Le Premier ministre australien Scott Morrison au centre, avec le ministre de la Défense Christopher Pyne et la ministre des Armées Florence Parly ©Australia Department of Defence
Canberra et Paris ont formellement signé lundi leur « partenariat stratégique » impliquant un colossal contrat de 50 milliards de dollars (31 milliards d’euros) pour la construction de 12 sous-marins destinés à la marine australienne, censé refléter les ambitions de l’Australie dans le Pacifique.
Le Premier ministre australien Scott Morrison a salué un « plan très ambitieux » lors d’une cérémonie à Canberra en présence de la ministre française des Armées, Florence Parly. Il a rappelé qu’il s’agissait là du « plus important investissement consenti en matière de défense en temps de paix par l’Australie ». Naval Group (ex-DCNS) avait été choisi en 2016 pour la livraison de ces 12 sous-marins nouvelle génération, remportant au terme d’années de négociations ce « contrat du siècle » qui est la pierre angulaire de ce partenariat franco-australien.
Le groupe naval est chargé de la conception et de la construction des douze navires et du chantier naval. Celle du premier bateau débutera avec la prochaine décennie, pour une première livraison en 2030. Le contrat va créer environ 2 800 emplois en Australie, selon le Premier ministre de l’État d’Australie-Méridionale Steven Marshall, et occuper 500 personnes en France. Certains critiques déplorent le fait qu’il ait tardé à être conclu car les eaux au nord et à l’est de l’Australie sont déjà le théâtre d’une âpre bataille d’influence entre les États-Unis, la Chine et les puissances régionales.
« Beaucoup de confiance »
Pékin a des prétentions territoriales sur l’essentiel de la mer de Chine méridionale, une zone de navigation vitale pour le commerce mondial. Et la marine chinoise entend projeter l’influence du pays bien au-delà de ces eaux, et notamment dans le Pacifique Sud et Ouest, où l’Australie fut longtemps l’acteur dominant. Les îles du Pacifique sont petites et moins vitales pour le fret maritime que la mer de Chine méridionale, mais leurs zones économiques exclusives (ZEE) constituent une vaste proportion des ressources maritimes mondiales. Les spécialistes australiens des questions militaires espèrent que ces sous-marins permettront à l’Australie d’opposer une force de dissuasion crédible en cas d’action hostile.
« Il faut beaucoup de confiance de la part de l’Australie pour parier sur la France, et beaucoup de confiance de la part de la France pour partager avec l’Australie des compétences qui sont tellement au cœur de notre souveraineté, de notre autonomie stratégique et qui résultent d’investissements immenses pendant des décennies », a déclaré Florence Parly lors de la cérémonie devant le ministère australien de la Défense à Canberra. Les futurs sous-marins australiens, de classe Barracuda de la Marine nationale, remplaceront les actuels Collins d’ancienne génération. Ils seront construits à Adélaïde (sud). Florence Parly a aussi salué la conclusion du partenariat à long terme, balayant les critiques relatives à la longueur des négociations. « Derrière ces masses d’acier sombre, derrière ces bêtes sans yeux », a-t-elle dit, il y a une amitié, une communauté d’intérêts, une vision et un attachement commun au multilatéralisme.
Première livraison début 2030
Le PDG de Naval Group Hervé Guillou a affirmé que l’Australie avait choisi le sous-marin français pour son endurance, sa portée et sa supériorité acoustique. « Nous avons aujourd’hui une offre aux Pays-Bas », a-t-il dit, en espérant que le succès australien soit un tremplin. « Cela nous donne aussi de la crédibilité pour d’autres offres pour de plus petits sous-marins comme en Inde, en Pologne, au Brésil et ainsi de suite ». Hervé Guillou a confirmé que le premier sous-marin devrait entrer en service au début des années 2030, et le dernier au début des années 2040, pour un dé-commissionnement probable au début des années 2080.
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Il a aussi indiqué que la création d’une coentreprise annoncée en octobre avec l’Italien Fincantieri devrait permettre aux deux groupes de se renforcer face à la concurrence. « Si nous regardons les évolutions du marché, nous avons besoin que les acteurs européens s’unissent face aux nouveaux géants du marché, comme CSCC en Chine, OSK en Russie », a-t-il expliqué. « Nous devons prendre l’initiative pour nous renforcer avant les autres ».
Avec AFP.