©Cédric Valax / Radio 1 Tahiti
C’est assez rare pour être souligné : en Polynésie française, quatre élus ont annoncé leur retrait de la vie politique polynésienne en l’espace d’une semaine. Ainsi, Jacqui Drollet, Armelle Merceron, Chantal Tahiata et Moehau Teriitahi termineront leur mandat en mai 2018 avant de raccrocher définitivement la vie politique.
C’est à nos confrères de Radio 1 Tahiti que les quatre élus polynésiens ont confié leur prochain départ à la retraite. C’est d’abord Jacqui Drollet, maire de Hitiaa o te ra et fondateur du parti Ia Mana Te Nuna’a (Le pouvoir au peuple), qui s’est lancé le lundi 16 octobre. « Je pense sincèrement qu’au bout d’un certain temps, les élus doivent passer la main et faire monter en puissance des jeunes qui puissent prendre la relève », a-t-il confié. Figure importante lors du « Taui » de 2004 aux côtés de son ami indépendantiste Oscar Temaru, Jacqui Drollet fut plusieurs fois ministre et Vice-président du gouvernement polynésien. Aujourd’hui, il aspire à « une fin de vie tranquille : un peu de fa’a’apu (agriculture), un peu de pêche, toujours intéressé par la politique et curieux scientifiquement » a confié le biologiste marin de formation.
Le lendemain, c’est Armelle Merceron, figure autonomiste, qui a annoncé son départ à la retraite. Professeure d’économie, Armelle Merceron entre dans la politique en 1996, en tant que conseillère technique dans le cabinet de sa sœur, Béatrice Vernaudon alors Ministre de la Solidarité. De 2001 à 2004, Armelle Merceron assure les fonctions de Ministre de la Santé et de la Fonction publique, puis de l’Education. Comme bon nombre d’autonomistes, Armelle Merceron a été formée à l’école politique du Tahoera’a Huira’atira de Gaston Flosse, avant de s’en détacher en 2008. Aujourd’hui, elle reste représentante à l’Assemblée de la Polynésie française au sein du groupe Rassemblement pour une Majorité Autonomiste (RMA), formé par Edouard Fritch, Président de la Polynésie française.
« Derrière mon départ, il y a quand même l’idée qu’il nous faut un renouvellement » a-t-elle confié à Radio 1 Tahiti. « Affaire personnelle » avant tout, Armelle Merceron semble aujourd’hui vouloir profiter d’une vie de famille, entourée d’enfants et de petits-enfants, et pourquoi pas, s’engager dans la vie associative. Dans la foulée d’Armelle Merceron, c’est une autre femme de l’échiquier politique polynésien qui a annoncé son retrait de la vie politique. Elue UPLD (indépendantistes et alliés), Chantal Tahiata, ancienne maire de l’île de Tubuai (archipel des Australes), préfère aujourd’hui se consacrer à sa vie de famille et reprendre du service au sein de la banque Socredo (filiale de la Bred). « J’ai sacrifié les enfants au début de ma carrière politique », confie-t-elle, « aujourd’hui, je souhaite me consacrer à ma fille ».
Enfin, c’est Moehau Teriitahi, élu RMA de l’archipel des Tuamotu, qui a bouclé ce cycle de départs de la vie politique. Ancien proche de Gaston Flosse, Moehau Teriitahi fut, entre autres, ministre du Développement des archipels sous le gouvernement d’Oscar Temaru et de Gaston Tong Sang, puis ministre de l’Aménagement en 2008 et enfin ministre des Transports aériens et maritimes en 2008, rappelle Radio 1 Tahiti. Mais contrairement aux trois politiques précédents, Moehau Teriitahi avait déjà annoncé en mai 2013 qu’il entamait son premier et unique mandat à l’Assemblée territoriale polynésienne. A quelques mois des territoriales de 2018, l’élu tient donc sa parole. « Quand on approche les 70 ans, j’estime qu’on doit céder notre place à la nouvelle génération » assure Moehau Teriitahi, qui ne cache pas avoir également été motivé par des raisons de santé.
Avec cette vague de départs, principalement motivée par un désir de renouvellement et de passage de relais à la jeune génération, les prochaines élections territoriales de mai 2018 verront probablement émerger la nouvelle garde du paysage politique en Polynésie. Encore faut-il que les grands partis polynésiens leur tendent la main. Car en Polynésie, c’est à travers les grands partis que l’on fait carrière en politique.