Calédonie ensemble, parti de centre droit qui a subi une cuisante défaite aux élections provinciales du 12 mai en Nouvelle-Calédonie, traverse une crise sans précèdent après la défection de deux figures montantes, alors que se joue, ce vendredi, l’élection du président du Congrès calédonien, première institution de l’archipel.
A la tête de la province Sud, la plus importante, et du gouvernement collégial lors de la précédente mandature, Calédonie ensemble (CE) s’est effondrée à l’occasion des élections provinciales, qui ont ouvert le dernier mandat de l’accord de Nouméa. Le parti, jusqu’alors rangé avec discipline derrière le député Philippe Gomes (UDI), est passé de 15 à 7 élus au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, de 16 à 9 élus dans la province Sud et de trois à zéro dans le Nord. Avocat d’une ligne « plus ferme » avec les indépendantistes, son rival L’Avenir en confiance (union de partis loyalistes proches LR), a remporté une nette victoire et récupéré le leadership du camp non indépendantiste.
Au sein de CE, l’échec a cristallisé les tensions. Dans une « lettre aux militants, sympathisants et élus de CE », Nicolas Metzdorf, 31 ans, ancien membre du gouvernement en charge de l’agriculture et du porte-parolat, et Nina Julié, 39 ans élue en pointe sur les questions environnementales, ont indiqué « reprendre (leur) liberté » et « siéger désormais en non-inscrits », à la province Sud et au Congrès. Ils expliquent ce départ « après une manœuvre politicienne » des leaders de CE, qui aurait consisté à conclure une alliance vendredi dernier lors de l’élection du président de la province sud avec les indépendantistes du FLNKS et un parti communautaire, l’Eveil Océanien, pour faire barrage à l’Avenir en confiance, qui a raflé 20 sièges sur 40.
L’incertaine élection du président du Congrès
Les deux élus, présents dans les institutions depuis 2014, écrivent s’être « opposés avec force » à cette « décision (qui) ne correspondait pas aux résultats des élections » et « était contraire aux engagements pris durant la campagne ». Pour garder leur différend sous le boisseau, les élus CE avaient finalement voté blanc. La direction collégiale de Calédonie Ensemble a « pris acte de cette trahison » de Nicolas Metzdorf et Nina Julié, affirmant qu’elle était « guidée par des ambitions personnelles » et « qu’une pitance leur serait bientôt servie » par l’Avenir en Confiance. Ces deux défections ont fait perdre deux sièges à Calédonie ensemble à la province Sud et un siège au Congrès.
Ces éclats interviennent alors que d’âpres négociations sont en cours pour trouver des majorités à l’échelle territoriale. Au Congrès, les indépendantistes disposent de 26 élus, les non indépendantistes, divisés, en ont 25 et l’Eveil Océanien, proche des loyalistes, a trois sièges. Mais selon des déclarations de Philippe Michel, élu et secrétaire général de CE, un accord aurait été trouvé pour qu’il obtienne vendredi la présidence du Congrès. Dans cette hypothèse, il obtiendrait alors le soutien de l’Avenir en Confiance (18 sièges), de l’Éveil océanien, de son parti (6) et de Nicolas Metzdorf, désormais non inscrit. Mais si les non indépendantistes n’arrivent pas à s’entendre sur un candidat au bout du 2ème tour, le candidat indépendantiste pourrait alors remporter l’élection à la majorité relative au 3ème et dernier tour.
Un gouvernement collégial sera élu dans les semaines suivantes et clôturera l’épisode politique des élections provinciales 2019. Cette redistribution des cartes survient à l’aube du dernier mandat de l’accord de Nouméa (1998), au cours duquel deux référendum sur l’indépendance pourront être organisés en 2020 et 2022 après celui du 4 novembre 2018, gagné par les non indépendantistes (56,7%).
Avec AFP.