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Lucette Michaux-Chevry, 89 ans, ancienne ministre de Jacques Chirac, a annoncé jeudi qu’elle se retirait de la vie politique, à la suite d’une nouvelle affaire judiciaire l’impliquant avec son petit-fils, dans une lettre envoyée aux Guadeloupéens et révélée par Guadeloupe la 1ere.
Grande figure de la vie politique de Guadeloupe, Mme Michaux-Chevry a écrit aux Guadeloupéens « se retirer de la présidence de la Communauté d’agglomération du Grand Sud Caraïbes ». Elle avait déjà annoncé qu’elle prendrait sa retraite à la fin de son mandat prévue en 2020. Déjà mise en cause dans plusieurs affaires judiciaires, Mme Michaux-Chevry a expliqué sa décision par le récent placement en garde-à-vue de son petit-fils, Alexandre Penchard, a-t-elle précisé au micro de Guadeloupe la 1ere.
Une démission a « effet immédiat », selon un extrait de la lettre envoyée au préfet et dévoilée par ce média, dès que le préfet aura avalisé l’acte. Alexandre Penchard a été placé en garde à vue puis relâché mi-janvier dans le cadre d’une affaire de détournements de fonds présumés, avec sa mère, Marie-Luce Penchard, maire de la commune de Basse-Terre, et de Mme Michaux-Chevry. « Ce n’est pas un aveu de faiblesse, mais le geste d’une mère, d’une grand-mère, qui ne supporte pas que ses enfants, ses-petits-enfants, soient injustement mis en cause en raison de ses activités politiques », a-t-elle affirmé.
Marie-Luce Penchard, actuellement à Paris pour participer vendredi au grand débat avec les élus ultramarins organisé à l’Elysée, n’a pas souhaité s’exprimer sur la décision de sa mère.
Histoire de la Guadeloupe
Lucette Michaux-Chevry est passée par tous les mandats locaux, et a aussi été élue députée et sénatrice. Elle a été secrétaire d’Etat chargée de la Francophonie (1986-1988) et ministre déléguée chargée de l’Action humanitaire et des droits de l’Homme (1993-1995).
L’annonce du retrait politique de celle qu’on appelle la « Dame de Fer » a suscité une grande vague de réactions, partant de ses plus fervents défenseurs à ses éternels rivaux. Tous reconnaissent aujourd’hui et soulignent le parcours politique exceptionnel de Lucette Michaux-Chevry.
« Ce retrait annoncé tourne une page de l’Histoire de la politique guadeloupéenne, une page de l’Histoire de la Guadeloupe. Visionnaire et bâtisseur, elle a réalisé plusieurs grands projets sous ses différentes mandatures. Elle a également contribué à la féminisation de la classe politique guadeloupéenne. Figure charismatique, elle marque de son empreinte l’identité politique de notre Guadeloupe», a déclaré le président de la Région Guadeloupe Ary Chalus.
Josette Borel-Lincertin, Présidente du Conseil départemental a salué « une femme hors du commun », « une figure majeure de notre histoire politique »
Lucette Michaux -Chevry vient de tirer sa révérence politique et a adressé une lettre émouvante au peuple guadeloupéen. On peut reprocher tout à Lucette ou lui tresser des couronnes de lauriers, elle est et restera une grande Dame de la #Guadeloupe . Je dis Respect.
— Victorin LUREL (@VictorinLurel) 31 janvier 2019
Lucette Michaux-Chevry fait le choix de se retirer de la vie politique après avoir été de tous les combats pendant près de 60 ans.
Femme. Guadeloupéenne. Inlassable combattante. Sur les pas de Gerty Archimède, elle aura permis d’ouvrir la voie… #Respect https://t.co/2jgk0Eoz7Q— Victoire Jasmin (@SenatriceJasmin) 31 janvier 2019
Nouveau rendez-vous judiciaire en juin
Mme Michaux-Chevry doit se rendre devant le tribunal correctionnel de Basse-Terre en juin prochain, pour des délits environnementaux liés à la pollution de l’eau et de favoritisme en matière de transports publics. Elle encourt dans cette nouvelle affaire une peine d’emprisonnement et d’inéligibilité.
L’élue a déjà mise en examen en juin 2017, notamment pour « escroquerie en bande organisée, association de malfaiteurs, faux, usage, recel d’abus de biens sociaux, prise illégale d’intérêt » dans une enquête sur des détournement présumés de fonds publics.
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