Nouvelle-Calédonie : Les présidents des trois provinces élus

Nouvelle-Calédonie : Les présidents des trois provinces élus

Paul Néaoutyine, Sonia Backès et Jacques Lalié, ont été élus présidents de province en Nouvelle-Calédonie ce vendredi 17 mai ©AFP / Outremers360 / Congrès.nc

Les présidents des trois provinces de Nouvelle-Calédonie ont été élus vendredi, dans la foulée des élections provinciales de dimanche, alors que des négociations sont en cours pour trouver une majorité à l’échelle du Congrès. 

Six mois après le référendum sur l’indépendance remporté par les non indépendantistes (56,7%), ces scrutins marquent l’ouverture du dernier mandat de l’accord de Nouméa, au cours duquel deux autres référendums peuvent être organisés en 2020 et 2022. Dans la province sud, la plus riche où se trouve la capitale Nouméa et la grande majorité de la population calédonienne, Sonia Backès, chef de file de l’Avenir en confiance (alliance des partis de droite proche LR), succède à Philippe Michel de Calédonie ensemble (centre droit). A 43 ans, cette ingénieure en informatique a été élue au deuxième tour avec 23 voix sur 40, bénéficiant en plus de ses 20 élus du renfort de trois élus de l’Éveil Océanien, parti communautaire wallisien et futunien.

Amertume dans le Sud

Sonia Backès et l’Avenir en Confiance avaient emporté le scrutin dimanche, sa liste obtenant plus de 40% des voix alors que son rival à droite, Calédonie ensemble (CE), s’est effondré. Engagée en politique depuis une dizaine d’années, elle était dans la précédente mandature chef du groupe Les Républicains calédoniens au Congrès. CE n’a pas présenté de candidat à la présidence du Sud et les indépendantistes du FLNKS ont proposé Roch Wamytan, qui a obtenu les 7 voix de son groupe. Les trois postes de vice-présidents sont également revenus à l’Avenir en confiance, suscitant l’amertume des membres de l’Éveil océanien et de CE.

« On aurait pu avoir des vice-présidences qui regrouperaient l’ensemble des partis représentés à la province Sud », a dit le chef de file de l’Éveil océanien. Le candidat indépendantiste Roch Wamytan a également regretté un manque de représentation dans l’exécutif de la province Sud. « Je serai la présidente de tous ceux qui vivent en province Sud, de tous ceux qui sont venus d’ailleurs, de la Métropole, de Wallis et Futuna », a-t-elle déclaré. « Les Calédoniens veulent que les choses changent. Ils attendent un comportement différent. Moins d’idéologie, plus de bons sens. Plus d’humanité, de patience, de tolérance, de proximité. Notre but est que les Calédoniens retrouvent confiance dans l’avenir », a-t-elle poursuivi, mettant en avant « la relance économique » ou encore, « la sécurité » en priorités.

Unanimité au Nord et dans les Îles 

Dans la province nord, l’indépendantiste Paul Néaoutyine, en poste depuis 1999, entame un cinquième mandat à la tête de cette collectivité où dominent l’industrie minière et l’agriculture. Signataire de l’Accord de Nouméa (1998), cet ancien compagnon de route de Jean-Marie Tjibaou, leader kanak historique assassiné en 1989, a été élu à l’unanimité avec 22 voix. Il a rassemblé les 10 élus de son groupe UNI-FLNKS, les 9 élus de l’UC-FLNKS mais également les trois élus de droite, proches de l’Avenir en confiance. Saluant un vote unanime, Paul Néaoutyine entend « proposer aux différents groupes des orientations de politiques publiques (…) de manière cohérente avec ce qui a déjà été proposé ».

Enfin, dans la province des îles Loyauté, où la population est presque exclusivement kanak, Jacques Lallié (UC-FLNKS) a été élu avec 12 voix sur 14. Dans cette assemblée où ne siègent que des partis indépendantistes, les vice-présidences ont été partagées avec le Palika et Dynamique autochtone. La semaine prochaine, le président du Congrès, composé de 54 des 76 élus provinciaux, doit à son tour être désigné puis d’ici le 15 juin, un gouvernement collégial sera élu par le Congrès. Des tractations sont en cours pour trouver des majorités car le Congrès compte 25 non indépendantistes (18 pour l’Avenir en Confiance et 7 pour Calédonie ensemble), 3 élus de l’Éveil océanien plutôt proches des loyalistes, et 26 indépendantistes.

Pour le Congrès et le gouvernement, les tractations se poursuivent

Jeudi, les discussions entre les frères ennemis de la droite, Avenir en confiance et CE, ont tourné au vinaigre. Les négociations ont en effet achoppé sur le partage des institutions. Grand vainqueur du scrutin des Provinciales, l’Avenir en Confiance a proposé la présidence du Congrès à Calédonie Ensemble afin de garder la présidence de la province Sud et celle du gouvernement. Dénonçant un « comportement hégémonique », Calédonie Ensemble « se considère libre de tout engagement à l’égard de l’avenir en confiance, au sein de la province Sud comme au sein du congrès et du gouvernement ».

« L’équation a toujours été la même : le mouvement qui arrive en tête décide de l’institution qu’il souhaite présider entre la province et le gouvernement, la formation qui est en second assume la responsabilité de l’autre institution et enfin, la formation arrivée en 3è position, préside le congrès », a rappelé Calédonie Ensemble. « Et en ce qui concerne la province Sud, la formation qui en assumait la présidence a systématiquement associé les autres sensibilités au travers des vice-présidences ».

En position charnière entre indépendantistes et pro-français, l’Éveil océanien a déclaré vouloir être « un faiseur de démocratie, plus qu’un faiseur de roi », sans autre précision. Face aux divisions non indépendantistes, les formations indépendantistes paraissent une nouvelle fois unies. Lors de la dernière élection et composition du gouvernement calédonien, ce sont les membres indépendantistes qui avait débloqué l’élection du président, les membres loyalistes n’ayant pas réussi à s’entendre.

Avec AFP.