationaux proposent leurs créations directement dans l’espace public polynésien. Un Musée d’initiative privée a ensuite été créé, en partie financé par la Polynésie française. Or, aucun artiste polynésien ne figure dans le Musée, arguant un manque de place. De jeunes artistes ont alors dénoncé cette absence de talents locaux à travers un message provocant l’émoi de l’opinion. « Comme les artistes polynésiens, je regrette qu’aucun artiste local n’ait été invité. Cela devient un problème. C’est bien d’inviter les artistes étrangers, mais il faut aussi savoir quelle place on laisse à nos jeunes artistes » souligne le ministre. « J’ai d’autres projets avec ces jeunes artistes qui ont demandé à me rencontrer. Et dans le cadre de la mise en place de la carte professionnelle d’artiste, on a des projets à monter ensemble. Ils souhaitent travailler ensemble dans un lieu pour créer une effervescence. Je leur ai trouvé un entrepôt où ils pourront s’installer, j’attends juste les autorisations administratives. Ensuite nous ferons une grande exposition ».

Des artistes polynésiens ont suscité l'émoi en exprimant ce qu'ils pensaient du Musée du Street Art de Polynésie ©FB / Radio 1 Tahiti

Des artistes polynésiens ont suscité l’émoi en exprimant ce qu’ils pensaient du Musée du Street Art de Polynésie ©FB / Radio 1 Tahiti

Le ministre polynésien de la Culture Heremoana Maamaatuaiahutapu a profité de cet entretien pour faire la promotion de quelques événements culturels en cours et à venir en Polynésie française. Jusqu’en mars 2017 par exemple, le Musée de Tahiti et ses îles accueille l’exposition « très très intéressante » Tiki: une suite de l’exposition « Mata Hoata » qui a eu lieu au Musée du Quai Branly à Paris. Le ministre de la Culture restera à Paris jusqu’au samedi 29 octobre et enchaînera d’autres rendez-vous auprès de l’UNESCO.