Polynésie : D’autonomiste à souverainiste, le virage politique de Gaston Flosse

Polynésie : D’autonomiste à souverainiste, le virage politique de Gaston Flosse

©Facebook / Tahoeraa Huiraatira Officiel

L’ancien président de la Polynésie française, Gaston Flosse, 89 ans, ardent défenseur de la présence de la France dans la Collectivité pendant toute sa vie politique, se dit désormais « souverainiste », a-t-il expliqué mardi soir, sur le plateau de la chaîne TNTV. 

Concepteur du statut d’autonomie et premier président d’une Polynésie française autonome en 1984, Gaston Flosse a été pendant quatre décennies le plus farouche adversaire des idées indépendantistes prônées par son adversaire Oscar Temaru. Sous sa présidence, la Polynésie a évolué vers une autonomie toujours plus large, avec des compétences partagées entre l’État et la Collectivité qui dispose de son gouvernement et de son assemblée.

« Mais l’autonomie est arrivée à ses limites », a-t-il déclaré mardi soir sur TNTV. Il souhaite désormais que la Polynésie devienne un « État souverain associé à la France ». En Océanie, le statut qui s’en rapproche le plus est celui des îles Cook, qui ont acquis leur souveraineté tout en conservant un lien étroit avec la Nouvelle-Zélande, qui continue à assurer leur défense.

Gaston Flosse a été maire, député, sénateur, président de la Polynésie française, secrétaire d’État aux « Problèmes du Pacifique sud » (1986-1988) sous le gouvernement de Jacques Chirac, un de ses plus proches amis. Ils avaient fondé ensemble le RPR. Devenu Président de la République, Jacques Chirac a pu compter sur lui pour soutenir la reprise des essais nucléaires et défendre les intérêts français dans le Pacifique en 1995.

Demande d’un référendum

Mais les relations entre Gaston Flosse et la France se sont dégradées sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Les affaires judiciaires se sont accumulées pour l’élu polynésien, devenu inéligible en 2014. Son ancien gendre et dauphin, Édouard Fritch, lui a succédé au pouvoir. Les deux hommes sont devenus adversaires et Édouard Fritch incarne désormais le camp autonomiste.

Aujourd’hui, Gaston Flosse choisit une autre voie et réclame un référendum à la France, tout en distinguant son combat de celui des indépendantistes : « L’indépendance, ça fait 43 ans qu’on en entend parler, ça n’a pas avancé d’un centimètre : nous, nous sommes décidés, nous avons la foi et la volonté d’aboutir, et nous aboutirons », a-t-il déclaré sur la chaîne locale, annonçant pour le 29 août un changement de nom et de ligne politique pour son parti.

« Un animal politique »

D’abord Union Tahitienne puis Tahoera’a Huira’atira, son parti devrait désormais s’appeler « Amuitahira’a no te nuna’a Ma’ohi (Rassemblement ou Union du peuple Ma’ohi) ». Un nom déjà connu en Polynésie et qui a marqué quelques réussites éclatantes lors des municipales. En effet, des listes « Amuitahira’a » rassemblant des candidats du parti de Gaston Flosse ou celui de l’indépendantiste Oscar Temaru, ont été vainqueurs dans des bastions autonomistes tels que Arue ou Paea dans l’agglomération de Papeete. Gaston Flosse appelle par ailleurs à l’ouverture, qui a fait ses preuves lors du scrutin de dimanche.

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« Il a clairement fustigé, même de manière plus violente que nous, le statut d’autonomie dont il est le géniteur », s’est amusé le député indépendantiste Moetai Brotherson. « C’est un animal politique, on ne va pas le changer à son âge : c’est un peu comme les grands requins blancs, s’ils s’arrêtent de nager, ils meurent », a-t-il conclu. Au lendemain des municipales, Gaston Flosse revient sur le devant de la scène politique polynésienne, en se frayant un chemin entre l’indépendantiste Oscar Temaru et l’autonomiste Édouard Fritch.

Avec AFP.