Nouvelle route du Littoral : Face à la grogne des transporteurs, la Région renvoie la balle aux constructeurs

Nouvelle route du Littoral : Face à la grogne des transporteurs, la Région renvoie la balle aux constructeurs

Alors que les transporteurs sont mobilisés devant l’Hôtel de Région pour manifester leur mécontentement suite à l’arrêt du chantier de la Nouvelle route du Littoral (NRL), la Région a fait un point presse pour s’expliquer et renvoyer la balle aux constructeurs. 

« Nous souhaitons rappeler que dans cette affaire, le groupement a une attitude inadmissible, puisque leurs prétentions sont tout à fait exemptantes », s’est défendu Dominique Fournel, vice-président de la Région Réunion délégué au projet NRL. Par « groupement », le vice-président pointe du doigt les constructeurs (GTOI SBTPC VINCI) chargés de poursuivre les 2,7 km restants du chantier, entre la Grande Chaloupe et l’entrée de la Possession.

« C’est une question de légalité. Le groupement demande 150 à 200 millions d’euros supplémentaires pour exécuter ce marché. Mais juridiquement nous ne pouvons pas aller au-delà de 15% du budget initial, soit 50 millions d’euros qui sont déjà sur la table. Mais le groupement estime que cela n’est pas suffisant », a poursuivi Dominique Fournel.

Dans un communiqué, la Région rappelle également que les transporteurs, qui dénoncent le non-respect d’un accord de janvier prévoyant la livraison de 200 000 tonnes d’andains pour mener le chantier à termes, sont à la charge du « Groupement ». « La Région regrette l’instrumentalisation des transporteurs qui n’est sans doute pas étrangère au positionnement du Groupement », déclare la Région. « Mais le président de région a toujours voulu aider et écouter les transporteurs, comme il l’a montré à chaque fois qu’il les a reçus », a toutefois assuré Dominique Fourel.

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« Leurs camions ne sont pas restés à l’arrêt comme ils semblent vouloir le dire. Depuis 2014 ils ont transporté plus de 11 millions de tonnes de matériaux, pour un montant d’environ 100 millions d’euros. Mais à l’heure actuelle on ne peut pas leur commander de roches puisque nous n’en avons pas le pouvoir. Voilà ce qu’on dit aux transporteurs », poursuit Dominique Fourel.

Selon le vice-président en charge de la NRL, une réunion pour remplacer celle du 10 juillet, annulée, aura lieu la semaine prochaine avec l’ensemble des partenaires du chantier, Région, État et Groupement, afin de trouver « une entente (…) pour finaliser le chantier, dans le cadre des dispositions légales. Il est hors de question que la région s’engage dans la signature d’un avenant de surcoût de travaux tel qu’aujourd’hui le souhaite le groupement. Les choses sont claires. Ou bien on arrive avec le groupement à trouver une solution, ou bien on n’y arrive pas, mais dans ce cas le souhait de terminer la route sera toujours là, et à ce moment-là, nous devrons prendre d’autres dispositions pour l’achever ».

Dominique Fourel assure également que la première partie de la NRL sera livrée en 2021et si une solution sur l’ensemble de la route est trouvée, celle-ci pourrait être livrée en 2024. En attendant, le vice-président a souhaité rencontrer les transporteurs mobilisés, en vain. Ces derniers souhaitant rencontrer le président Didier Robert.

Le communiqué de la Région : 

La Région Réunion a engagé le Chantier de la Nouvelle Route du Littoral, essentiel pour la sécurité des Réunionnais. Elle entend le mener à son terme dans un calendrier le plus resserré possible, sur la base d’un juste prix et dans un cadre légal. Depuis janvier 2020, la Région est en discussion avec le Groupement sur la base d’un relevé de décisions visant à poursuivre les travaux du MT5-2 (Digue Grande Chaloupe / La Possession de 2,7 km).

A ce stade, les échanges sur les questions juridiques et financières n’ont pas encore abouti. Une réunion est prévue dans le courant de la semaine prochaine entre l’État, le Groupement et la Région.  Cette réunion doit arrêter les conditions définitives de poursuite de ce dernier tronçon de digue. En effet à ce jour, les demandes formulées par le Groupement sont inacceptables juridiquement, car non conformes au Code de la Commande publique. Il est inconcevable pour la Région Réunion de s’engager dans une voie illégale.

Pour un marché de 298 millions d’euros, signé en 2014 pour l’exécution de cette digue, le Groupement fait désormais valoir une demande comprise entre +150 et +300 millions d’euros, soit une augmentation de 50 à 100 %. Aucun protocole ne sera signé par la Région Réunion sur des bases illégales. Le montant du marché ne peut en effet être augmenté de plus de 15%.

Pour rappel, la responsabilité de l’acheminement des matériaux est à la charge du Groupement qui seul est en relations contractuelles avec des transporteurs. La Région regrette l’instrumentalisation des transporteurs qui n’est sans doute pas étrangère au positionnement du Groupement.

Dans un souci de maintenir le dialogue, la Région reste ouverte à la discussion autant avec le Groupement, qu’avec les transporteurs. Plus que jamais, la Région Réunion affiche sa détermination à terminer ce chantier essentiel à l’activité, à la sécurité des usagers et au développement du territoire.

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